Le maire de Toronto pourrait offrir un toit à la francophonie

John Tory réélu pour la troisième fois maire de Toronto. Archives ONFR+

[EXCLUSIF]
TORONTO – Le maire de Toronto, John Tory, dit appuyer avec enthousiasme le projet de Maison de la francophonie réclamé depuis des décennies par plusieurs acteurs francophones. Il se dit prêt à agir pour que ce rêve de la communauté voie enfin le jour.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Je pense que ce projet est très important pour rassembler les francophones. La ville n’a pas beaucoup d’argent. Mais il y a d’autres méthodes pour aider le projet », a-t-il révélé en primeur à #ONfr lors d’une entrevue entièrement en français.

Dans le contexte économique actuel, le maire croit que Toronto ne peut se permettre de faire un don en argent à la Maison en devenir. Selon lui, la ville a cependant plusieurs immeubles sous-utilisés et elle pourrait en offrir un pour permettre la naissance de la Maison de la francophonie.

« Nous cherchons, par exemple, une autre utilisation pour l’ancien hôtel de ville et nous avons plusieurs autres édifices publics. Il serait possible de contribuer à une maison francophone grâce à une contribution immobilière », suggère-t-il.

Selon lui, il est primordial que le français soit visible dans la Ville reine, la métropole d’un pays bilingue. « Les francophones et anglophones sont les deux cultures à l’origine de notre pays. Je veux aider le projet avec cette idée », ajoute le maire Tory.

L’appui de John Tory à la Maison de la francophonie n’est pas banal, selon Richard Kempler, administrateur du comité provisoire qui mène le projet. « Je suis ravi par cette position, mais je ne suis pas surpris. Il est sensibilisé à la cause francophone et l’avait prouvé en commençant son discours de victoire en français l’an dernier », rappelle-t-il.

Richard Kempler a eu une rencontre avec la conseillère municipale torontoise Kristyn Wong-Tam. Elle lui a révélé pour la première fois qu’il serait possible pour la Maison de la francophonie de bénéficier d’un appui immobilier de la ville.

« Il y a eu des discussions confidentielles sur l’avenir de certains bâtiments municipaux. Nous avions été mis au courant de cette initiative qui va répertorier toutes les ressources disponibles d’ici les prochains mois. Mais le maire semble aller encore plus loin en avançant la possibilité pour nous de bénéficier du processus », croit M. Kempler.

Le plan actuel développé pour la Maison de la francophonie mise sur l’achat d’un bâtiment où l’on offrirait des loyers à bas prix à des organismes de la communauté francophone. M. Kempler est cependant prêt à étudier une proposition où la Maison verrait le jour dans un bâtiment prêté ou loué à très bas prix par Toronto.

« Nous ne sommes pas dogmatiques, l’important est que le projet voit le jour. Plusieurs conditions devraient cependant être respectées pour qu’on accepte. Il faudrait que nous obtenions un bail long-terme (emphytéotique), qu’on nous offre un bail symbolique, par exemple à 1$ par an, et que le bâtiment soit en bon état », fait-il savoir.

Il espère aussi que le processus pour répertorier les ressources immobilières de la Ville disponibles soit mené rondement et que le projet puisse enfin voir le jour dans un délai raisonnable.

 

Queen’s Park déçoit

La première ministre ontarienne Kathleen Wynne a été interpellée dans ce dossier par l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) à Toronto, le 22 octobre. La ministre responsable des Affaires francophones, Madeleine Meilleur, a alors évoqué la possibilité de « jumeler » le projet de Maison de la francophonie à Toronto avec celui d’une éventuelle université franco-ontarienne.

Richard Kempler rejette du revers de la main cette proposition. « De faire un lien entre la Maison de la francophonie et l’université franco-ontarienne, ce n’est pas une bonne idée. Il est fort probable que si une telle université voit le jour à Toronto, elle se retrouvera au campus Glendon. Pour nous, c’est un lieu qui n’est pas approprié », dit-il d’entrée de jeu.

Selon lui, il faut absolument que la Maison soit installée au cœur de Toronto. « Ce n’est pas un projet de vanité que nous voulons. On ne souhaite pas simplement un bâtiment avec un drapeau blanc et vert. On veut offrir des services au centre-ville et réellement rejoindre les gens », insiste-t-il.

M. Kempler affirme que les développements des derniers jours ont sensibilisé le gouvernement Wynne à l’importance de ce dossier. Une rencontre avec le cabinet de la première ministre se déroulera d’ailleurs prochainement, a-t-il révélé à #ONfr.