
La maison de production Le Réveil ferme ses portes

OTTAWA – La maison de production franco-ontarienne Le Réveil met la clé sous la porte. C’est en tout cas ce qu’a déclaré ce dimanche son fondateur et directeur général, William Burton, sur le compte Facebook de l’organisme ottavien.
« J’ai voulu éveiller les jeunes, en espérant qu’eux aussi trouvent d’autres allumés qui sauraient leur montrer comment comprendre leur étincelle et la protéger avant que quelqu’un ne souffle dessus, confie William Burton dans une longue publication en ligne. Mais j’ai découvert les limites de ce rôle de porteur d’étincelles sans pouvoir être gardien de braises. »
Créé en 2015, Le Réveil s’était donné pour objectif de faire rayonner les arts et la culture francophone auprès des jeunes en milieu minoritaire. Par son entremise, de nombreux projets se sont développés dans les écoles de langue française, notamment avec des interventions d’artistes et de formateurs.
En plus de produire des contenus numériques axés sur la construction identitaire, la compagnie proposait des ateliers, conférences, animations d’événements et formation aux médias.
« J’ai vu des regards s’allumer pour un instant, un atelier, une semaine, relate le producteur et animateur William Burton, sans avoir la certitude que cette lumière pourrait survivre ensuite. Et parfois, j’ai eu peur que nos passages éphémères fassent plus de mal que de bien, en pensant aux méchancetés qui surgissent justement quand un jeune, dans un moment de vulnérabilité, commence à laisser paraître une flamme et qu’elle est attaquée par d’autres qui ne veulent pas se permettre d’être aussi courageux. »
Et d’énumérer plusieurs limites à son action comme la formation, le financement et la compétition entre les écoles. « Les enseignants, les animateurs culturels, les gouvernements étudiants et les communautés doivent être formés et financés pour soutenir l’éveil », dit-il, estimant que son organisme et ses partenaires ne pouvaient pas tout faire.
« Le cœur du rêve, cette flamme fragile, (…) demandait une continuité et une présence quotidienne qui allaient bien au-delà de ce que Le Réveil et ses partenaires pouvaient offrir dans le cadre d’un atelier, d’un spectacle ou d’un projet spécial. C’était un changement plus grand, qui dépassait nos actions et relevait d’un mouvement collectif et systémique », poursuit celui qui a reçu, en 2022, le prix Jeunesse de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et a rebondi, depuis ce mois de septembre, sur un autre défi professionnel, en tant que coordinateur de programme au Centre d’entrepreneuriat (E-Hub) de l’Université d’Ottawa.
Son complice de longue date, le youtubeur Phil Rivière, considère la fin du Réveil comme « une grosse perte pour la francophonie canadienne, mais tous les jeunes qui se sont sentis inspirés par Le Réveil, j’ai l’espoir qu’ils vont prendre le flambeau et continuer à faire du stuff rassembleur en français. »
Et de conclure : « J’ai vu des dizaines de milliers de jeunes avoir du fun en français grâce à ces initiatives et je pense qu’on va continuer à en ressentir les impacts pendant longtemps. »
L’annonce de la fermeture du Réveil a suscité de nombreuses réactions en ligne, essentiellement des messages de félicitations et de reconnaissance pour son impact durant 10 ans.