À défaut de remuer le parc, la Francofest à Hamilton fera vibrer les divans
HAMILTON – Le festival francophone fait son retour, ce vendredi soir, dans la ville de l’acier, dans une formule inédite et concentrée. Mélissa Ouimet, Moonfruits et Wesli seront en direct durant deux heures sur les réseaux sociaux pour offrir un spectacle à distance, animé par Stef Paquette.
Inutile de faire un saut au parc Gage, cette année. Vous n’y trouverez ni scène, ni public, ni chapiteau communautaire, ni vendeur de crème glacée. Tout se passera derrière les ordinateurs, tablettes et téléphones intelligents, de 18h à 20h.
Comme bon nombre d’événements ontariens, le Centre francophone Hamilton – qui coordonne le festival depuis 35 ans – s’est résolu à offrir une programmation virtuelle. Habituellement sur deux jours, elle a été réduite à deux heures et sera accessible via les plateformes web, Facebook et YouTube du Réveil, diffuseur partenaire.
Après s’être prêtée au jeu de l’entrevue avec l’animateur et les internautes, Mélissa Ouimet livrera un concert depuis son salon.
« Je serai avec Bruno (son partenaire) à l’acoustique. Il y aura de la chanson, des discussions, une remise de prix et une cérémonie de reconnaissance des finissants des écoles secondaires », détaille la pop-rockeuse de St-Albert qui apprécie la diversité du format tourné vers la jeunesse et l’échange avec la communauté.
Il reviendra à Stef Paquette d’assurer l’animation de cette mouture exceptionnelle. Déjà aux commandes de l’édition 2019, l’artiste sudburois ne sera plus dans le parc à Hamilton mais bien dans sa cours arrière, à Sudbury.
« C’est à la fois absurde et ambitieux », glisse le comédien. « Absurde car on a besoin de sentir le public. Ambitieux, car ça reste du direct. Pour moi, c’est un rayon de soleil qui vient conclure une période de confinement qui pour nous, artistes, a été compliquée avec la fermeture des salles et l’annulation des contrats. Je suis content de faire partie de ce festival. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas se rassembler qu’on ne peut pas célébrer. »
Une tête d’affiche et des surprises
Mélissa Ouimet ne sera pas la seule invitée de marque. Le duo ottavien Moonfruits et le chanteur montréalais d’origine haïtienne Wesli viendront présenter un vidéo-clip co-créé l’année dernière en marge de ce même festival.
« On avait eu trois jours pour créer une chanson basée sur des ateliers menés dans les écoles de Hamilton et être capable de la présenter en live lors du festival », raconte Alex Millaire. « C’était frais et excitant. Depuis, Wesli est devenu un ami. »
En compétition dans son premier festival d’animation à Ottawa, le vidéo-clip de la pièce Les marins de Moonfruits sera aussi diffusé, de même que deux vidéos-montages réalisés à partir des vidéos reçues de plus de 75 élèves francophones de la province, qui dansent et chantent depuis chez eux sur Personne ne pourra m’arrêter de Mélissa Ouimet et sur C Okay de LGS (Le Groupe Swing).
Le public pourrait aussi avoir droit à quelques surprises, entre les sursauts d’improvisation et d’humour de Stef Paquette, que l’on retrouvera téléporté dans un studio pour un final surprenant, et les talents cachés de barman d’Alex Millaire.
Si si. Sa passion d’enfance pour les cocktails, devenue un show en direct sur Facebook, pourrait bien déborder brièvement sur le festival, selon les indiscrétions obtenues par ONFR+.
Des spectacles en ligne mieux rodés
Il faut dire que depuis plusieurs mois, le spectacle à distance a pris de l’assurance. Passé le stress des obstacles techniques, une certaine routine s’est installée, entraînant des spectacles plus naturels.
« Des situations comme ça, ça nous choque au départ, car ce n’est pas dans nos habitudes, mais le changement amène aussi des choses positives », confie Mélissa Ouimet. « On touche des gens qu’on ne touchait pas en live, par exemple. »
« Ça nous donne l’occasion d’apprivoiser les technologies, de s’adapter et de se poser les bonnes questions sur l’avenir de notre industrie », complète Alex Millaire qui ne s’attend pas à renouer avec les gros festivals avant février-mars prochain.
« Ne pas recevoir d’applaudissements et devoir soi-même gérer l’aspect technique, ça change la dynamique évidemment, mais on doit s’y mettre pour ne pas se couper du public. »
De plus en plus d’artistes réfléchissent aux formes nouvelles que pourraient prendre les spectacles à l’avenir : un mélange entre petit public physique et public en ligne. « On l’a fait lors de notre dernier concert et on est plusieurs à se poser la question car, si on diffuse gratuitement en direct toutes nos performances physiques live, cela risque de nous couper les jambes sur le plan financier », jauge Alex Millaire.