Un des seuls refuges animaliers du Nord annonce devoir fermer
TEMISKAMING SHORES – Le principal refuge pour animaux du Nord-Est ontarien est sur le point de mettre la clé sous la porte. Faute de financement et complètement débordée, l’équipe de bénévoles a lancé un cri du cœur sur les réseaux sociaux.
« Avec l’inflation, le prix du loyer, l’électricité, l’essence, le chauffage, la nourriture et tout le reste, nous ne savons pas combien de temps nous pouvons tenir avec le volume actuel élevé d’animaux », explique Shannon Mason, bénévole au refuge Northern Ontario Animals Rescue and Sanctuary depuis 2019.
Depuis la pandémie, le volume d’animaux abandonnés est très élevé. Comme il s’agit du seul refuge de la région, il s’agit bien souvent de la seule solution pour de plus en plus d’ex-propriétaires du Nord.
« Si quelqu’un trouve un chien ou un chat, ou n’importe quel animal, c’est nous qu’il appelle. »
Présentement, ce sont près de 80 chats et plus de 100 chiens qui sont pris en charge au refuge, déposés par des personnes de partout en province, y compris le sud de l’Ontario.
« On est le seul refuge qui ne dit jamais non et accepte les animaux d’autres refuges qui sont dépassés », fait savoir Mme Mason.
Puisqu’il faut aussi vacciner et soigner ces animaux, les factures de vétérinaires atteignent désormais près de 30 000$ par mois, indique-t-elle. Une situation qui est devenue hors de contrôle pour cet organisme qui survit seulement grâce aux dons.
Vague de réactions en ligne
Un message, publié sur la page Facebook du refuge vendredi, a été partagé près de 700 fois et a généré de nombreux commentaires et réactions sous la publication.
« C’est une vraie leçon d’humilité de recevoir autant de messages de soutien de la communauté », se félicite celle qui est chargée de l’adoption des chiens du refuge. Depuis, le téléphone ne cesse de sonner et le refuge a reçu plusieurs demandes d’adoption et de candidatures pour du bénévolat.
« On a des personnes qui veulent venir d’Ottawa, Toronto et même Huntsville pour récupérer des chiens et on a reçu de la nourriture pour chatons dont on avait cruellement besoin. »
Bien que l’intention derrière la sortie publique fût de faire la lumière sur la situation, l’organisme aurait toutefois reçu près de 5 300$ rien que le jour de la publication.
« Le but n’était pas de faire un appel aux dons, mais ces fonds nous ont permis de payer le loyer, sans ça on n’aurait tout simplement pas pu le faire », affirme-t-elle en ajoutant que plus de 1000$ ont suivi les jours d’après.
Appel à la municipalité
Plusieurs internautes ont appelé les différents paliers de gouvernement à apporter de l’aide à l’organisme à but non lucratif.
La bénévole bilingue souhaite, elle aussi, voir une implication financière de la municipalité de Temiskaming Shores : « On ne se sent pas soutenus par la municipalité, on aimerait collaborer beaucoup plus. »
La ville recueille des animaux pour un maximum de 72 h avant de les envoyer au refuge. « Les employés de la ville ne travaillent pas les week-ends et ne prennent aucun animal qui est à l’extérieur de leur périmètre, donc on est coincés avec des animaux qu’ils nous laissent », se plaint-elle.
« Nous faisons aussi des allers-retours de stérilisation et de castration à North Bay, et l’un de nos véhicules est mort et l’autre est sur le point de l’être. Nous ne pouvons pas nous permettre d’acheter un nouveau véhicule. »
Mme Mason dit toutefois avoir reçu une demande de communication de la municipalité, sans être trop enthousiaste. Elle considère qu’il faudrait un miracle pour sauver le refuge. Des demandes de subventions et de fonds de programmes gouvernementaux ont étés faites, mais sont restées sans réponse.
Personne ne sait ce qui adviendra des animaux demeurant au refuge lors de la fermeture.
Au moment d’écrire ces lignes, la municipalité n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue.
Épuisement des bénévoles
L’équipe de sept bénévoles est épuisée et souhaiterait trouver une solution permettant de recruter quelqu’un pour travailler à temps plein durant la semaine.
Mme Mason travaille dans l’hôpital de la région, mais dit passer tellement de temps au refuge qu’elle considère qu’il s’agit d’un emploi à temps plein.
« La fondatrice du refuge met chaque centime qu’elle a dans le refuge, on met tous de notre argent là-dedans », raconte la citoyenne de New Liskaerd qui dit même que son implication a eu un impact dans sa relation conjugale.
Le très populaire magasin de vente d’articles de seconde main, Hidden treasures est lui aussi menacé de fermeture. Celui-ci est aussi géré par la fondatrice du refuge et emploie aussi des bénévoles.
Tous les profits sont utilisés pour alimenter les caisses du refuge, mais avec les ventes de garage estivales, les ventes ont chuté.
« Si le refuge ferme, la boutique ferme aussi malheureusement », termine Mme Mason.
Un peu plus tôt, en juillet dernier, le refuge Pets need love 2, situé à Verner, à une heure et demie de Northern Animal Rescue and Sanctuary, a aussi annoncé devoir fermer ses portes pour les mêmes raisons, après 15 ans d’opération.