
Jeux d’été de l’Ontario à Sudbury : immersion dans la passion sportive d’aînés francophones

SUDBURY – C’est la deuxième et dernière journée des 30e Jeux d’été de l’Ontario 55+, à Sudbury. Des participants francophones venus de toute la province s’affrontent dans une dizaine de disciplines sportives. ONFR a rencontré quelques-uns de ces athlètes passionnés, venus partager leur attachement au sport et à cet événement unique.
Le soleil chauffe déjà fort sur les terrains extérieurs du Collège Boréal. Malgré la chaleur, les athlètes séniors dans la mi-cinquantaine en montant s’activent à la balle lente, un sport où la patience et la précision priment. Parmi eux, Guy Gaudreault, 58 ans, de London, est concentré sur chaque lancer.

« Il fait chaud, mais on reste bien hydratés et on prend des pauses dès qu’on en a besoin », explique celui qui avait fréquenté les bancs de l’Université Laurentienne au début des années 90.
Avec des températures frôlant les 30 degrés, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour assurer la sécurité des aînés, installant des stations médicales sur tous les lieux de compétition et déployant au total près de 230 bénévoles.
Du curling au golf, en passant par le pickleball ou le bowling, les épreuves s’étalaient aux quatre coins de Sudbury, pour ce grand rassemblement intergénérationnel qui n’avait pas été accueilli dans la ville depuis 2010.

M. Gaudreault pratique la balle lente au niveau récréatif dans cette compétition où s’affrontent également des professionnels : « La balle lente, c’est comme le baseball, sauf qu’on lance plus lentement, ça demande beaucoup de précision »
« J’ai commencé à 55 ans, parce que j’aime le sport en général. J’avais joué quand j’étais jeune, mais pas en équipe. Ici, c’est très amical, on prend ça au sérieux, mais ce n’est pas trop compétitif », raconte celui qui en est à sa troisième participation aux Jeux.
Briser l’isolement des aînés
À l’intérieur, du côté du golf du Club Timberwolf de Garson, Noël Gaudette, 80 ans, est bénévole pour la première fois aux Jeux. « J’ai choisi d’être à l’intérieur parce que je ne supporte pas la chaleur », confie-t-il assis devant une vue imprenable sur les parcours.
Seul bénévole francophone sur le site, M. Gaudette gère les feuilles de score et l’affichage des résultats. « J’aime bien voir l’ambiance, rencontrer les joueurs, même si je suis un peu gêné pour parler, mais c’est important ici de créer du lien entre tout le monde. »

Le retraité insiste sur l’importance de ces rassemblements pour les aînés : « Les seniors ne se voient pas souvent. Ces Jeux, c’est un moment où ils peuvent jouer, discuter, rire, et ça fait du bien à tout le monde. Ici, on est comme une grande famille. »
Suzanne et Guy Lemay, venus de Cornwall, sont du même avis. Les retraités de la fonction publique fédérale ont roulé plus de sept heures de route pour partager leur passion pour le pickleball, un sport qui gagne en popularité chez les personnes âgées.
« Ce qu’on aime, c’est la variété. On joue avec des joueurs qu’on ne connaît pas, on fait des circuits, ça permet de rencontrer des centaines de personnes », relate Mme Lemay depuis le Centre athlétique de Cambrian.

Le couple qui participe cette année dans la catégorie 4.0 – un niveau élevé – aime aussi le côté social des Jeux. « On a hâte à la soirée à Science Nord, c’est un bel événement qui rassemble tout le monde », nous racontait M. Lemay mercredi matin.
Néanmoins, l’événement, concentré sur deux jours intenses de compétitions, ne laisse que peu de temps pour se détendre ou faire du tourisme. « Trois jours, c’est court. Si ça durait une semaine, on pourrait vraiment en profiter plus », regrette de son côté Suzanne Lemay.

Le fun avant la compétition
Au salon de quilles Plaza Bowl, Paul Bélanger, originaire de Timmins, salue l’esprit sportif de l’événement. Comme tous les autres participants, celui-ci a été rigoureusement sélectionné après une qualification dans des épreuves à Timmins.
« Il faut gagner plusieurs fois, sinon tout le monde pourrait venir sans limites », conte celui qui est venu avec une petite délégation de Timmins.

Septuagénaire et entraîneur de bowling depuis plus de quarante ans, il en est à sa cinquième participation aux Jeux.
« On n’a pas fait un gros score pour le moment », raconte-t-il juste avant de faire un coup de quille qui rapportera de précieux points à son équipe. « Mais on est là pour s’amuser. Oui, on veut gagner, bien sûr, mais ce n’est pas le but premier. C’est de se retrouver entre passionnés. »
Les compétitions culmineront ce jeudi avec la cérémonie de remise des médailles d’or, d’argent et de bronze, où les athlètes seront honorés comme aux Jeux olympiques.

Encourager plus de femmes
Changement de décor dans la salle plus intimiste et sombre du Rhythm’N’Cues où Carole Giroux s’active autour de la table de billard, un sport qu’elle a pu retrouver récemment après sa retraite.
Ce que la femme de 62 ans aime dans les Jeux, c’est l’ambiance, la camaraderie. « C’est un bel événement. Les gens sont tous super chill, relax. On veut tous juste jaser, se faire des amis. »

Mais en compétition, les femmes sont encore largement sous-représentées. « Cette année, on est juste trois femmes à jouer, contre onze hommes. Il y a pourtant plein de femmes qui jouent au billard, mais c’est encore nouveau pour plusieurs. J’espère qu’on sera plus nombreuses l’an prochain », confie la retraitée de l’Université de Sudbury.
Elle évoque aussi une autre participante, venue seule de l’Est ontarien, qui hésitait à faire le déplacement.
« Elle m’a dit qu’elle avait peur d’être toute seule dans son coin. Je lui ai répondu que j’allais rester avec elle, qu’on allait passer la journée ensemble. C’est ça aussi, les Jeux. C’est de ne pas laisser les gens seuls. »