Aide sociale : le syndicat réclame une injonction
TORONTO – Le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) demande aux tribunaux de mettre un frein à l’implantation d’un nouveau système de gestion de l’aide sociale, dont les problèmes informatiques se sont traduits par l’envoi de milliers de paiements erronés.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Le syndicat a déposé une demande d’injonction devant la Cour supérieure de l’Ontario, le mercredi 17 décembre. Il souhaite ainsi forcer le gouvernement provincial à revenir à l’ancien système de gestion de l’aide sociale tant que son remplaçant, appelé SAMS, ne fonctionnera pas sans faille.
« C’est un désastre », a pesté Warren ‘Smokey’ Thomas, président du SEFPO, lors d’un point de presse à Queen’s Park.
Les problèmes informatiques dont souffre le nouveau système de gestion de l’aide sociale de l’Ontario auraient pénalisé jusqu’à 36 000 prestataires à travers la province, selon le syndicat. Loin de se résorber, le nombre de paiements erronés se serait multiplié par six depuis l’apparition des premiers troubles, fin novembre.
Certains ménages auraient reçu un chèque d’aussi peu que 1,70 $ alors que leur prestation mensuelle d’aide sociale est habituellement de 170 $.
« Il y a un effet d’entrainement dans toute la société », a ajouté M. Thomas. « Bien des prestataires de l’aide sociale vivent dans des petits appartements. Leurs propriétaires, eux aussi, ont des paiements à faire. Ils ne peuvent pas se permettre de recevoir le loyer en retard. Et ce n’est pas à eux de porter le fardeau des erreurs du gouvernement ».
Redonner l’accès
Il suffirait de redonner aux employés provinciaux l’accès à l’ancien système de gestion de l’aide sociale, qui serait toujours fonctionnel, selon M. Thomas. Ces mêmes employés doivent, pour l’instant, corriger manuellement des dizaines de milliers d’erreurs.
Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a dit avoir pris des « mesures additionnelles » pour s’assurer que les prochains paiements d’aide sociale parviennent sans faute à leurs destinataires, le 17 décembre.
Les libéraux à Queen’s Park avaient d’abord tenté de minimiser l’affaire, affirmant qu’il s’agissait d’un pépin informatique « mineur ». La ministre responsable de l’aide sociale, Helena Jaczek, avait même dans un premier temps fait allusion à une simple « erreur administrative », suscitant l’ire de l’opposition.
Les syndicats des fonctionnaires provinciaux, dont le SEFPO, avaient pourtant prévenu le ministère des Services sociaux des dérapages possibles de SAMS pendant que le système était encore à l’essai. En vain.
L’Ontario a confié au géant informatique IBM le contrat de développer un nouveau système informatisé de traitement des chèques d’aide sociale et des prestations aux personnes handicapées, au coût de 240 millions $.