
L’Université de l’Ontario français abolit trois postes de direction

TORONTO – Engagée dans une restructuration de son administration, l’Université de l’Ontario français (UOF) a aboli trois postes de direction, dont celle du Carrefour des savoirs et de l’innovation, un projet financé à hauteur de 1,9 million de dollars, il y a six ans.
« Après six années d’opération, c’était le temps de revoir la structure organisationnelle, particulièrement du côté administratif », justifie le recteur de l’UOF, Normand Labrie, qualifiant cette pratique de « courante et saine dans les organisations. »
L’institution se sépare « à partir de maintenant » de trois postes de cadre, a appris ONFR : la direction du Carrefour des savoirs et de l’innovation, la direction de la formation sur mesure et continue, ainsi que la direction de l’orientation stratégique.
Objectif : resserrer l’appareil administratif et se focaliser sur le volet académique, en vue du passage à un modèle régulier de financement des universités, en 2027. L’université sortira alors de sa période de démarrage cofinancée par les gouvernements ontarien et canadien et sa croissance dépendra donc bien plus de son bassin d’étudiants.
« Il faut être responsable sur le plan budgétaire, souligne M. Labrie. On ne peut pas faire de déficit. Ce serait très mauvais. Maintenant qu’on a des assises plus solides et qu’on est en phase de croissance, notre priorité pour les années à venir, c’est le recrutement d’étudiants (ce qui va générer nos revenus), le développement de nouveaux programmes et la qualité de l’expérience étudiante. »
L’UOF s’est appuyée sur un consultant externe qui aurait conclu qu’elle détenait beaucoup de postes de direction par rapport à sa petite taille.
Au-delà des trois postes abolis, M. Labrie affirme qu’il n’y aura pas d’impact sur d’autres employés puisque, sous ces trois directions, « il n’y avait pas d’employés, seulement des stagiaires qui ont tous été transférés dans d’autres services appropriés qui poursuivent le travail ».
Le Carrefour des savoirs et de l’innovation « ne disparaît pas »
Créé en 2019 grâce à un investissement fédéral de 1,9 million de dollars, via Patrimoine canadien, le Carrefour des savoirs et de l’innovation devait bâtir des ponts avec la communauté, notamment pour donner corps à son approche expérientielle consistant à ancrer l’apprentissage dans des projets concrets, dans la communauté et le monde du travail.
Mais le Carrefour ne disparaît pas pour autant, assure le recteur : « Il continue d’exister, mais de façon transversale. (…) Par exemple, les stagiaires passent par le service du responsable des stages et, avant de lancer de nouveaux programmes, la communauté est sondée par le biais de comités consultatifs. Les réflexes sont là (…) Les partenariats continuent et s’accélèrent. »

Sans direction, peut-on encore parler de Carrefour? Oui, assure le recteur. « Cette notion demeure dans tous nos liens avec nos partenaires qui sont identifiés et on en ajoute constamment. (…) Le Carrefour fait partie du concept même de l’université, mais il va prendre une saveur plus académique. On n’est pas là pour coaguler toute la francophonie sur le plan communautaire et culturel. On concentre plutôt nos ressources et notre énergie sur la recherche, la formation et le soutien à la collectivité. »
Le poste de direction nous a servis à établir des connexions avec les partenaires, mais maintenant elles existent et sont solides. » Et de prendre en exemple les liens tissés avec le Salon du livre de Toronto ou encore la Semaine de la francophonie, directement pilotés par la direction du Carrefour.
Un temps envisagé comme un lieu physique qui regrouperait plusieurs organisations autour de l’université, le Carrefour avait finalement pris forme au sein même de l’édifice actuel de l’UOF, en location sur la rue Lower Street. La montée en puissance des cours à distance depuis la pandémie a convaincu un peu plus la direction de ne plus considérer un carrefour physique à court ou moyen terme et de se concentrer sur le bâtiment existant, dont la taille convient.
Inaugurée en 2020, l’UOF, qui a célébré ses premiers diplômés en juin dernier et fait sa rentrée avec 588 étudiants au début du mois de septembre, a clôt son dernier budget à l’équilibre et vise toujours l’équilibre dans son prochain exercice. « On va l’avoir, on devrait l’avoir », escompte M. Labrie, partisan d’une transition douce en 2027 « pour ne pas avoir à prendre de décisions difficiles ».