Retour sur le Festival franco-ontarien, entre renouveau et valeurs sûres
L’artiste originaire de Lafontaine, Damien Robitaille, a conclu le 49e Festival franco-ontarien samedi soir. Photo: Rachel Crustin / TFO
OTTAWA – Après une soirée écourtée pour des raisons météorologiques, le 49e Festival franco-ontarien (FFO) a pu se dérouler sous le soleil vendredi et samedi, se concluant avec une performance sans faille de l’un des enfants chouchous de l’Ontario français, Damien Robitaille.
Celui qui vit au Québec depuis de nombreuses années a renoué avec ses racines, soulignant qu’il n’avait pas donné de spectacles réguliers depuis un bon moment. Son dernier passage à Ottawa datait de décembre, pour Bientôt, ce sera Noël.
« On est plus limité, quand on fait un spectacle de Noël. Il y a juste deux ou trois mois où l’on peut tourner. J’ai fait ce spectacle trois ans de suite. Mais là, je suis content de refaire des spectacles d’été. Ça me permet de voyager un peu plus, d’être un peu plus malléable, pas juste conduire dans la neige et de chanter des chansons de Noël, » a-t-il exprimé en entrevue avec ONFR, avant de monter sur scène.
« Ce soir, c’est notre première de ce spectacle estival. J’ai tenté de monter quelque chose de festif, avec les chansons les plus entraînantes de mon répertoire », souligne celui qui est présentement en studio pour un nouvel album, qui devrait paraître au début 2025.
Le public a donc pu entendre des classiques de Damien Robitaille, dont Homme autonome, Mot de passe, Mambo métissé et même Porc-épic, qui date de son premier album, en 2006.
L’artiste originaire de Lafontaine a également fait un clin d’œil aux vidéos virales qui l’ont fait connaître à travers le monde durant la pandémie, demandant au public enthousiaste la permission de pousser la note en anglais et traduisant à la rigolade quelques paroles au passage. Par exemple, la fameuse Pump up the Jam est devenue Pompe la confiture pour quelques secondes.
Mais le moment qui a particulièrement touché le cœur du public a été l’interprétation surprise de l’hymne franco-ontarien, Notre place. L’une des activités du FFO étant le maquillage vert et blanc gratuit par Kromatik, et plusieurs éléments aux couleurs de l’Ontario francophone étant vendus à l’entrée par l’ACFO Ottawa et l’entreprise EnTK, la foule était prête à brandir les drapeaux et à célébrer son identité à pleins poumons.
Des valeurs sûres
Ceux qui précédaient Damien Robitaille sur la scène principale du FFO n’ont plus besoin de présentation. Le groupe Kaïn fêtera bientôt son 25e anniversaire. En entrevue avec ONFR, le chanteur Steve Veilleux a affirmé que ses comparses et lui préparaient « un gros projet qui verra le jour à la fin 2025. On ne peut pas vraiment en dire plus, mais c’est plus qu’un album. C’est un projet global qui viendra résumer les 25 ans. »
Le dernier passage de Kaïn au FFO datait de 2015, une année que le guitariste John Anthony Gagnon Robinette se remémore avec bonheur. « La première fois que j’ai fait la première partie de Kaïn, c’était ici, avec Gabrielle Goulet », indique celui qui a intégré la formation drummondvilloise deux ans plus tard.
La première partie de la soirée du vendredi était assurée par un autre Franco-Ontarien bien connu, Mehdi Cayenne. L’auteur-compositeur-interprète né en Algérie est d’abord entré sur scène sobrement, entonnant a cappella une chanson pour dénoncer la situation humanitaire dans la bande de Gaza. L’exercice fût répété en milieu de spectacle, le reste de la performance offrant au public les chansons festives auxquelles il s’attend de l’interprète de Croque-pomme et d’Animal chic.
La veille, la soirée hip-hop a fait la belle place à l’Ottavien LeFLOFRANCO, suivi de la rappeuse Sarahmée, qui a testé du nouveau matériel en plus d’offrir plusieurs grands succès et son plus récent extrait, Way Too Long. La foule était particulièrement dense lors du troisième tiers de la soirée, mettant en vedette Fouki.
Dame nature, un ombre au tableau
La première soirée du FFO a été assombrie par des orages qui ont forcé l’évacuation du site autour de 20 h 15, jeudi soir. Le spectacle, orchestré par le collectif Moonshine, a dû être interrompu pendant la performance de Paul Beaubrun. La tête d’affiche de la soirée, Pierre Kwenders, n’a pas pu monter sur scène.
Pour consoler les festivaliers, l’organisation a transformé les billets journaliers du jeudi en passeports pour l’entièreté du festival.
« On ne veut pas que ça arrive. En même temps, on ne peut pas contrôler ça, » a indiqué à ONFR le directeur général de Groupe Simoncic, José Bertrand. Il souhaite remettre à l’horaire ce genre de soirée dans le futur, tout en gardant en tête que l’édition de l’an prochain devra aussi saluer le premier demi-siècle de l’existence du festival.
« Dans un 50e, il y a la francophonie d’hier à aujourd’hui. Comment peut-on toucher à toutes ses facettes, sans tomber dans la thématisation, comme on l’a fait cette année? » Voilà la piste de réflexion sur laquelle le groupe Simoncic s’appuiera pour créer une édition 2025 mémorable.
Une programmation renouvelée
La programmation de 2024 avait été élaborée suite à une étude commandée par groupe Simoncic l’an dernier, afin de cerner les envies et besoins des festivaliers. « La 49e édition, c’était de mettre la barre à la hauteur que l’on voulait pour les 50 prochaines années, » indique José Bertrand
Les missions : mieux représenter la diversité des francophonies canadiennes, rejoindre les jeunes et ramener les artistes franco-ontariens sous les projecteurs. José Bertrand indique aussi avoir porté attention au nombre de femmes présentes sur scène, même si les têtes d’affiche étaient surtout masculines (excluant Sarahmée). La scène du café communal, présentée par l’APCM et Ottawa Mic, présentait pour sa part quatre femmes sur six artistes présents durant la fin de semaine.