Un retour sur Heartstrings : First Guitars
[CHRONIQUE]
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, la blogueuse et activiste du Nord de l’Ontario, Isabelle Bougeault-Tassé.
Ces guitares – celles qui transforment et font d’un simple mortel une icône de la musique sont racontées dans Heartstrings : First Guitars du Sudburois Sean Barrette. De Gordon Lightfoot à François Lamoureux, en passant par Serena Ryder, Cindy Doire, The Tragically Hip ou encore En Bref, ce magnifique recueil présente la mythologie de ces artistes et de leurs muses : leurs premières guitares.
« Reggie Wainman était le genre de guitariste qui savait comment faire swingner un air et qui semblait connaître toutes les chansons, si bien que pendant sept ans, tout ce que j’avais à faire, c’était de chanter avec lui », écrit Sean Barrette dans l’ouverture de son nouveau recueil de récits Heartstrings : First Guitars : First Guitars.
« Et puis soudainement, il est parti, tué dans un accident de moto. »
« Je ne savais pas trop comment continuer à faire de la musique après ça », écrit Sean Barrette dans sa contribution à Heartstrings : First Guitars. « Je ne pensais pas pouvoir le faire sans Reg. »
Un an ou deux avant son décès, Reggie Wainman avait légué une guitare au père de Sean Barrette. Doug Wainman, le frère de Reggie Wainman, allait l’encourager à garder la guitare après le décès de Reggie et allait même lui montrer ses premiers accords.
« Il n’a pas fallu longtemps pour que j’apprenne Sweet Virginia », écrit Sean Barrette. « Et nous avons joué ensemble à partir de ce moment-là, essayant de réparer nos cœurs brisés, le cercle de la vie se jouant sur six cordes. »
« Cette (guitare) ne me quitte jamais. C’était ma première, et même si toutes les autres devaient disparaître, ce serait ma dernière guitare. »
Perdue et retrouvée : Yves Doyon – En Bref
Dans une contribution de langue française à Heartstrings : First Guitars, Yves Doyon livre le témoignage de sa première guitare – celle de son père.
« Quand mon père était au Collège universitaire de Hearst, il jouait de l’orgue dans un groupe local, Les Insolents. Je me souviens de l’entendre raconter des histoires de tournée, de route et de shows dans les hôtels et les salles communautaires des villages tout au long de la route 11. Pour moi, ça faisait rock star et c’était romantique comme idée. »
« J’ai un souvenir de l’entendre parler de vouloir apprendre à jouer de la guitare », poursuit-il. Ainsi la famille allait lui offrir une guitare, une Seagull. « Rien de haute gamme, mais elle était jolie et avait un beau son. »
La guitare allait être abandonnée dans un coin du salon, sa musique ensommeillée, « passant des mois et des années sans que personne ne la touche ».
Mais Yves Doyon était destiné pour la musique. Jeune artiste de scène, il trippait avec Les Draveurs de Macdonald-Cartier, et c’est avec les frères Laforest, Patrick et Martin, qu’il s’est laissé entraîné par l’enchantement de la musique.
« J’ai ramassé la guitare », raconte-t-il. « J’ai appris à jouer par oreille et elle m’a inspiré une série de compositions qui m’ont amené à faire carrière en musique pour plusieurs années. »
Un magnifique compagnon pour Mimi O’Bonsawin
« Les guitares sont vivantes », raconte l’artiste Mimi O’Bonsawin dans Heartstrings : First Guitars. « Elles cheminent avec vous, elles dorment à vos côtés dans votre lit, elles donnent vie à des émotions et à des histoires… elles sont un magnifique compagnon. Elles sont sacrées. »
« J’ai été un late bloomer quand j’ai appris la guitare », poursuit-elle. « J’ai dit à mes parents qu’il fallait que j’apprenne la guitare pour pouvoir me soutenir dans ma journey à écrire des chansons. »
« C’était la plus belle guitare que j’aie jamais vue. Avec ma Godard 5th Avenue, j’ai appris rapidement, j’ai écrit des chansons, j’ai donné des concerts et je me suis sentie complète. »
Stef Paquette : « Je ne laissais personne la toucher »
« On dit « You never forget your first » (On n’oublie jamais sa première) explique l’artiste Stef Paquette dans Heartstrings : First Guitars. En tant que musicien professionnel, j’ajouterais : « Ne vous débarrassez jamais de votre première ». Surtout si Jésus a été le premier à en jouer. »
« Lorsque je l’ai achetée, je ne laissais personne la toucher! Même moi, je ne la touchais pas! »
« Un soir fatidique à l’Université Laurentienne, lors d’un after party du Northern Lights Festival Boréal, je me suis présenté avec ma guitare immaculée », commence Stef Paquette.
« Je me souviens très bien d’un homme qui était le portrait craché de Jésus », poursuit-il. « Et qui m’a dit : « Alors, tu vas prendre cette guitare et te joindre à nous? » J’ai appris plus tard qu’il s’agissait de Kevin Closs, auteur-compositeur-interprète et virtuose de la guitare, qui jouait à l’époque dans une production de Jesus-Christ Superstar ».
Ce soir-là, cette guitare allait être baptisée de musique.
« J’étais assis là, tranquillement, écoutant, observant, m’imprégnant de l’instant tandis que ma guitare toute neuve passait d’un musicien à l’autre, poursuit Stef Paquette. J’aime à penser que tous les riffs et accords joués sur ma guitare ce soir-là se sont infiltrés au bout de mes doigts et ont fait de moi l’auteur-compositeur que je suis aujourd’hui. »
Les cordes du cœur : le dernier mot de Sean Barrette
« La musique est un fil conducteur qui a traversé toute ma vie », écrit Sean Barrette dans l’ouverture de Heartstrings : First Guitars.
C’est aussi la musique qui est fil conducteur dans ce recueil de récits sacrés, une offrande et un geste d’amour non seulement à la guitare, mais à ceux et celles qui ont mis cet instrument entre les mains de ces artistes.
Pour Sean Barrette, ce recueil est une offrande à Reggie Wainman.
« Regarde ça, man », écrit-il à son ami dans l’épilogue de Heartstrings : First Guitars. « Je sais que tu aimes, je le sens. Je pense à toi tous les jours. J’échangerais toutes les notes que j’ai jouées pour avoir la chance de t’entendre me raconter ton récit de première guitare en personne – mais ce serait encore mieux si on pouvait rejouer ensemble, une dernière fois. »
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.