
Un village francophone pour aînés : le rêve devient réalité

AURORA – Dans la région de York, un foyer de soins de longue durée de 160 lits francophones, la Communauté du Trille blanc, verra bien le jour au 100 Bloomington Ouest. Une première phase dans la construction du village francophone, qui sera pourvu de services, commerces et logements. Dans une entrevue exclusive accordée à ONFR, son président Jean Bouchard partage les détails du financement et des étapes clés. Officialisée ce jeudi, la première pelletée de terre est prévue dès le mois d’octobre prochain.
« Nous applaudissons un projet porteur d’espoir, un projet structurant qui ouvre la voie à des possibilités concrètes pour notre francophonie », a salué ce jeudi, au cours d’une conférence de presse sur le terrain désormais vendu, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.
À ses côtés, les ministres des Soins de longue durée et de l’Infrastructure, Natalia Kusendova-Bashta et Kinga Surma, ont souligné la ténacité des instigateurs de ce futur lieu de vie.
La Communauté du Trille blanc (CTB) a effectivement fait du chemin en deux ans depuis notre couverture dépeignant l’idée et la vision d’un village francophone multigénérationnel pour aînés avec ses ramifications pour en faire une petite ville autonome : commerces, pharmacie, café et logements.
En particulier quant au comment, où, quand et combien pour faire sortir cet ambitieux projet de terre.
« En tant que président de la CTB, cette semaine, j’ai payé 15 millions de dollars. C’est le plus gros chèque que j’ai jamais fait de ma vie », plaisantait en avril dernier le président Jean Bouchard, au micro d’ONFR.
Une coquette somme déboursée pour les quelque 40 acres du terrain du 100 Bloomington Ouest, dont 30 qui ne sont pas développables, zonés « protection et héritage », seront transformés en sentiers verts pédestres. Cinq acres seront consacrés à des usages récréatifs sur la parcelle ouest, tandis que les premiers édifices s’étendront sur les 8,69 acres constructibles.


C’est au cours de la semaine du 17 avril que la signature de l’APS (Agreement of Purchase and Sale), contrat d’achat du terrain, s’est conclue avec infrastructure Ontario.
« Depuis 1947, le terrain appartenait à la province de l’Ontario. C’est donc lui qui reçoit le paiement du terrain. L’investissement total est estimé à 85 millions de dollars », explique M. Bouchard.
Si le gouvernement n’a pas cédé le terrain pour un dollar symbolique, un souhait initial du président de la CTB, le ministère des Soins de longue durée, dûment impliqué dans la phase 1, financera les 160 lits.
La phase 1 : le foyer de soins de longue durée francophone
C’est la firme d’architecture Montgomery Sisam, dotée de quelques experts francophones, qui a gagné l’appel d’offre.
« Nous avons d’abord fait plusieurs visites de maisons de soins de longue durée pour s’en inspirer ensemble. Puis, en avril dernier, nous avons assemblé des maquettes et pièces 3D à échelle : un exercice très excitant pour penser la disposition, l’orientation des bâtiments, la taille des chambres, ou encore le lien à l’environnement », relate le président du CTB.

En ce qui concerne les 160 premiers lits de soins de longue durée, les francophones seront prioritaires via l’ouverture d’une liste d’attente.
« Cela nécessitera 300 employés minimum, obligatoirement francophones ou bilingues, à aller chercher et à former », entrevoit celui-ci.
Il envisage dans la foulée la construction de deux autres bâtiments, avec un centre de soin divers, dont imagerie, ou encore ostéophathie et chiropratique, ainsi qu’un autre dédié à la formation.
« On aimerait se doter d’un campus collégial avec des cours dans le domaine de la santé évidemment, mais aussi dans le domaine des sciences sociales parce qu’on en a besoin dans ces institutions, avec des logements provisoires à la fois pour les stagiaires et les employés. »
Suite à une analyse financière réalisée par l’organisme, Jean Bouchard certifie que le tout pourrait générer des millions de dollars de revenus annuels.
Les phases 2 et 3 : extension du village et logements abordables
Pour l’heure confidentielle, une extension subtantielle a déjà été négociée pour l’achat d’un terrain adjacent, comprenant du bâti d’origine, une occasion d’étendre les services en français et d’accueillir des organismes francophones.
La construction de logements abordables, maisons et résidences, puis de condos, interviendra en phase 3, nous indique Jean Bouchard, avec une opportunité pour des commerces de s’établir.
« De là, le village va se mettre en place autour avec un café, une pharmacie, des petites boutiques, bien qu’il y ait des ouvertures tout le long du processus. Par exemple, dès le début un lieu de culte ouvrira ainsi qu’une une salle communautaire multi-usage », énumère celui-ci.

La Communauté Trille blanc, qui est devenue une fondation depuis le mois de novembre, accréditée par Revenu Canada, peut désormais recevoir des dons.
M. Bouchard considère que, « sans la générosité et la philanthropie, ça n’aurait pas été possible. Parce qu’il s’agissait de montrer au gouvernement que le projet était viable économiquement. On a été capable de payer notre terrain et ce n’est pas rien. Nous devons, nous les francophones, être capables de s’investir oui mais aussi d’investir pour notre réalité culturelle, pour les nôtres. »
L’organisme espère ainsi lever 30 millions de dollars de fonds au cours des trois prochaines années.
« Ce jalon marque un nouveau chapitre emballant pour notre communauté francophone, affirme pour sa part Tom Mrakas, le maire d’Aurora. La Communauté du Trille blanc sera bien plus qu’un foyer de soins de longue durée. Ce sera un carrefour dynamique où les aînés, les familles et les membres de la communauté pourront vivre, se rencontrer et célébrer notre langue et notre culture. »
Avec une première pelletée de terre début octobre, la construction devrait battre son plein dès juin 2026. Entre deux et trois ans seraient nécessaires pour achever la première phase et de 7 à 10 ans pour l’intégralité du village.