Amanda Simard sera l’avocate des francophones à Queen’s Park
TORONTO – Les Franco-Ontariens doivent rester sur leurs gardes face au gouvernement Ford, croit Amanda Simard, qui promet de les défendre entre les murs de Queen’s Park. L’élue de Glengarry-Prescott-Russell compte bien profiter de sa notoriété nouvelle pour faire entendre plus que jamais la voix des francophones de sa circonscription, mais aussi de toute la province.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Amanda Simard est députée indépendante et elle compte bien le rester pour l’instant. Sa liberté retrouvée et sa capacité d’évoluer hors des lignes de parti lui permettront d’avoir les coudées franches pour penser et agir en respect de ses valeurs, a-t-elle confié lors d’un entretien avec #ONfr.
« Je vais voter librement. Si c’est une bonne idée des conservateurs, je vais voter en faveur, sinon, je vais voter contre. Pareil pour les libéraux et le NPD », dit-elle, au terme d’une période de repos au cours des dernières semaines. Elle confie n’avoir presque pas dormi pendant la crise linguistique de l’automne, le calme retrouvé, elle se sent d’attaque pour la suite.
« Je veux que la communauté francophone sache qu’elle peut compter sur moi », réitère la députée de 29 ans. Son plan de match est clair. « Je vais étudier les projets de loi qui s’en viennent. Je vais anticiper, aussi. J’analyserai les projets de loi de manière objective avec la lentille francophone et voir comment ils affectent la communauté francophone », affirme-t-elle. Si tous les dossiers l’interpellent, elle gardera particulièrement un œil sur ceux de la santé et de l’éducation en français, dit-elle.
Elle dit vouloir défendre les droits des francophones. Avocate des Franco-Ontariens, Amanda Simard? « J’ai étudié en droit, mais je ne suis pas avocate! », lance-t-elle, même si sa démarche s’inscrit dans un désir de faire respecter la Loi sur les services en français.
Particulièrement dans le contexte provincial, les minorités linguistiques ont besoin de gens qui se lèvent et prennent leur défense, affirme Amanda Simard.
« Au fédéral, au moins il y a une chambre, le Sénat, qui représente bien les minorités. À Queen’s Park, on n’a pas ça. C’est aux députés à être sensibles aux francophones et à les représenter. Je vais essayer de le faire pour combler le vide », dit-elle, tout en souhaitant travailler avec les autres députés francophones en chambre, peu importe leur formation politique.
Même si elle est une élue d’une circonscription provinciale, son élan des dernières semaines la pousse à penser qu’elle peut influencer les choses de manières provinciales. Elle ne veut pas laisser passer cette chance. « Je représente mon monde chez nous, mais je sens que je peux représenter les francophones de partout », lance-t-elle.
Dans cet esprit, elle compte effectuer des tournées auprès de francophones de partout dans la province. « Ça va être d’aller voir les gens, d’avoir le contact, on va tous travailler ensemble », souhaite-t-elle.
Elle avait visité le Nord de la province, cet automne, dans le cadre d’une tournée avec la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney. « Mais je vais y retourner. Je vais sûrement pouvoir avoir d’autres genres de discussions avec les gens! », lance-t-elle.
Le fédéral l’intéresse
Si elle laisse planer le doute sur la possibilité qu’elle se joigne un jour au Parti libéral de l’Ontario, en fonction de l’identité de son nouveau chef, elle fait aussi une révélation surprenante sur son profond attachement à la politique fédérale. « Je ne ferme pas la porte dans le futur. Pas tout de suite, mais ça m’intéresse de travailler sur les dossiers fédéraux. Surtout que la Loi des langues officielles est plus forte. Elle a plus de mordant », lance-t-elle.
Intéressée à se lancer dès la prochaine élection fédérale à l’automne? « Non, non, non! », dit-elle, vivement. « J’appuie mon député de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin », précise-t-elle.
Cette semaine, devant le Club canadien de Toronto, Amanda Simard est revenue sur la crise linguistique de l’automne. En plus de rappeler les grands pans de la crise, elle a donné son opinion sur l’arrivée d’une nouvelle conseillère francophone pour le premier ministre, Doug Ford. Marilissa Gosselin n’aura pas d’influence, selon Simard. « Doug Ford avait une conseillère pendant cinq mois et il ne l’a jamais consultée. C’était moi. Je ne vois pas ce que ça va changer. À la fin de la journée, c’est le bureau du premier ministre qui décide. Ce n’est pas une personne qui va influencer ce qu’il va faire », a-t-elle confié.
Les travaux parlementaires reprennent le mardi 19 février à Queen’s Park.