
« Défis structurels » : la Librairie Panache de Sudbury suspend ses activités et réfléchit à son avenir

SUDBURY – Face à des défis structurels, les organismes fondateurs de la Librairie Panache suspendent temporairement des activités à partir du 11 juillet. La direction entame une période de réflexion pour repenser le rôle du livre à la Place des Arts.
L’information a été dévoilée ce mercredi matin par la Place des Arts : « comme plusieurs librairies indépendantes en contexte minoritaire, Panache fait aujourd’hui face à des défis structurels qui exigent une réinvention ».
« Ce n’est pas une fermeture. C’est un moment pour réfléchir, repenser, réancrer le projet dans les besoins de la communauté. Le livre reste au cœur de notre engagement », peut-on aussi lire dans la lettre ouverte de Denis Bertrand, directeur général, Place des Arts du Grand Sudbury, co-signée avec Stéphane Cormier, codirecteur général et directeur de la commercialisation aux Éditions Prise de parole, Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone et Geneviève LeBlanc, directrice générale du Salon du livre du Grand Sudbury.
Cette mise sur pause ne signifie pas une disparition, insistent les partenaires, bien qu’il demeure toute une réflexion au sujet de la forme que prendra la présence des livres à l’automne.
« Ce que nous avons construit ensemble reste précieux », souligne Stéphane Cormier, codirecteur général des Éditions Prise de parole. « Notre objectif est de permettre à Panache de revenir à l’automne avec un modèle qui répond mieux aux priorités de la communauté. »
Un modèle qui ne fonctionne pas
« Tout simplement, le modèle d’une librairie traditionnelle ne fonctionne pas en milieu minoritaire », confie M. Bertrand qui ajoute que Sudbury n’est pas la première communauté en situation minoritaire à éprouver des difficultés pour faire fonctionner une librairie traditionnelle.
« Ça prend trois choses pour qu’une librairie en milieu minoritaire fonctionne : des grands artistes et des gens qui vont aller dépenser plusieurs centaines de dollars régulièrement pour s’approvisionner en livres, des clients corporatistes qui achètent en masse pour leurs employés et ensuite une forme d’animation quelconque. »
Bien que l’animation était présente à la librairie, les ventes, elles, n’ont pas été suffisantes pour maintenir les opérations elon celui qui dirige la Place des Arts depuis août 2024 et qui a opéré un changement important dans le style de gestion de l’établissement, lequel est depuis géré comme une petite entreprise.
Une période de liquidation est prévue dans les prochaines semaines, et les personnes ayant des commandes en attente seront contactées.
Concernant l’avenir de la seule employée à temps plein et des quelques autres à temps partiel de la librairie : rien n’est encore défini, selon M. Bertrand.
Réimaginer collectivement
Dans un contexte où les librairies indépendantes – surtout en milieu minoritaire – peinent à survivre, la pause estivale s’impose comme un moment de recul pour évaluer les options. Le défi : repenser un modèle économique et culturel qui puisse perdurer.
Et quid du local accueillant la librairie? « Pour le moment, on espère que l’espace sera attrayant et qu’il saura plaire à la communauté pour la tenue d’événements, tout en conservant une présence de livres et, potentiellement, des activités d’animation », répond M. Bertrand.
Bien que la librairie ferme temporairement ses portes, les initiatives autour du livre continueront à rayonner dans la région, avance-t-on aussi dans le communiqué. Le projet du Carrefour Francophone de mettre sur pied une librairie des tout-petits serait encore sur la table mais une réflexion sera également amorcée sur la forme que cette initiative pourrait prendre.
Le Salon du livre du Grand Sudbury poursuivra ses activités annuelles, et les Éditions Prise de parole maintiendront leur travail éditorial.
« Le Salon du livre du Grand Sudbury demeurera une présence forte chaque année à la Place des Arts », affirme Geneviève LeBlanc. « Nous continuerons de célébrer le livre et les voix qui l’animent, ici même dans le Nord. »