
20 ans et une nouvelle exposition pour le Musée canadien de la guerre

OTTAWA – Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au Musée canadien de la guerre ce jeudi, pour un événement spécial au triple prétexte. En cette journée du 8 mai 2025, on marquait à la fois : les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, les 20 ans du musée situé sur les Plaines LeBreton ainsi que le lancement d’une nouvelle exposition intitulée : Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale.
La soirée bilingue a oscillé entre sobriété et festivités. Dans la Galerie LeBreton, une réception et une courte cérémonie se sont déroulées en présence de deux vétérans et de plusieurs familles de vétérans et vétéranes. Les convives étaient invités à s’habiller dans le style des années 1940.
La mezzo-soprano Saeideh Rajabzadeh a offert des chansons qui entrecoupaient les discours, dont une interprétation de L’hymne à l’amour, classique d’Édith Piaf. Par la suite, c’est le groupe Peter Beaudoin et le Petit BIG BAND ainsi que le Ottawa Swing Dance Society qui ont invité les gens à participer à la Danse de la Victoire, alors que les portes de l’exposition s’ouvraient dans la galerie Lieutenant-colonel-John-McCrae, salle d’expositions temporaires.
Derniers témoignages directs
L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale se concentre sur le parcours des vétérans à partir de leur retour de la guerre. En ce sens, ceux qui ont vécu d’autres conflits et leurs familles pourront aussi s’y retrouver. Les visiteurs découvrent des histoires personnelles et intimes, au moyen de près d’une cinquantaine de témoignages.
« C’est une exposition particulière, parce que c’est le moment où jamais de donner la voix aux derniers vétérans de la Seconde Guerre mondiale », raconte Mélanie Morin-Pelletier, historienne, guerre et société au Musée canadien de la guerre et co-conservatrice de cette nouvelle exposition, en entrevue avec ONFR.

L’exposition est divisée en trois « moments » : Devenir vétéran raconte le processus de démobilisation et les opportunités que le statut de vétéran pouvait offrir. Le parcours d’une vie raconte les effets de l’expérience de la guerre à long terme sur la personne et ses proches.
Finalement, Trouver un sens laisse la parole à des vétérans étonnement sereins. Il est surprenant d’en entendre certains témoigner de sentiments positifs en lien avec l’expérience de la guerre, comme des amitiés indéfectibles forgées par l’expérience commune, la fierté d’avoir fait une différence ou bien le sentiment d’appartenance à son pays.
Injustices pour les vétérans noirs, autochtones ou femmes
L’exposition, réalisée avec le soutien de la Légion royale canadienne, ne fait tout de même pas l’impasse sur les côtés sombres de cette organisation de soutien aux vétérans. On y apprend que les femmes et les vétérans noirs ou asiatiques, par exemple, n’y étaient pas les bienvenus à l’époque.
Il en va de même pour les prestations du gouvernement offertes aux vétérans pour faciliter leur réintégration dans la société canadienne.
« Il y en a certains qui ont eu des opportunités de par leur statut de vétéran. Par exemple, le vétéran Léopold Thibeault nous explique que, grâce à son statut de vétéran, il a été capable d’aller à l’école, explique Mélanie Morin-Pelletier. Pour d’autres, ça a été plus difficile pour différentes raisons. Il y a encore du racisme, par exemple, par rapport aux vétérans des Premières Nations. Ils pouvaient se battre avec les autres, mais ils ne pouvaient pas aller boire une bière à la Légion par la suite. »

Il est difficile de savoir combien de vétérans de la Seconde Guerre mondiale sont toujours en vie au Canada, puisque les chiffres officiels d’Anciens combattants Canada incluent les vétérans de la Guerre de Corée.
« Le nombre qu’on retrouve le plus souvent est 10 000, explique Mélanie Morin-Pelletier. On sait que c’est beaucoup moins que ça. »
La préparation d’une telle exposition implique aussi qu’inévitablement, certains vétérans interviewés sont décédés en cours de route, eux qui avaient entre 96 et 104 ans au moment des entretiens.
« C’est sûr que ça nous touche, surtout quand on est en lien constant avec les familles, raconte la conservatrice. Mais pour nous, c’est aussi tellement important d’avoir pu faire ces entrevues et de pouvoir les partager avec le public, sachant justement que c’est notre dernière chance de le faire. »
Une fin de semaine d’activités pour le 20e anniversaire
Quelques autres activités se dérouleront d’ici dimanche pour marquer les 20 ans du bâtiment sur les plaines LeBreton. Entre autres, les visiteurs pourront créer leur propre collage narratif samedi et dimanche.
Samedi soir, des spécialistes en histoire du Musée canadien de la guerre donneront une série de conférences en lien avec la nouvelle exposition. Cette série est intitulée Le monde en guerre – Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale.
Un concert de l’Orchestre de l’Armée de l’air royale néerlandaise, prévu dimanche soir, affiche déjà complet. L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale souligne d’ailleurs le lien particulier qui unit le Canada aux Pays-Bas, qui offrent encore chaque année des bulbes de tulipes au pays qui a hébergé sa famille royale durant la Deuxième Guerre mondiale. Le Festival canadien des tulipes débute d’ailleurs ce samedi 9 mai à Ottawa.

L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale est en cours jusqu’au 18 janvier 2026. Les témoignages utilisés, ainsi que des témoignages de vétérans d’autres guerres, se retrouvent aussi dans l’exposition virtuelle Leur histoire, sur le site du Musée canadien de la guerre.