Activités annulées : moins d’argent pour les communautés franco-ontariennes
Le printemps et l’été sont souvent l’occasion pour les clubs sociaux, comme pour les organismes communautaires, d’organiser des activités de collecte de fonds. Mais avec la COVID-19, beaucoup ont dû se résoudre à annuler ces événements. À Clarence-Rockland, Sturgeon Falls et Rivière des Français, cela se traduira par moins d’argent pour soutenir la jeunesse franco-ontarienne.
Le premier samedi du mois de juin est devenu une date incontournable pour les amateurs de homards de l’Est ontarien. Cette année, le Club Optimiste de Rockland devait célébrer la 45e édition de son célèbre souper qui fait salle comble à l’aréna Jean-Marc Lalonde.
« En moyenne, nous accueillons entre 900 et 1 000 personnes, c’est-à-dire le maximum que la salle peut contenir. C’est notre plus grand événement de collecte de fonds de l’année », explique le président du club et de l’événement, Denis Vaillancourt.
Début avril, il a fallu se résoudre à annuler.
« On a regardé ce qui se passait dans les pays qui ont été touchés avant le Canada. On savait que ça prendrait au moins deux à trois mois avant un retour des activités. Il fallait prendre une décision difficile. »
C’est aussi la décision qu’a prise le Club Richelieu de Sturgeon Falls.
« Nous avions déjà dû annuler notre souper de la francophonie, fin mars. Mais le souper de homards, c’est notre plus grosse collecte de fonds. Ça attire environ 200 personnes chaque année et rapporte entre 6 000 à 7 000 $. On est une dizaine de bénévoles et ça prend des mois de préparation », explique la présidente, Diane Cantin, qui rappelle également que les bingos ont aussi été suspendus.
Pas de tournoi de balle à Rivière des Français
Depuis 35 ans, Rivière des Français est l’hôte d’un tournoi familial de balle molle qui accueille, pour la seconde fin de semaine d’août, une centaine d’équipes et quelque 6 000 visiteurs. La COVID-19 obligera, là aussi, les participants à attendre une année supplémentaire.
« Ce sont souvent des habitués, des gens qui viennent de partout, en famille, avec les enfants, les parents et les grands-parents. Ça prend beaucoup de préparation et d’argent à organiser, alors on ne pouvait pas prendre le risque », raconte un des organisateurs et membres du Club Richelieu local, Richard Bisaillon.
Manque à gagner
À Rockland, le Club Optimiste avait envisagé reporter son événement à l’automne, pour la deuxième saison de la pêche aux homards, avant de se raviser.
« Il y a déjà beaucoup d’activités dans la région, donc même si ça reprend d’ici là, ça aurait posé problème », explique M. Vaillancourt.
Son club, comme le Club Richelieu de Sturgeon Falls, pourra toujours compter sur la vente de gâteaux de Noël. Mais la somme amassée est bien loin des 25 000 à 35 000 $ de profit que permet de récolter le souper de homards dans l’Est ontarien.
À Rivière des Français, la situation est plus délicate.
« Le tournoi de balle, c’est notre seule activité de collecte de fonds. Ça nous permet de récolter entre 12 000 et 14 000 $. On peut difficilement faire d’autres activités, car ça demande beaucoup de travail et que notre groupe est pas mal âgé », dit M. Bisaillon.
Un impact sur la communauté
Les fonds qui sont récoltés lors de ces activités sont bien utiles dans les municipalités. À Rockland, le Club Optimiste a ainsi pu verser 125 000 $ pour aider à la confection de la salle de spectacle Optimiste, inaugurée en 2009. En 2010-2011, ce sont 50 000 $ qui ont été injectés dans un parc de jeux d’eau. Outre ces investissements majeurs, le Club finance aussi des activités sportives et culturelles pour les jeunes francophones.
« On a une réserve qui va nous permettre d’honorer nos engagements réguliers, comme les concours d’art oratoire, les bourses… On pourra aussi financer les cinq spectacles francophones prévus de juin à Noël, s’ils sont maintenus. Mais c’est sûr que pour les investissements en infrastructure, sans le souper de homards, on va devoir les garder sur la glace », déplore M. Vaillancourt.
Son club travaillait sur différentes idées comme un chalet dans le parc Potvin pour les usagers du sentier pédestre et de la patinoire ou l’aménagement d’un local communautaire pour les jeunes et les clubs sociaux à l’aréna Jean-Marc Lalonde.
À Sturgeon Falls, les camps d’été pour jeunes francophones que finance le Club Richelieu ne pourront sans doute pas avoir lieu non plus. La pandémie les rendait de toute façon peu envisageables.
« On donne aussi pour les remises de diplôme, des bourses, les scouts de Verner ou des activités sportives… On a aussi aidé les élèves de Franco-Cité à participer à un concours pancanadien de musique à Toronto… On ne pourra pas remettre autant d’argent cette année », regrette Mme Cantin.
Même son de cloche du côté de Rivière des Français où, au fil des ans, le Club Richelieu a contribué pour quelque 250 000 $ dans la communauté, notamment pour des camps d’été francophones, des paniers de Noël, des activités sportives et aussi pour la Place des Arts de Sudbury.
« Nous n’avons pas vraiment de réserves, car on donne tout ce qu’on amasse. On va essayer de faire ce qu’on peut », indique M. Bisaillon.
En attendant, du côté de Rockland, on songe déjà à l’année prochaine.
« On veut célébrer notre 45e édition, alors on pense à des options, comme de faire du homard à emporter si on est limité en nombre de personnes, histoire de garder la tradition vivante et de pouvoir amasser des fonds. »