
Réunion sous haute tension à Fauquier-Strickland : une visite de la province est prévue cette semaine

FAUQUIER-STRICKLAND – Confrontée à une crise financière majeure, la petite municipalité de Fauquier-Strickland a tenu vendredi une réunion extraordinaire afin de rassurer ses citoyens et de rétablir certains faits. La mairesse affirme que la ville n’est pas en faillite et souligne qu’une équipe provinciale est attendue la semaine prochaine pour évaluer la situation.
La réunion qui s’est tenue lundi soir au centre communautaire a réuni plus d’une quarantaine de personnes sur place et plus de 70 personnes en ligne, du jamais-vu selon la Ville.
La mairesse Madeleine Tremblay a ouvert la réunion en insistant sur l’importance d’éclaircir les malentendus circulant dans les médias : « Ce n’est pas vrai que nous sommes en faillite et la municipalité n’est pas en train de se dissoudre. Ce genre de fausses nouvelles crée de la panique inutile. »
Le conseil a confirmé avoir reçu une lettre datée du 10 juillet du ministère des Affaires municipales et du Logement annonçant qu’une délégation ministérielle sera présente au bureau municipal la semaine du 14 juillet, avec une visite officielle prévue ce mercredi.
Ces experts auront pour mission d’évaluer sur place la situation, de vérifier les documents transmis et de travailler avec les élus à l’élaboration d’un plan d’action.
« Nous avons deux semaines pour montrer que nous sommes prêts à coopérer et à mettre en place les recommandations qui sortiront de cette visite », affirme la mairesse.
Des tensions dans la salle
L’ambiance au conseil était marquée par des interruptions fréquentes, des confusions procédurales sur les motions à adopter et une difficulté manifeste à maintenir l’ordre.
D’entrée de jeu, la mairesse s’est montrée réticente à permettre une période de questions du public, craignant de ne pouvoir offrir de réponses satisfaisantes. « Ce n’est pas le bon moment pour ça », a-t-elle lancé, évoquant le besoin de préparer des réponses claires avant d’ouvrir le dialogue.
Cette position a été mal accueillie par plusieurs membres du conseil, qui ont plaidé pour une plus grande ouverture, malgré l’incertitude. Après quelques échanges tendus, la majorité a tranché en faveur d’un espace réservé aux questions citoyennes en fin de séance.
En outre, le conseiller Pierre Lamontagne a tenu à souligner à plusieurs reprises qu’une politique de la municipalité contraint les membres du conseil à ne pas pouvoir prendre parole publiquement.

Dans la salle, la tension était toute aussi palpable alors que plusieurs rappels à l’ordre ont été effectué durant la séance. « Ce n’est pas le temps de crier. Ce n’est pas productif. Je demande à tout le monde de garder leur calme, nous sommes ici pour travailler ensemble », a lancé Mme Tremblay au public.
Un moment particulièrement tendu est survenu lorsque des citoyens ont confronté les élus sur l’historique de leur collaboration avec le ministère.
Le gouvernement avait pourtant mené une évaluation des pratiques financières en 2022 et formulé des recommandations en février 2024.
« Avez-vous suivi ces recommandations? », a demandé un résident. « Pas toutes », a répondu honnêtement la mairesse.
« Nous avions des pistes claires pour redresser la situation, mais plusieurs mesures n’ont pas été mises en œuvre, ce qui nous place aujourd’hui dans une position plus précaire », a regretté le conseiller municipal Pierre Lamontagne.
Ordures et assurances
Parmi les autres sujets de discorde, la fermeture temporaire du site d’enfouissement local.
« On ne peut pas ouvrir le site sans employé sur place. Sinon, on expose la municipalité à des responsabilités légales et environnementales », a expliqué la directrice des services municipaux, Shannon Pawlikowski.
Advenant une fermeture, les citoyens devront se rendre dans les municipalités voisines de Kapuskasing et Smooth Rock Falls pour éliminer leurs déchets.
Une autre inquiétude majeure exprimée par plusieurs habitants concerne leurs assurances habitation et automobile.
« J’ai reçu un appel de mon assureur, ils veulent augmenter mes primes ou même annuler mon contrat parce que la municipalité est en crise. C’est inacceptable! », a témoigné un père de famille.
Un autre participant a ajouté : « Comment on fait pour vivre dans un endroit où on n’est plus assuré? On est abandonnés, c’est ça le message? »
Un habitant est même allé jusqu’à réclamer de nouvelles élections pour le poste de maire, applaudi par plusieurs dans la salle, sans réaction de la mairesse.
Prudence envers les municipalités voisines
Une source de tension majeure a aussi porté sur la démarche de sollicitation d’aide auprès des municipalités voisines, lesquelles n’auraient pas bien accueilli la demande de cette municipalité de 400 âmes.
Certains élus craignent que cette démarche soit mal perçue et ait des conséquences économiques négatives.
« Envoyer une demande d’aide généralisée à toutes les municipalités, c’est risquer de jeter une ombre sur notre région et sur la route 11, qui est un axe vital pour notre développement », a souligné le conseiller Claude Brunet, s’inquiétant pour la réputation et les retombées économiques.
« Nous étions en situation d’extrême urgence, mais nous devons être prudents dans la manière dont nous demandons de l’aide », a admis la mairesse, qui propose désormais d’envoyer une nouvelle lettre clarifiant la réponse du ministre reçue et précisant la réalité de Fauquier-Strickland.
« Nous ne voulons pas mettre toutes les municipalités dans la même situation, car ce n’est pas le cas partout », a-t-elle souligné.