2023, année d’extrême tension dans huit pays francophones
Coups d’État au Niger et au Gabon, tremblement de terre dévastateur au Maroc, guerre des gangs de rue en Haïti, perte de territoire en Arménie, bombardements au Liban… Les francophones ont été durement éprouvés sur trois continents en 2023.
Au Mali, le français n’est plus langue officielle
23 janvier. Dans sa nouvelle constitution, le Mali retire au français son statut historique de langue officielle. Jusqu’à cette date, la langue Molière était utilisée dans l’administration et enseignée à l’école. Dorénavant, elle ne sera plus qu’une langue de travail, tandis que 13 autres deviennent officielles, dont le bambara, le sonrhai, le fulfuldé, le soninké, l’arabe…
En ce début d’année 2023, ce changement intervient dans un fort contexte anti-français depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en mai 2021. 3 703 000 Maliens sont francophones, soit 17 % de la population. Membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1970, le pays dirigé par le colonel Assimi Goïta a été suspendu de l’organisation depuis ce coup d’État.
Coup d’État au Niger et menace djihadiste au Sahel
23 juillet. Le président Mohamed Bazoum est neutralisé et séquestré dans son palais. Une junte militaire le destitue avant de mettre sur pied un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie. Les frontières sont fermées, les institutions suspendues et un couvre-feu décrété.
Derrière ce putsch, le nouvel homme fort du pays, le général Abdourahamane Tchiani réclame le départ des 1500 soldats français engagés dans une lutte antidjihadiste, tandis que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) impose au pays de lourdes sanctions économiques. 3,4 millions de Nigériens parlent français, langue officielle, soit 13 % de la population dans ce pays membre de l’OIF depuis 1970.
Affrontements au Sénégal à l’aube de la présidentielle
31 juillet. Le placement en détention de l’opposant Ousmane Sonko embrase les rues sénégalaises. Deux personnes trouvent la mort lors de manifestations dans le sud du pays. Au total, une quarantaine de Sénégalais ont été tués depuis les premières violences, il y a deux ans, selon le quotidien français Le Monde.
Toujours emprisonné à ce jour, le principal opposant au président en exercice Macky Sall a depuis vu son parti dissout mais la justice l’a réintégré cette semaine sur les listes électorales, ouvrant la voie à une candidature en vue de la présidentielle de 2024. 4,6 millions de Sénégalais parlent français, langue officielle, ce qui représente 26 % de la population dans ce pays membre de l’OIF depuis 1970.
Le pouvoir renversé au Gabon
30 août. À peine réélu pour un troisième mandat, le président Ali Bongo essuie un putsch. Une douzaine de militaires déclarent à la télévision l’annulation du scrutin dévoilé la nuit précédente et la dissolution des institutions. S’en suit l’instauration d’un gouvernement de transition dont le général et chef de la garde républicaine, Brice Oligui Nguema, prend la tête.
La durée de son mandat et la mise en place de nouvelles élections restent incertaines dans cette nation d’Afrique subsaharienne qui compte 1,5 million de locuteurs de français, langue officielle. Cela représente près de 65 % de la population dans ce pays membre de l’OIF depuis 1970.
Un séisme meurtrier frappe le Maroc
8 septembre. La terre tremble soudainement en pleine nuit. Un séisme de magnitude 7, le plus puissant de ces 60 dernières années, frappe de plein fouet le Maroc. Bilan : 3000 morts et plusieurs milliers de blessés. Plus de trois mois après la catastrophe, le royaume chérifien se relève doucement.
Si Marrakech retrouve progressivement ses touristes, dans certaines zones, malgré le froid et faute de toit, les tentes ont remplacé les maisons. Les autorités marocaines ont annoncé un budget de 11 milliards d’euros destiné à la reconstruction des zones dévastées. 13,5 millions de personnes, soit 36 % de la population, parlent français dans ce pays membre de l’Oif depuis 1981.
L’Arménie amputée de son enclave du Haut-Karabakh
26 septembre. Il n’aura fallu que 24 heures de combat pour voir tomber l’enclave arménienne du Haut-Karabakh. Tandis que le monde occidental avait les yeux rivés sur l’agression russe en Ukraine, ce petit État caucasien, membre de l’OIF depuis 2004, a perdu un bout de son territoire isolé en Azerbaïdjan à la faveur d’une offensive éclair contre les séparatistes arméniens.
Depuis, 80 % de la population a rejoint l’Arménie à l’ouest et la crainte d’une possible invasion du pays en vue de créer un couloir d’accès vers l’enclave azerbaïdjanaise de Nakhitchevan n’est pas à écarter. Pratiqué par près de 10 000 personnes, le français en Arménie est une langue d’élite introduite au 19e siècle par les théoriciens du nationalisme, inspirés par la Révolution française.
L’aide internationale en route pour Haïti
3 octobre. Le Conseil de sécurité de l’ONU autorise le déploiement d’une mission de sécurité internationale afin d’appuyer la police haïtienne dans le maintien de l’ordre public, et ce durant un an. Dans le viseur : la criminalité des gangs qui a atteint des sommets en 2023. Ce sont finalement des policiers kenyans qui débarqueront en début d’année prochaine pour épauler le gouvernement.
L’ONU décrit des attaques brutales, des meurtres aveugles, des enlèvements, des pillages massifs, ou encore des viols collectifs… Dans ce seul autre pays des Amériques, avec le Canada, où le français est langue officielle, la quasi-totalité des 11 millions d’Haïtiens est créolophone, pour 4,5 millions de locuteurs de français et 2,6 millions d’apprenants.
Le Liban sous les bombes à sa frontière avec Israël
7 octobre. Une pluie de rockets s’abat sur Israël. L’attaque du Hamas provoque une riposte massive d’Israël sur la bande de Gaza. Depuis le début du conflit, un autre front s’est ouvert : avec le sud du Liban depuis lequel le Hezbollah, mouvement islamiste allié du Hamas, pilonne des villes du nord de l’État hébreu.
L’armée israélienne riposte aux tirs de roquettes par des bombardements d’infrastructures et de villages frontaliers, le Washington Post évoquant le possible recours à des munitions au phosphore blanc, des armes incendiaires interdites contre des civils. Environ 2,5 millions des Libanais parlent français. Cela représente 38 % de la population. Et depuis un an, l’OIF y possède une Représentation pour le Moyen-Orient.