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Les artisans du drapeau franco-ontarien honorés à Sudbury

Les membres du comité de création du drapeau franco-ontariens ont reçu le Prix de la francophonie 2025 de l'ACFO du Grand Sudbury. Photo: Inès Rebei/ONFR

SUDBURY – Le traditionnel banquet de la francophonie de l’ACFO du Grand Sudbury a conclu, jeudi, une journée de festivités riches en émotions pour ce Jour des Franco-Ontariens. Cette année, le Prix de la francophonie a été remis aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien en l’honneur de son 50e anniversaire.

Près de 300 personnes étaient réunies jeudi soir dans le gymnase du Collège Boréal pour une longue soirée placée sous le signe de la nostalgie.

La soirée animée par Éric Robitaille de Radio-Canada, a débuté par un cocktail avant de se poursuivre par un repas aux saveurs ontariennes, des allocutions et la remise du prix.

Le coquetel a eu lieu à la salle Au pied du rocher du Collège Boréal de Sudbury. Photo : Dominique Demers/ONFR

Cette année, l’ACFO du Grand Sudbury a décidé de rompre avec la tradition en honorant plus d’un récipiendaire, avec un choix qui fait écho au 50e du drapeau franco-ontarien qui a vu le jour à Sudbury.

« Comme plusieurs le savent déjà, il a fallu près d’une quinzaine d’années pour que la communauté franco-ontarienne découvre les créateurs du drapeau », a souligné Danielle Barbeau-Rodrigue, vice-présidente du conseil d’administration de l’ACFO du Grand Sudbury, faisant référence à Gaétan Gervais et Michel Dupuis, tous deux disparus en 2018.

Elle a rappelé que le projet du drapeau franco-ontarien, longtemps rêvé par Gaétan Gervais, n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de plusieurs collaborateurs, ce que l’ACFO a voulu reconnaître.

De gauche à droite, Danielle Barbeau-Rodrigue, Nawfal Sbaa (ex-président de l’AEF, organisme également reconnu avec ce Prix), Donald Obonsawin, Normand Rainville, Nancy England, Yves Tassé et Marc Gauthier (président du CA de l’ACFO du Grand Sudbury). Le drapeau originel était projeté toute la soirée sur la scène. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Ce sont donc des membres du comité de création du drapeau franco-ontarien, soit Donald Obonsawin, Normand Rainville et Yves Tassé et Jacqueline England, qui se voient remettre cette distinction soulignant l’engagement et la contribution d’individus à la vitalité de la francophonie locale depuis 1983.

Un deuxième drapeau

Nancy England, fille de Jacqueline England, disparue en 2017, est venue recevoir le prix au nom de sa mère qui fut la couturière du premier drapeau de 1975. 

Le public a découvert l’existence d’un deuxième drapeau original également cousu par sa mère qui l’avait laissé en héritage à son petit-fils. « Il appartient maintenant à la communauté », a souligné Nancy England en remettant le deuxième drapeau à Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury jeudi soir. 

Donald Obonsawin a offert le traditionnel toast du banquet en compagnie du président de l’AFO, Fabien Hébert. Photo : Inès Rebei/ONFR

Visiblement émue, elle a aussi expliqué que « chaque fois que nous voyons ce drapeau, c’est un fragment de l’esprit et de l’engagement de ma mère qui vit à travers lui. Pour ma famille et pour les Franco-Ontariens, c’est une immense fierté. »

« Je voudrais par contre réserver mes plus gros remerciements à vous, les Franco-Ontariens qui ont accepté le drapeau. Nous avons lancé une idée, un concept, mais il n’aurait jamais existé si la population ne l’avait pas accepté. Merci à tous pour votre soutien », a lancé l’actuel chancelier de l’Université de Sudbury, Donald Obonsawin après avoir salué la contribution des autres idéateurs du drapeau.

