À L’Université Laurentienne, Wynne évasive sur les dossiers francophones

Kathleen Wynne à la rencontre des étudiants.Crédit image:

SUDBURY ­­– Une centaine d’étudiants et de professeurs étaient assis en cercle pour accueillir Kathleen Wynne, de passage à l’Université Laurentienne pour une assemblée publique. Réconciliation autochtone et francophonie ont marqué une vive discussion, au Centre autochtone de partage et d’apprentissage (CAPA), le lundi 12 février. 

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

 La communauté franco-ontarienne était sur toute les lèvres, inspirant la majorité des questions à la première ministre de l’Ontario.

Lorsque questionnée au sujet de la provincialisation de l’Université de l’Ontario français, Mme Wynne a évité de se prononcer. La foule est demeurée silencieuse alors que la première ministre a réitéré que «si la francophonie est forte en Ontario, l’Ontario est fort», une réponse qui avait pourtant soulevé des applaudissements enthousiastes à Ottawa.

La question du statut officiel du bilinguisme de Sudbury et de la province est aussi ressortie d’un étudiant inspiré par le succès du mouvement Ottawa ville bilingue.

«Nous n’avons pas à ce moment un plan pour le bilinguisme provincial», a déclaré la première ministre sans équivoque. Toutefois, elle a laissé place à un bémol. «La solution d’Ottawa est une initiative municipale. Si d’autres municipalités veulent une législation similaire, nous sommes ouverts à cette possibilité.»

Malaise dans la traduction

Un moment de malaise a couronné la rencontre alors que Mme Wynne a demandé à un étudiant unilingue francophone d’expliquer ses questions en anglais. Le jeune homme s’est donc tourné vers la foule, qui a agi en tant que traducteur.

La première ministre, alors questionnée sur la difficulté de se faire servir en français dans le Nord ontarien, a peiné à répondre en français, passant fréquemment à l’anglais pour quelques mots ici et là ainsi qu’une phrase complète à la fin.

À la question plus précise de savoir quelles seront les priorités de sa plateforme électorale en ce qui a trait à la francophonie, Mme Wynne a simplement répondu qu’elle «n’a pas, en ce moment, de plateforme électorale».

 

Un examen «mal traduit»

Une étudiante en sciences infirmières a aussi soulevé un problème plus ésotérique. Elle a témoigné que l’examen NCLEX (National Council Licensure Examination) serait si mal traduit en français que «la majorité des 53 étudiants du programme francophone décident de prendre le test en anglais».

La première ministre avoue n’avoir rien entendu auparavant à cet effet et n’a donc pas de solution immédiate. Elle s’est engagée toutefois à en parler avec le ministre de la Santé et des Soins de longue durée.

 

Réconciliation après le décès de Colten Boushie

Le discours d’ouverture de Heaven Man a donné le ton à une conversation centrée sur la philosophie et les enjeux autochtones. D’emblée, le leader autochtone a abordé les relations aux femmes, aux communautés autochtones et à l’environnement, des thèmes qui sont revenus à maintes reprises dans les questions de la foule et les réponses de Mme Wynne.

«C’est un temps de deuil», s’est exclamé Pamela Toulouse, professeure à la faculté d’éducation et vice-rectrice agrégée par intérim aux relations autochtones. Une référence à l’acquittement de Gerald Stanley, un fermier qui a tiré fatalement un jeune autochtone en Saskatchewan l’été dernier.

Lorsqu’interrogée à cet égard par une femme autochtone qui brandissait une pancarte «Justice pour Colten», la première ministre a offert son appui moral à la communauté, exprimant ses sympathies. «J’aimerais rajouter ma voix aux condoléances présenté à la famille de Colten, et à toutes les familles qui ont souffert de notre histoire et de notre manque de réconciliation.»

Quoique’elle a avoué n’avoir que peu de recours dans cette affaire qui a eu lieu dans une autre province, la première ministre a tout de même souligné des initiatives ontariennes.

«Nous avons reconnu qu’en Ontario, il y a un problème de représentativité des communautés autochtones sur les jurys. Nous avons demandé conseil à Frank Iacobucci, [ancien juge de la Cour suprême du Canada], et nous sommes en train de remédier à la situation. Nous espérons que ce genre d’initiatives servira d’exemple aux autres provinces.»