À Kapuskasing, l’objectif de donner un second souffle au tourisme

Crédit image: Sébastien Pierroz

KAPUSKASING – Partir dans le Nord pour les vacances? Une expression un peu inhabituelle, mais que certains du côté de Kapuskasing voudraient voir devenir réalité. La municipalité souhaite en tout cas donner un coup d’accélérateur au secteur du tourisme.

François Nadeau, propriétaire de la Fromagerie Kapuskoise, est formel quand il parle de sa ville d’accueil. « On doit mieux valoriser le tourisme à Kapuskasing. On sait qu’il y a des activités disponibles à chaque endroit, mais pour les gens qui entrent en ville, ce n’est pas du tout évident. Les gens ont de la difficulté à trouver la piscine, le terrain de squash, de même pour louer un canot, il n’y pas d’indications claires. Ce n’est pas assez connu en fait. Notre information se base beaucoup sur le bouche-à-oreille. »

Pour M. Nadeau, la recherche ou l’entretien d’équipement font partie des défis bien supérieurs à la visibilité de sa Fromagerie. Mais l’entrepreneur le reconnaît : « Il faut trouver une manière de connecter les gens de l’extérieur. »

Pour ce faire, la municipalité de Kapuskasing a décidé d’aller directement au portefeuille des visiteurs. Les touristes qui arrivent à Kapuskasing doivent maintenant payer une taxe hôtelière de 2 % sur leurs factures.

La taxe appliquée sur une période de trois ans sera à raison de 3 % l’année prochaine avant de se stabiliser pour 4 % la troisième année. On parlera alors de 150 000 $ de revenus annuels pour la municipalité dédiés au tourisme.

Pour Paul Nadeau, gérant pour la municipalité de l’énergie et des projets de développement économique, il s’agira avant tout de miser sur les activités de plein air.

« On veut emporter le monde dans le Nord, mais les atouts de Kapuskasing, ce sont belles eaux, la pêche, la chasse, c’est ça que l’on veut promouvoir. »

Paul Nadeau, gérant municipal pour l’énergie et le développement économique. Crédit image : Sébastien Pierroz

Hasard ou pas, le bureau de M. Nadeau donne directement sur l’usine de pâtes et papiers de la Spruce Falls. Si aujourd’hui, elle ne compte plus que 350 employés, elle fut pendant longtemps le poumon économique de la ville.

Une époque où le secteur du tourisme comptait en somme bien peu. « Il y a maintenant une coupe d’initiatives pour le tourisme, mais rien n’est jamais provenu de la Ville. Jusqu’à maintenant, on ne faisait pas de promotion. »

L’employé se veut avant tout prudent, parlant de « première étape » avec l’embauche prochaine d’une coordonatrice pour piloter le dossier.

Enthousiasme pour les motoneigistes

Les motoneigistes du Corridor du Nord peuvent d’ores et déjà se frotter les mains, si l’on en croit le président de l’association, Michel Garon. « Ça va nous avantager, c’est intéressant de voir que les municipalités sont prêtes à investir. Nous avons les plus beaux sentiers de motoneige au pays et au monde! »

Source : Facebook Northern Corridor du Nord Snowmobile Association

Et de poursuivre : « Ce sont les mordus qui viennent dans le Nord. Nous sommes loin de la région du Grand Toronto. Ça prend une fin de semaine pour venir et retourner. Les solutions passent selon moi par le marketing et les annonces. On les faits mais bénévolement. On espère que la municipalité et les régions font faire la promotion des sentiers et de chez nous. »

L’association de motoneige régionale de M. Garon gère des sentiers entre Cochrane et Greenstone.

Prudence au centre-ville

Du côté du centre-ville, on accueille avec prudence cette nouvelle. Mais la Ville insiste que cela peut créer « des opportunités » pour les hôtels et les restaurants.

Au restaurant China Clipper sur l’avenue Riverside, la propriétaire Marie-Anne Miville est quelque peu sceptique. « On a déjà beaucoup de touristes qui viennent à Kapuskasing pour la fête du Canada, le Festival de la St-Jean, le Festival des bûcherons, et le Festival de musique country de La Forge. Dans ces périodes, on est pas mal occupé. Les touristes viennent alors de partout. »

Augmenter le nombre de touristes à Kapuskasing? On est aussi dubitatif du côté de l’hôtel Super 8, le long de la route Transcanadienne. « C’est difficile à dire si cela profitera. Le trafic que nous avons à l’hôtel, ce sont des gens qui ne font que passer pour Thunder Bay, ou dans l’autre sens pour Ottawa. Kapuskasing n’est pas du tout une destination », affirme la direction.

Avec plus de 8 000 résidents, Kapuskasing reste l’une des villes les plus populeuses du Nord de l’Ontario. Quelque 66,4 % d’entre eux possèdent le français comme première langue officielle parlée, selon le denier recensement de Statistique Canada.