Service 3-1-1 : l’anglais privilégié par des francophones
OTTAWA – Bien que bilingue, le service 3-1-1 de la Ville d’Ottawa n’est toujours pas demandé en français par une bonne partie des francophones. Les données recueillies par #ONfr sont pour le moins claires : seulement 5 à 6 % des appels sont effectués dans la langue de Molière, malgré l’offre de service.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Sur les 503 893 appels reçus au numéro traditionnellement réservé aux services municipaux, seuls 28 889 l’étaient en français (5 %). Une proportion de 6 % pour 2015, et de 5,9 % pour les premiers mois de 2017.
Des données qui n’augmentent pas, et finalement dans la lignée des premières enquêtes de #ONfr sur le sujet. De 2011 à 2013, les chiffres se situaient dans les mêmes eaux (entre 5 et 6,5 %).
Un comble pour une Ville où les francophones représentent 16,2 % de la population, si l’on se fie à la première langue officielle parlée des chiffres du recensement dévoilés la semaine dernière.
Temps d’attente de 95 secondes, précise la Ville
Mise au courant des résultats, l’ACFO Ottawa veut « trouver des clefs » pour améliorer le service. « Souvent, lorsqu’on demande le service en français, la réponse n’est pas immédiate, ou nous sommes acheminés vers un autre département spécifique », laisse entendre sa représentante Soukaina Boutiyeb. « L’idée est que le service continu d’être promu à la société et en parallèle, améliorer l’accès du service en français. »
Une affirmation contredite par la Ville d’Ottawa. « En 2016, le temps d’attente moyen pour une personne appelant le 3-1-1 était d’environ 95 secondes, tant pour le français que pour l’anglais. La Ville d’Ottawa fait la promotion du service 3-1-1 dans les deux langues dans tous ses messages destinés au public (communiqués, messages d’intérêt public et médias sociaux par exemple) », écrit Nancy Greenfield, la directrice de Service Ottawa, dans un échange de courriels avec #ONfr.
Un léger mieux à Sudbury pour le 3-1-1
Autre ville de l’Ontario à posséder un service bilingue 3-1-1 : le Grand Sudbury. Et les résultats ne sont pas plus glorieux du côté de la ville la plus populeuse du Nord de la province.
Des 256 041 sudburois qui ont composé le 3-1-1 en 2015, seulement 2,96 % d’entre eux ont demandé le service en français. Une proportion qui grimpe à 3,22 % en 2016. En 2014, le chiffre n’atteignait que 2,3 % selon l’enquête semblable alors effectuée par #ONfr.
Des chiffres somme toute très en deçà de la proportion de Franco-Ontariens à Sudbury estimée à plus de 25 % de la population.
Mais l’Association canadienne français de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
« Ce ne sont pas des chiffres remarquables, mais ils sont en augmentation, alors oui, je dirais que c’est une bonne nouvelle », croit sa vice-présidente Marie-Ève Pépin. « Il y a encore un travail de sensibilisation à faire. »
En 2015, une étude publiée par la Ville du Grand Sudbury sur les services en français en avait laissé pantois plus d’un. Quelque 87 % des résidents affirmaient méconnaitre le bilinguisme du service.
« Il y a beaucoup d’efforts de la Ville pour les services en français. Notre communication avec eux est très bonne. Nous nous rencontrons régulièrement avec le maire. »
Du côté d’Ottawa, les quatre rencontres prévues entre l’ACFO et le maire Jim Watson après une entente en 2013 se sont depuis arrêtées.