Le Conseil scolaire du district Ottawa-Carleton (OCDSB) a annoncé vouloir modifier ou supprimer son programme élémentaire d’immersion précoce en français. Source : Canva

OTTAWA – Le Conseil scolaire du district Ottawa-Carleton (OCDSB) a l’intention de modifier, voire de supprimer son programme élémentaire d’immersion précoce en français, alors que près de 70 % des familles inscrivent leurs enfants dans les divers programmes d’immersion du Conseil. La raison invoquée dans un rapport récemment publié : l’inégalité entre les élèves.

L’initiative derrière ces changements serait la révision des programmes élémentaires n’ayant pas été modifiés depuis 20 ans. L’OCDSB indique que ce processus de révision fait partie d’un grand projet en quatre étapes, un « exercice de vision » qui répondrait au désir exprimé par les membres du Conseil et le personnel. Cette nouvelle réglementation sera mise en place pour la rentrée 2025.

Un premier changement consiste à éliminer le programme d’immersion précoce en français ou de le modifier en passant d’un apprentissage à 80 % de français, à un programme de seulement 25 % d’enseignement en français, alors que selon les données du Conseil plus de la moitié des élèves à l’élémentaire sont inscrits dans ce programme, le nombre d’élèves ne cesse, d’ailleurs, d’augmenter depuis 2020.

Les statistiques d’inscription indiquent que 52 % des élèves de l’élémentaire étaient inscrits en immersion précoce en français en 2022-2023, tandis que 41 % étaient inscrits au programme anglais avec français de base et 5 % au programme d’immersion moyenne en français.

Graphique du rapport de l’OCDSB démontrant qu’une majorité des élèves participent au programme d’immersion précoce en français. Source : 2024 OCDSB elementary program review

L’OCDSB propose deux programmes d’immersion : l’immersion précoce en français (Early French immersion), qui commence en 1ʳᵉ année avec 80 % d’enseignement en français par jour et 20 % en anglais, puis diminuant à 50 % d’enseignement en français en 7ᵉ année.

Le deuxième programme, l’immersion moyenne en français (Middle French immersion) commence en 4ᵉ année, avec 66 % d’enseignement en français, réduisant à 50 % en 7ᵉ année.

Dans les autres programmes du Conseil, les cours de français restent inchangés tels que la maternelle qui offre un enseignement 50/50 en anglais et en français.

Détail de ce que propose le Conseil scolaire comme programmes à l’heure actuelle. Source : Rapport 24-052, Processus de révision des programmes au niveau élémentaire

Une révision des programmes de l’élémentaire qui touchera 50 000 élèves

Comme indiqué dans le rapport rédigé à cet effet par le conseil scolaire, la nécessité de revoir les options des programmes actuels était un thème récurrent lors des consultations sur le plan stratégique en hiver et au printemps 2023. C’est pourquoi, le conseil a exprimé : « Bien que le modèle de programme ait, au cours du dernier quart de siècle, répondu aux besoins de nombreux membres de la communauté, nous savons que de nombreux autres ont été mal desservis. Il est urgent de repenser les programmes que le district propose, comment et où ils sont offerts, quels besoins sont servis, et comment les écoles peuvent être redéfinies pour mieux répondre aux besoins des générations actuelles et futures. »

Dans son document, le district justifie aussi ce besoin de changement dû à la multiplicité des offres de programmes, des configurations scolaires et de nombreuses combinaisons de programmes complexes. « Sans aucun doute, cette complexité ajoute des coûts financiers, mais surtout, nous devons nous interroger sur le coût pour l’apprentissage et le bien-être des élèves. »

Le Conseil scolaire anglophone souhaite faire des économies dans le transport en commun, en redirigeant notamment les élèves dans leurs écoles de quartiers. Crédit image : Lila Mouch

L’autre aspect que le conseil scolaire anglophone veut réduire est le transport scolaire, un des problèmes clés identifiés dans le rapport. Dans ce document, il est indiqué que la problématique est encore plus complexe pour les élèves en classes de programme spécialisé, suggérant qu’il faille intégrer les élèves ayant des besoins spéciaux dans les classes normales.

Le transport scolaire d’élèves venant d’autres quartiers et notamment ceux attirés par l’immersion précoce et ceux avec des besoins spéciaux coûterait trop cher.

L’aspect financier était d’ailleurs une épée de Damoclès sur le Conseil puisque depuis la sortie de son budget l’année dernière, le plus grand conseil scolaire d’Ottawa devait effacer un déficit de 19 millions de dollars.

Dans son nouveau rapport, le conseil démontre comment il pourrait économiser cette somme. Il semble même qu’en supprimant le programme d’immersion précoce et les classes spécialisées, cela sauverait des coûts dans le transport. Les élèves n’iront plus dans les écoles qui proposent les programmes, puisqu’ils retourneront dans leurs écoles de quartier. Le gain : une réduction majeure du transport scolaire.

C’est la déduction qui est faite : « L’école communautaire désignée de l’élève n’est pas nécessairement l’école la plus proche de son domicile, mais plutôt le programme le plus proche de son domicile. »

D’après l’OCDSB, le choix de venir dans ces programmes augmente le nombre d’élèves éligibles au transport et le nombre de trajets de transport. « La majorité de ces élèves (à besoins spéciaux) sont transportés loin de leur école communautaire – dans certains cas, sur de longues distances. Ces problèmes combinés augmentent le besoin de transport en petit véhicule (par exemple, des fourgonnettes), ce qui représente un modèle de service plus coûteux. Au cours de l’année scolaire 2022-2023, ce coût s’élevait à environ 18 850 000 $. »

La décision n’a pas encore été donnée officiellement. ONFR a tenté de joindre le Conseil scolaire du district Ottawa-Carleton, sans succès à l’heure où nous écrivons ces lignes.