Sudbury redevient libérale

Glenn Thibeault a été élu député provincial de Sudbury lors d’une partielle, le 5 février 2015. Archives, #ONfr

SUDBURY – La stratégie des libéraux de l’Ontario est finalement venue à bout de la controverse à Sudbury. La circonscription provinciale a refait le saut dans le camp du parti au pouvoir avec une victoire à l’arraché du candidat « vedette » Glenn Thibeault lors d’une élection partielle, le jeudi 5 février.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Les électeurs de la plus grande ville du Nord ontarien ont accordé 41,2% des voix à M. Thibeault, contre 34,9% à la néo-démocrate Suzanne Shawbonquit et 12,3% au candidat indépendant Andrew Olivier. Les deux meneurs se sont livrés une chaude lutte jusqu’à la fin.

Le règne du NPD dans Sudbury n’aura finalement duré que sept mois. Mais il s’en est fallu de peu.

M. Thibeault, un transfuge néo-démocrate du fédéral, a vraiment joué le tout pour le tout. Il a non seulement changé d’allégeance politique, mais aussi d’ordre de gouvernement.

« C’était serré », a soupiré M. Thibeault devant des partisans survoltés dans un hôtel de Sudbury, le soir du 5 février. « Je me suis inquiété du moment que j’ai pris ma décision (de quitter les néo-démocrates pour les libéraux) jusqu’au moment de ma victoire. La politique est un drôle de jeu. Il ne jamais rien prendre pour acquis », a-t-il confié plus tard à la presse.

Le pari était risqué. Les sondages semblaient pointer vers une victoire néo-démocrate. Mais l’ancien député de l’opposition à Ottawa a bien gagné sa place sur les banquettes du pouvoir à Queen’s Park.

Pour le gouvernement libéral de l’Ontario, il s’agit bien sûr d’un premier test réussi aux urnes, sept mois après les dernières élections générales. Mais, surtout, de la reprise d’une ancienne forteresse pendant près d’une vingtaine d’années.

La rumeur veut que M. Thibeault accède rapidement au conseil des ministres.

« Il y a eu beaucoup de négatif dans cette campagne », a reconnu la première ministre Kathleen Wynne à Sudbury avec sa nouvelle recrue, le 5 février. « Mais vous avez vu à travers ça. Avec votre optimisme, vous avez mené une campagne incroyable. »

« Il y a des ponts à rebâtir et je suis prêt à le faire », a ajouté M. Thibeault, faisant lui aussi référence à toute la controverse qui a entouré sur sa campagne.

Controverse

Cette controverse est beaucoup venue d’Andrew Olivier, ce candidat indépendant qui a fait planer sur le Parti libéral des allégations de trafic d’influence tout au long de la campagne. Enregistrements à l’appui, cet ancien candidat libéral a soutenu haut et fort que des personnes d’inflence au sein de la formation lui avaient offert « un emploi ou une nomination » pour qu’il ne se représente pas et cède ainsi le passage à M. Thibeault, considéré conme un candidat « vedette ».

La Police provinciale de l’Ontario (PPO) a conclu, dans un document soumis aux tribunaux et dont certains médias ont obtenu copie, qu’il y avait bel et bien apparence de trafic d’influence dans le camp libéral. Aucune accusation n’avait toutefois été déposée, le 5 février.

Mme Wynne n’a pas fait de commentaire sur l’enquête de la PPO, le soir du scrutin.

« La PPO doit faire ce (qu’elle) a à faire », a simplement répondu M. Thibeault.

Déception chez le NPD

À quelques hectomètres de là, l’heure était moins à la fête du côté des partisans de la candidate défaite Suzanne Shawbonquit, même si les pancartes ont été brandi bien haut lors de l’arrivée de sa chef Andrea Horwath.

Devant ses partisans à Sudbury, la chef néo-démocrate Andrea Horwath a tenté de minimiser la portée de la défaite de sa candidate Suzanne Shawbonquit, le 5 février. (Photo: Sébastien Pierroz)
Devant ses partisans à Sudbury, la chef néo-démocrate Andrea Horwath a tenté de minimiser la portée de la défaite de sa candidate Suzanne Shawbonquit, le 5 février.
(Photo : Sébastien Pierroz)

« Il y a de quoi être fier de Suzanne », a déclaré Mme Horwath, ne faisant à aucun moment allusion au revers électoral et au parfum de scandale ayant entouré la campagne. « La véritable opposition à Queen’s Park, c’est nous », a poursuivi la leader du NPD pour tenter de raviver les partisans quelque peu éteints dans la salle.

Les trémolos dans la gorge et la voix fatiguée, Mme Shawbonquit a ensuite reconnu sa défaite, avant de glisser : « Je souhaite à M. Thibeault de pouvoir changer la façon de faire des libéraux dans le nord (et) s’il cherche un allié afin de se battre pour Sudbury, je serai cette personne. »

La candidate progressiste-conservatrice Paula Peroni a récolté pour sa part 7,5% des voix et le candidat vert David Robinson a fermé la marche avec 3,2% des voix.

Une élection partielle était nécessaire à Sudbury pour remplacer le néo-démocrate Joe Cimino après qu’il eut renoncé à son siège pour des raisons familiales et de santé, à la fin novembre.