Santé en français : encore du travail à faire
OTTAWA – Santé Canada a débuté jeudi 15 septembre ses consultations sur le renouvellement du Programme de contribution pour les langues officielles en santé (PCLOS) qui s’étendront jusqu’au 4 novembre. Sur le terrain, deux des principaux organismes bénéficiaires, la Société Santé en français (SSF) et le Consortium national de formation en santé (CNFS) espèrent plus de la part du gouvernement fédéral pour améliorer l’accès aux services de santé en français en milieu minoritaire.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« C’est la première fois que nous sommes consultés spécifiquement. C’est une excellente chose car cela nous permet de mieux détailler les enjeux en santé et de partager nos recommandations beaucoup plus que lorsque nous intervenons dans des discussions globales sur le renouvellement de la Feuille de route pour les langues officielles », se réjouit le directeur général de la SSF, Michel Tremblay.
Mis en place en 2003, le PCLOS a pour but d’aider les communautés anglophones du Québec et les communautés francophones d’ailleurs au Canada à avoir un meilleur accès aux services de santé. L’enveloppe de 174,3 millions $ sur cinq ans fait partie du 1,1 milliard $ consacré à la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018.
Mais à l’image de nombreux organismes communautaires qui réclament une indexation des fonds qui leur sont attribués, la SSF pense qu’il est temps de bonifier la somme fédérale consacrée à la santé.
« Cela fait dix ans que l’enveloppe n’a pas été augmentée. Il y a pourtant encore beaucoup de besoins, notamment en matière de santé mentale, pour les aînés et pour les nouveaux arrivants. Dans un système anglo-dominant, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver alors qu’il est pourtant essentiel qu’une personne puisse communiquer dans sa langue maternelle pour être sûr de bien se faire comprendre et servir », insiste M. Tremblay.
Le PCLOS finance la majeure partie des activités de la SSF dont le travail consiste à collaborer avec les provinces et territoires pour favoriser un meilleur accès à des programmes et services de santé en français et améliorer l’état de santé de l’ensemble des communautés francophones et acadienne vivant en milieu minoritaire. Par exemple, la mise en place d’un programme pour former des intervenants de première ligne en santé mentale.
Sensibilisation nécessaire
En Ontario et au Nouveau-Brunswick, les investissements provinciaux sont déjà importants, rappelle M. Tremblay. À l’Île-du-Prince-Édouard, la Loi sur les services en français permet également d’assurer un certain nombre de services. Et la mise en place d’une politique de services en français à Terre-Neuve-et-Labrador et d’une loi sur les services en français au Manitoba fait espérer une plus grande sensibilité des gouvernements dans ces provinces en matière d’accès à la santé.
Mais il reste du travail à faire, rapporte la directrice générale par intérim du CNFS, Lynn Brouillette.
« Même si nos membres forment des professionnels de la santé en français, si derrière, les établissements ne les valorisent pas et n’affichent pas que le service est disponible dans les deux langues, nous ne sommes pas plus avancés. Il faut donc que tout le système soit revu et davantage sensibilisé. »
Le CNFS regroupe onze collèges et universités qui offrent des programmes d’études en français dans diverses disciplines de la santé et de partenaires régionaux qui visent à améliorer l’accès à ces programmes de formation dans l’ensemble du pays.
« Depuis 12 ans, nous avons permis la mise en place de 68 nouveaux programmes et la bonification de 34 programmes préexistants dans le domaine de la santé. Mais nous restons encore loin des programmes offerts en anglais. Par rapport au nombre total de programmes dans le domaine de la santé qui sont offerts en anglais, seulement 7% le sont aussi en français! Et puis, il reste encore de nombreuses régions qui sont mal desservies. »
Malgré tout, les deux organismes louent l’importance du PCLOS.
« En 15 ans, Il y a eu de nombreux progrès et nous avons besoin que le programme continue et grandisse pour aller encore plus loin », espère M. Tremblay.