Société

Consortium Centre Jules-Léger : « Adapter le financement aux besoins croissants des élèves »

Jean-François Boulanger, directeur de l’Éducation du Consortium Centre Jules-Léger, plaide pour un modèle de financement adapté à la croissance des effectifs. Gracieuseté

Jean-François Boulanger est le directeur de l’Éducation du Consortium Centre Jules-Léger (CCJL), poste qu’il occupe depuis le transfert de gouvernance en 2020.

Lors de la dernière Assemblée générale de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), le CCJL a déposé une résolution réclamant un modèle de financement stable, prévisible et adapté à la croissance de ses effectifs, invitant ainsi l’AFO à en faire une priorité dans ses démarches auprès du gouvernement ontarien.

Depuis 2020, le CCJL a vu ses inscriptions bondir de 72 %, passant d’une quarantaine à plus d’une centaine d’élèves à Ottawa, tout en desservant plus de 600 jeunes à distance à travers l’Ontario. Sans révision du mode de financement, la seule institution francophone spécialisée de la province risque de voir sa croissance freiner la qualité des services offerts à ses élèves.

« Vous avez présenté un budget 2025-2026 d’environ 21 millions de dollars, soit un écart de quatre millions avec le montant alloué. Que représente cette situation à long terme pour le Centre Jules-Léger?

Il faut d’abord préciser que notre financement ne fonctionne pas comme celui d’un conseil scolaire habituel. Depuis que nous avons notre propre gouvernance, il y a cinq ans, le Consortium est une véritable histoire à succès. Nous travaillons étroitement avec le gouvernement pour adapter notre modèle de financement aux besoins croissants des élèves.

Le budget a donc évolué au fil du temps?

Nous avons aujourd’hui 72 % d’élèves de plus qu’en 2020. Cela exige davantage de personnel et de ressources. Avec l’appui du gouvernement, nous avons pu ajuster le budget pour maintenir la qualité des services.

Quelles pistes de solution explorez-vous avec le ministère?

Nous renouvelons actuellement notre modèle de financement. Des discussions ont lieu entre le CCJL et le ministère pour établir une formule mieux adaptée à notre réalité. Rien n’est arrêté, mais nous cherchons des solutions durables pour répondre à la hausse des demandes.

Vous avez présenté une résolution à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Quel en était l’objectif? 

L’objectif est surtout d’engager la communauté francophone et de mieux faire connaître la mission du Centre Jules-Leger. Après 45 ans d’existence, dont cinq sous le modèle du Consortium, nous restons encore un « secret bien gardé ». Nous voulons sensibiliser la population à ce que nous faisons.

Vous souhaitez aussi devenir propriétaire de vos locaux à Ottawa dont vous êtes locataire actuellement?

Nous sommes confiants que cela se concrétisera d’ici la prochaine année. Être propriétaire nous permettra de mieux adapter nos installations aux besoins des élèves et d’assurer nous-mêmes la gestion des infrastructures. Cela viendra, nous l’espérons, avec un financement correspondant.

Quels sont les principaux défis auxquels le Centre fait face?

Comme tous les conseils, nous devons recruter du personnel qualifié, ce qui n’est pas simple dans le contexte actuel. Un autre défi, c’est de faire connaître nos services à l’échelle provinciale : plus la communauté comprend notre rôle, plus il est facile d’obtenir le soutien nécessaire pour les élèves ayant des besoins particuliers.

Combien d’élèves desservez-vous?

Nous avons deux écoles à Ottawa : l’École provinciale qui accueille les enfants sourds, aveugles ou sourds-aveugles, et l’École d’application pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage sévères. Environ 100 élèves y sont inscrits. À cela s’ajoute une équipe volante de sept personnes qui dessert environ 600 autres élèves dans 250 écoles francophones à travers la province.

Certains enfants risquent-ils de ne pas recevoir les services adéquats?

Le risque existe surtout là où notre travail est encore méconnu. Si les écoles ne savent pas qu’elles peuvent faire appel à nous, les élèves concernés n’en bénéficient pas. Notre priorité est donc d’accroître la visibilité du Consortium. En revanche, quand nous refusons une demande, c’est parce que le profil de l’enfant ne correspond pas à nos services, et non par manque de ressources.

Craignez-vous des coupes budgétaires ou des suppressions de postes?

Nous sommes en pleine phase de recrutement pour répondre à la croissance du nombre d’élèves. Le Consortium compte actuellement environ 150 personnes à travers la province.

Un dernier mot?

Je suis fier de constater que les choses vont bien. Il reste quelques ajustements à faire, mais le Consortium Centre Jules-Léger continue de progresser et d’assurer un service de qualité aux élèves francophones ayant des besoins particuliers. »