À 40 ans, l’Association des francophones du Nunavut veut se doter d’une Maison de la francophonie
IQALUIT – Alors qu’elle célèbre son 40e anniversaire cette année, l’Association des francophones du Nunavut (AFN) travaille à la réalisation d’un autre grand projet, celui d’une Maison de la francophonie qui remplacerait l’actuel édifice où elle se trouve et qui regrouperait tous les services en français.
« Tout ce qui concerne vraiment la francophonie ou des services en français serait sous le même toit. Une étude de faisabilité a déjà été produite. La prochaine étape, ce serait le plan d’affaires », précise le directeur général de l’AFN, Christian Ouaka.
Ce projet a germé il y a longtemps, mais ce n’est qu’au cours des deux dernières années qu’il a réellement été mis sur les rails.
« Nous espérons qu’on pourra aller chercher le financement nécessaire. Ici au Nunavut, le coût de la vie est extrêmement élevé. Quand je dis extrêmement élevé, ce n’est pas une façon d’exagérer, mais c’est le cas. Ce qui peut coûter peut-être cinq dollars dans le Sud, ici ça peut aller jusqu’à 15 $. C’est comme trois fois le prix pour certains produits. Les coûts de construction sont vraiment élevés aussi, donc des maisons qui comptent deux pièces, trois etvdemie, quatre et demie… ça va dans les 700 000 $ », confie M. Ouaka.
« Pour notre Maison de la francophonie, on parle d’un bâtiment avec étage avec une salle de spectacle et des bureaux. Les coûts de construction ont été évalués à plus de 20 millions », ajoute-t-il.
Parmi les partenaires de l’AFN dans le projet de Maison de la francophonie se trouvent notamment des organismes et centres de services créés par l’AFN, mais aujourd’hui indépendants.
En ce qui a trait aux célébrations devant souligner les 40 ans de l’organisme, elles se feront sur toute l’année (jusqu’au 31 mars 2022) et un comité a été créé à cet effet. Elles sont toutefois au point mort depuis trois semaines car la communauté d’Iqaluit est en isolation, du fait de l’éclosion de cas de COVID-19.
« Nous avons décidé d’attendre quelque temps pour observer l’évolution de la situation, avant de faire prendre un virage virtuel à ces célébrations et activités. Deux activités phares de cet anniversaire seront un gala d’anniversaire et un festival francophone pour toute la communauté en plus de l’AGA qui a lieu chaque année », explique le directeur général de l’AFN.
40 ans de réalisations à célébrer
L’Association des francophones du Nunavut a vu le jour en 1981. Tout a commencé lorsque des amateurs de hockey qui voulaient suivre les matchs des Canadiens de Montréal ont décidé de former une association. Elle s’appelait alors l’Association francophone de Frobisher Bay, le nom que portait Iqaluit à cette époque. En 1987, elle a changé de nom une première fois pour devenir l’Association des francophones d’Iqaluit. Puis en 1999, lors de la création du territoire du Nunavut, elle a adopté le nom qu’elle porte encore aujourd’hui.
Au cours de ses 40 ans d’existence, l’AFN a été à l’origine de la création de plusieurs organismes et centres de services en français. Sa première grande réalisation fut l’acquisition en 1988, du bâtiment qui abrite le Franco-Centre.
Au fil de son histoire, l’AFN a contribué à améliorer l’offre de services de santé en français avec le Réseau Santé en français au Nunavut (RÉSEFAN). Elle a aussi contribué au développement économique par le biais de Carrefour Nunavut. RÉSEFAN de même que Carrefour Nunavut qui étaient des pans de l’AFN, sont indépendants depuis une dizaine d’années.
Le centre de la petite enfance CPE les Petits Nanooks était à l’origine une initiative de l’AFN qui opérait une garderie au Franco-Centre au début des années 1990.
La radio communautaire francophone CFRT 107.3 FM (1994) et le journal communautaire francophone Le Nunavoix (2002) sont aussi parmi les grandes réalisations de l’AFN.
Enfin, une des choses qui font la fierté de l’association, c’est la diversité de ses membres, car au Nunavut, il n’est pas nécessaire d’être francophone pour être membre de l’AFN.
« Les membres de l’AFN ne sont pas juste des francophones, l’adhésion est ouverte à tout le monde. Donc on a des membres qui sont Inuits, anglophones et francophones. On est très heureux et très fier de cette diversité, parce que c’est justement ce qui vient compléter les objectifs qu’on veut atteindre dans la communauté », conclut Christian Ouaka.