Remaniement ministériel : Mona Fortier dehors, Randy Boissonnault aux Langues officielles

Le premier ministre Justin Trudeau a confié les Langues officielles à Randy Boissonnault et écarté Mona Fortier du gouvernement. Montage ONFR+

OTTAWA – Conséquence d’un remaniement ministériel dans le gouvernement Trudeau, la députée d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, perd l’un des postes les plus clivants du cabinet. Le Franco-Albertain Randy Boissonnault hérite des Langues officielles alors que l’Acadienne Ginette Petitpas Taylor devient ministre des Anciens Combattants et ministre associée de la Défense nationale.

C’est le plus gros remaniement ministériel sous le gouvernement Trudeau. Pas moins de sept ministres ont été relevés de leurs fonctions. Pour plusieurs politologues, le premier ministre Justin Trudeau fait le ménage en vue des prochaines élections. Le but : placer des porte-paroles qui séduiront les électeurs.

Le premier ministre s’est montré clair : la performance est de rigueur. C’est d’ailleurs le dernier remaniement avant les élections et c’est l’équipe « qui ira à la guerre », indique l’analyste politique Michel C. Auger en entrevue avec ONFR+.

Pour gagner cette élection, le premier ministre a invité de nouveaux ministres à la table et retiré ceux qui n’ont pas été à la hauteur.

Anita Anand devient présidente du Conseil du Trésor et sonne le départ de Mona Fortier. Marie-Claude Bibeau devient ministre du Revenu national, Bill Blair celui de la Défense nationale. Au total, 23 ministres ont échangé de ministère.

Randy Boissonnault devient ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, ce qui permet à Ginette Petitpas Taylor de prendre le ministère des Anciens Combattants. Elle sera aussi la ministre associée à la Défense nationale.

Pour Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire royal, ce n’est pas étonnant que le premier ministre ait choisi Randy Boissonnault pour les Langues officielles. « C’est un francophone hors Québec qui a une affinité avec le dossier des langues officielles. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est le jumelage entre les Langues officielles et l’Emploi et le Développement de la main-d’œuvre. »

Elle y voit là une synergie possible entre deux dossiers importants, dans le contexte où il y a une pénurie de main-d’œuvre francophone et bilingue.

Randy Boissonnault est le nouveau ministre des Langues officielles. Source : Gouvernement du Canada


Pour l’instant, M. Boissonnault devra surtout s’assurer de la mise en œuvre effective de C-13. Même si dans les faits, Ginette Petitpas Taylor avait mené à bien l’adoption du projet de loi. « Boissonnault arrive à un moment où ce dossier est un peu plus léger », estime la politologue.

Un très gros remaniement

Ce sont donc 23 ministres qui ont changé de portefeuille dans ce remaniement. Avec le départ de Mona Fortier, « nous n’aurions eu personne pour représenter la région de la Capitale fédérale au Conseil des ministres », évalue Mme Chouinard, donc le choix s’est porté sur Jenna Sudds qui entre au Conseil et devient la ministre des Familles, des Enfants et du Développement social.

Là encore, pour la politologue, c’est un choix intéressant puisque Jenna Sudds représente la circonscription de Kanata-Carleton, « une circonscription beaucoup moins sécuritaire pour les libéraux et considérée comme une circonscription pivot ».

À noter ensuite que Marc Miller devient ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, tandis que Sean Fraser obtient le portefeuille du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités. M. Fraser aura du pain sur la planche. Son expertise en immigration aura peut-être offert de nouvelles perspectives au ministre pour gérer le logement.

Pablo Rodriguez, qui a fait passer le projet de loi C-18 contraignant les géants du web à indemniser les médias traditionnels en échange de la diffusion de leurs contenus en ligne, est le nouveau ministre des Transports et continue comme lieutenant du Québec.

En devenant ministre des Transports, Pablo Rodriguez (au centre), laisse le ministère du Patrimoine canadien à Pascale St-Onge, anciennement ministre des Sports. Crédit image : Lila Mouch

Proche de Justin Trudeau, Dominic LeBlanc était pressenti pour recevoir un ministère important. Son poste évolue et il prend en charge le ministère de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales.

Parmi les ténors du gouvernement, Ahmed Hussen devient ministre du Développement international et Mark Holland, ministre de la Santé. Jean-Yves Duclos, pour sa part, quitte la Santé pour se saisir des Services publics et de l’Approvisionnement. Karina Gould, de son côté, devient leader du gouvernement à la Chambre des communes et perd son ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social.

Dans ce remaniement, il y a des promotions, mais aussi des rétrogradations. Pour Mme Chouinard, « il y a peut-être des punitions, par exemple Anita Anand qui était à la Défense nationale se retrouve au Conseil du trésor, un poste important, mais moins visible », juge-t-elle.

Le premier ministre a présenté sa nouvelle équipe ce mercredi matin à Rideau Hall. Crédit image : Lila Mouch

La stratégie Trudeau

Les sondages montrent que les libéraux sont derrières les conservateurs, en vue des prochaines échéances électorales. La stratégie était donc de mettre en place des députés et des ministres ayant particulièrement les atouts pour plaire aux futurs électeurs, selon l’analyste Michel C. Auger.

La grande question, pour les experts, c’est de se demander si ce jeu de chaises musicales va faire une différence sur la performance du gouvernement et sur la façon dont il s’adresse aux Canadiens.

La question de l’économie est au cœur de ce remaniement. Pourtant, parmi les 19 hommes et 19 femmes nommés, Chrystia Freeland est restée ministre des Finances.

« Jusqu’à maintenant, sur les questions économiques, c’est toujours elle (Mme Freeland) devant le micro. Est-ce qu’ils vont ouvrir l’espace de l’arène médiatique aux autres? », se demande Mme Chouinard.

Les seuls ministres qui conservent leur portefeuille, en plus de Chrystia Freeland, sont François-Philippe Champagne, Steven Guilbeault, Mélanie Joly, Patty Hadju, Marci Ien, Filomena Tassi et Dan Vandal.

Mona Fortier, Marco Mendecino, David Lametti, Omar Alghabra, Carolyn Bennett, Helena Jaczek et Joyce Murray ne feront pas partie du prochain Cabinet.

Sept ministres ne feront plus partie du gouvernement. Montage ONFR+

Les nouveaux ministres faisant leur entrée :
– Arif Virani, ministre de la Justice et procureur général du Canada.
– Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones.
– Terry Beech, ministre des Services aux Citoyens.
– Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.
– Ya’ara Saks, ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé.
– Jenna Sudds, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social.
– Rechie Valdez, ministre de la Petite Entreprise.

Cet article a été modifié le 26 juillet 2023 à 18h03.