Un constat partagé par Yves Tassé dans son discours : « Notre contribution est petite, mais c’est la communauté qui a porté et défendu le drapeau pendant les 50 dernières années. Cette reconnaissance doit être partagée avec les milliers de personnes engagées dans la communauté franco-ontarienne. » 

Yves Tassé a fait allusion au documentaire de TFO, Raconte moi, animé par sa fille Isabelle Bourgeault-Tassé durant son discours pour répondre à la question de l’une des enfants qui se demandait si le comité avait conscience de l’importance de leur travail d’alors : « c’était un acte de témérité, de résistance ». Photo : Inès Rebei/ONFR

Il a également tenu à souligner l’importance de transmettre cet héritage aux générations futures avec un message en direction de ses petites-filles dont l’une d’entre elle était dans la salle : « Cette reconnaissance, je vais la laisser à mes deux petites filles [..] pour qu’elles puissent se souvenir et être garantes de l’histoire des Franco-Ontariens. » 

Normand Rainville a fait une courte allocution laquelle a débuté par une boutade sur la ville d’Ottawa avec laquelle le comité était en compétition pour la conception d’un premier drapeau : « envoyer promener quelqu’un d’Ottawa c’était un doux rêve », a-t-il lancé, provoquant des rires dans la salle.

Université de Sudbury et 30e du Collège Boréal

Avant la remise des prix, le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a pris la parole pour saluer l’engagement des Franco-Ontariens dans le développement d’institutions francophones et a rappelé les années de lutte et de sacrifices nécessaires pour concrétiser l’établissement.

« Le combat a été ardu, avec des sacrifices familiaux et personnels, mais la communauté a toujours porté ce projet », a-t-il lancé. 

Il en a aussi profité pour souligner le rôle important que jouent les étudiants de la première cohorte, qui a fait sa rentrée au début du mois, lesquels étaient présents dans la salle tout en lançant, avec humour, des appels à leur embauche auprès de potentiels employeurs présents dans la salle.

« Ils sont brillants, et je peux vous dire, parce qu’on est assis avec eux, on les écoute », a lancé recteur Serge Miville au sujet des étudiants de la première cohorte de l’établissement depuis sa relance. Photo : Inès Rebei/ONFR

Enfin, il a lancé un appel à la population pour soutenir l’Université de Sudbury et les autres établissements de langue française : « Ensemble, nous pouvons assurer le succès de nos institutions et continuer à faire rayonner la francophonie ontarienne ».

Avant le banquet, un cocktail a permis de célébrer le 30ᵉ anniversaire du Collège Boréal, en présence de membres de la communauté et d’étudiants. Pour l’occasion, le président, Daniel Giroux, est revenu sur les circonstances entourant la création de l’établissement et son évolution au cours des trois dernières décennies.

Par ailleurs, bien que leur présence était attendue, les députés provinciaux et la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont présents plus tôt au lever de drapeau n’ont pas pu assister à l’événement en raison des piquets de grève dans le réseau collégial ontarien.

Un financement de la lieutenante-gouverneure

Plus tôt dans la journée, celle qui est aussi la marraine des festivités du 50e avait lancé, à la Place des Arts, l’initiative provinciale « 50 ans de fierté! Ensemble pour demain », en partenariat avec l’Alliance culturelle de l’Ontario.

L’initiative, qui s’étend de septembre 2025 à l’automne 2026, est ouverte à tous les domaines artistiques : arts visuels, musique, danse, théâtre, médias numériques et projets interdisciplinaires.

Les projets sélectionnés pourront bénéficier d’un financement pouvant atteindre 10 000 $, ainsi que d’un mentorat régional.

La lieutenante-gouverneure lors de l’annonce à la Place des arts du Grand Sudbury. Photo : Dominique Demers/TFO

« Par cette initiative, nous lançons une invitation à toutes et tous : s’exprimer, raconter leur parcours et mettre en lumière leur créativité. Ensemble, façonnons une mosaïque vibrante qui témoigne de toute la richesse, de la diversité et de la vitalité de la francophonie ontarienne », a précisé Mme Dumont.

Les projets artistiques communautaires qui seront soutenus serviront d’éléments constitutifs pour produire une exposition collective présentée en Ontario, sur une plateforme Web bilingue et au Sommet de la Francophonie de 2026 au Cambodge.