
Unis dans la diversité : les temps forts de la Fierté 2025

TORONTO – Le cortège de la 44ème marche de la Fierté a défilé ce dimanche le long de la rue Yonge, où plus de 25 000 personnes et 250 organismes ont manifesté leur soutien aux communautés LGBTQ+. Toute la fin de semaine avait été animée d’une variété d’événements qui dépeignent le thème de cette année « Tous ensemble » voué à mettre en lumière les communautés trans et non-binaires.
Souder les communautés dans un contexte politique et social menacé par un certain recul des droits des personnes LGBTQ+, telles sont les préoccupations dans l’esprit des participants aux célébrations de cette année.
Maelig, qui enseigne au sein du Conseil Scolaire Viamonde, participe cette année pour la première fois.
« Ça me fait plaisir d’être ici et de représenter toutes les familles qu’on représente à travers nos écoles et qu’elles se sentent acceptées et reconnues », avance-t-elle. Le Conseil a d’ailleurs réalisé son lever de drapeau LGBTQ+ plus tôt ce mois-ci.
L’enseignante pense que le corps pédagogique apparait comme essentiel dans l’éducation des diversités des identités LGBTQ+. Cette dernière affirme qu’« on a des équipes dans le conseil qui nous envoient des ressources avec des livres, des petites histoires adaptées à tous les âges. »

L’année prochaine, elle espère ramener ses enfants afin de leur faire découvrir les différentes activités sur place qui apprennent les notions d’égalité et d’acceptation.
En parallèle, la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) était présente. Normand Babin, animateur du Réseau Vivre+ Fierté Toronto, faisait la promotion de tous nouveaux groupes pour personnes âgées queers qu’il a commencé à organiser le mois dernier pour pallier la solitude de beaucoup d’entres eux.
« La question de l’isolement c’est ce qui revient le plus, avec la crainte d’aller en maison de retraite où l’orientation sexuelle ne sera pas reconnue », explique l’animateur.
« On parle de 2SLGBTQ+. Moi je dis gentiment qu’il manque une lettre, c’est V pour vieux », poursuit M. Babin.
Une minorité dans une minorité
C’est dans cette lignée que la Fierté de cette année met particulièrement l’accent sur des minorités dans les minorités.
Selon le directeur d’Action Positive, Benjamin Sourisseau, « les jours précédents sont vraiment communautaires et sont basés sur le droit de la personne ainsi que sur la défense de ces droits. Ces deux foires (Trans March et Dyke March) représentent exactement ce que j’attends d’une parade », dit-il.

Il s’agit également de sa première participation en tant que directeur général et il souligne à quel point les personnes LGBTQ+ atteintes de VIH se retrouvent dans une inégalité des services de santé en français.
« Pour le cas du VIH, on va moins se dépister, on va moins être informé et je pense que c’est vraiment quelque chose pour lequel il faut continuer à se battre en tant que francophone », affirme-t-il.
Il déplore également l’investissement irrégulier du gouvernement, qui selon lui devrait être fait de manière systématique.
« Souvent c’est fait en après-coup, avec des fonds de tiroirs. Nous, on a besoin de quelque chose qui soit définitif, soit permanent et qui soit à la hauteur de la population », lance le directeur général.

L’une des batailles de M. Sourisseau reste encore de créer une loi au niveau fédéral autour de la criminalisation du VIH.
« Ce serait très important que le Canada puisse faire en sorte que les personnes atteintes par le VIH ne soient plus facilement poursuivables et que ce soit une réponse de santé publique et non pas une réponse de droit pénal », martèle-t-il.
La Fierté est-elle toujours une lutte?
D’après Normand Babin, il existe une espèce de fatigue de la Pride chez beaucoup de personnes âgées, dans la mesure où cette population a vécu les années 70-80, où c’était majoritairement des manifestations et des revendications qui occupaient l’espace public, aujourd’hui presque effacées par l’esprit festif.
Il appuie tout de même l’importance de ces initiatives : « Il y a un de nos nouveaux membres à Sudbury qui vient de sortir du placard récemment à environ 70 ans. Pour lui, c’est un grand moment de fierté, de solidarité, de pouvoir marcher dans la rue et de dire c’est ce que je suis. Et ça devrait être le but premier de toutes les Pride », raconte-t-il.
En définitive, de nombreuses personnes s’accordent à dire que la Parade a changé.
« Quand on voit défiler dans la parade, c’est des banques, des compagnies d’assurance, des compagnies de tout genre », déplore l’animateur du réseau VIVRE+ Fierté.
Cette année a été marquée par une note négative, avec des commanditaires tels que Google et Home Depot qui ont rétracté leur participation. La Ville de Toronto a dû débloquer un financement de 350 000 $, autrement dit une augmentation de 35 % par rapport à l’année dernière.
Au total, c’est d’un déficit de près de 900 000 $ auquel l’organisateur a dû s’adapter pour garder le plus grand festival de fierté d’Amérique du Nord à la surface.
Cette année marque le 54e anniversaire des premières marches de la Fierté au Canada.