Voici à quoi la francophonie canadienne s’attend du budget fédéral
OTTAWA – Le gouvernement de Mark Carney déposera son budget annuel mardi, un exercice financier qui « exigera certains sacrifices » dans un contexte où le premier ministre parle de réduction des dépenses de l’État. Mais qu’en est-il de la francophonie canadienne? On vous résume certaines des demandes des francophones hors Québec pour ce premier budget de l’ère Carney.
Au cours des dernières semaines, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, et le premier ministre ont promis des « investissements générationnels ». Cette stratégie, comme le rappelle M. Champagne est comparable à celle utilisée après la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, où il fallait « tracer une nouvelle voie pour ce pays ».
Dans une vidéo publiée vendredi sur ses réseaux sociaux, le premier ministre a indiqué que la hausse des dépenses du gouvernement dans les dernières années « n’est pas soutenable ». Mark Carney a aussi prévenu que la situation actuelle du pays « exigera certains sacrifices », a-t-il dit lors d’un discours à l’Université d’Ottawa il y a une dizaine de jours.
« Nous allons réduire les dépenses gouvernementales inefficaces et nous investirons massivement dans les domaines qui favorisent l’économie », a réitéré le premier ministre dans ce vidéo aux allures de message prébudgétaire.
Financement accru
Dans le cadre des consultations prébudgétaires, le comité des Finances a reçu plus de 964 documents soumis par différents groupes d’intérêts au pays, nous nous sommes attardez à ceux qui représentent les intérêts des francophones en situation minoritaire. Si les demandes de ces organismes diffèrent sur plusieurs points, tous souhaitent voir une augmentation de l’enveloppe budgétaire qui leur est consacrée par le gouvernement fédéral.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) réclame une plus grande part du gâteau pour les organismes de la francophonie ontarienne, estimant que ceux-ci sont sous-financés par rapport au reste de leurs confrères hors du Québec.
« Les 17 ACFO de la province se partagent moins de 800 000 $. Deux d’entre elles ne reçoivent aucun financement de base. Huit autres reçoivent moins de 40 000 $ par année », déplore l’AFO dans son document prébudgétaire.
Le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), le porte-voix du développement économique des communautés francophones et acadiennes espère que les propos du premier ministre ne signifient pas des coupures pour la francophonie canadienne.
« On veut s’assurer de protéger notre propre financement, mais aussi, je dirais de façon générale, le financement aux organismes de la francophonie canadienne, c’est important. C’est un des éléments qu’on va suivre avec attention », soutient son président-directeur général, Yan Plante.
Économie et main-d’œuvre
En plus de surveiller le financement, le RDÉE Canada aimerait voir des crédits d’impôt ou une sorte d’aide financière pour favoriser les missions commerciales pour les entreprises et la réduction des barrières du commerce interprovincial.
« Quand il y a des missions économiques, souvent le frein qu’on voit, c’est que l’entrepreneur réalise que ça va lui coûter quelques milliers de dollars pour se déplacer et qu’en plus pendant ces journées-là, il n’est pas dans son entreprise » donne M. Plante comme exemple.
« Un gouvernement ne crée pas d’emploi et ne génère pas tant que ça d’activité économique, mais un gouvernement doit être là pour mettre en place un contexte dans lequel il est facile de faire des affaires », rappelle Yan Plante, qui souhaite aussi qu’Ottawa accorde un répit aux contribuables dans le contexte actuel.

À l’image du RDÉE Canada, l’AFO espère plus d’actions visant à favoriser la création d’une main-d’œuvre francophone et bilingue. Parmi les mesures se retrouvant dans sa soumission budgétaire au ministre Champagne : accélérer la reconnaissance des diplômes et favoriser la mobilité interprovinciale, le développement de formations professionnelles bilingues adaptées aux secteurs en pénurie comme en éducation et en santé, etc.
La Fédération de la jeunesse canadienne-française s’inquiète de son côté de voir le haut taux de chômage touchant les jeunes canadiens. Pour freiner la tendance, elle propose au ministre des Finances de bonifier la Stratégie emploi et compétence jeunesse, notamment en réduisant le fardeau administratif et en ajoutant une lentille francophone à ce programme.
Arts et culture
Dans le domaine des arts et de la culture, la Fédération culturelle canadienne française (FCCF) demande à Ottawa d’augmenter le financement accordé au Conseil des Arts du Canada de 140 millions de dollars et réclame aussi une hausse de 32 millions de dollars de l’enveloppe destinée aux organismes artistiques et culturels de la francophonie canadienne.
Les 17 théâtres francophones hors du Québec veulent de leur côté qu’Ottawa consacre 1 % de l’ensemble des dépenses de son prochain budget aux arts, à la culture et au patrimoine.
Postsecondaire
L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) presse Ottawa d’en faire davantage au niveau financier pour le secteur postsecondaire, une demande soutenue aussi pas l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. L’ACUFC appelle les libéraux à respecter une promesse électorale de 2021 d’offrir 80 millions de dollars par année aux institutions postsecondaires en milieu minoritaire.