Benjamin Dennie, la voix de la jeunesse venue du Nord

[LA RENCONTRE D’ONFR+]

BLIND RIVER – Élu 47e président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Benjamin Dennie, un élève de 11e année de l’École secondaire catholique Jeunesse​-Nord, entame son mandat début juillet. Sa feuille de route : représenter, sensibiliser et défendre les intérêts de milliers de jeunes de plus d’une centaine d’écoles secondaires à travers la province. Il lui faudra notamment resserrer, par des moyens de communication novateurs, des liens que la pandémie a distendus depuis plus d’un an.

« Dans quel état d’esprit amorcez-vous ce mandat d’un an?

J’ai tellement hâte d’entamer cette deuxième année à la FESFO, après avoir été trésorier. J’aime faire ce travail-là. C’est aussi un honneur de représenter le Nord et les jeunes qui se sentent sous-représentés comme moi. J’ai toujours voulu m’exprimer fièrement en français malgré les défis.

Vos prédécesseurs venaient de l’Est et du Grand Toronto. En quoi est-ce crucial, selon vous, de représenter le Nord?

La francophonie en Ontario est quelque chose de très vaste. On peut trouver différentes cultures, accents et défis. C’est très important de représenter tout le monde au sein de notre conseils d’administration et de notre conseil de représentation, y compris les régions du Nord, pour avoir une voix auprès de la FESFO, du gouvernement et dans les projets communautaires.

Quelles sont les particularités de grandir en français à Blind River?

J’ai été élevé en français et j’ai grandi dans un milieu plutôt anglophone car, à Blind River, la francophonie ce n’est pas très commun chez les jeunes. J’ai donc eu un vécu assez difficile car je n’avais pas accès à plusieurs services en français et j’avais de la difficulté à me faire des amis dans cette langue.

Quelle sera votre priorité en tant que président?

Ça va être la communication et la promotion. L’an passé, avec la pandémie, on n’a pas pu faire d’ateliers en personne et peu de jeunes ont été sensibilisés au sujet de la FESFO. Il va falloir trouver des solutions innovantes pour les rejoindre. La pandémie a posé un défi important mais pas insurmontable. Avec nos événements virtuels, nos infolettres et autres activités en ligne, on a montré qu’on était capable de s’adapter. Cette année, on aura sûrement la chance d’avoir moins de restrictions et ce sera peut-être le retour d’ateliers en présentiel. C’est ce qu’on espère aussi.

Benjamin Dennie est élève-conseiller pour les districts d’Algoma et Manitoulin. Gracieuseté

Y a-t-il un dossier que vous avez à cœur de défendre?

Je veux surtout continuer de travailler sur le dossier du postsecondaire, à l’avant et à l’arrière-scène. Avec l’Université de l’Ontario français (UOF) qui ouvre ses portes en septembre et l’Université de Sudbury qui se développe, la jeunesse a une très grande voix à défendre sur ces enjeux car nous sommes les futurs étudiants de ces institutions-là. On doit s’assurer de bien faire connaître les besoins de nos membres pour avoir des universités viables et accessibles à tout le monde.

Comment avez-vous ressenti le lundi noir de l’Université Laurentienne et ses suppressions de programmes en français?

Je crois que les coupures de programmes francophones à La Laurentienne ont été un coup dur pour la communauté franco-ontarienne toute entière. Ça a été surtout difficile pour moi et plusieurs autres membres de la FESFO puisque c’est une option de moins pour les études universitaires de langue française en Ontario. Cependant, j’espère que l’Université de Sudbury et l’UOF seront des ajouts forts et viables pour la communauté afin qu’on puisse avoir une éducation « par, pour et avec » les jeunes franco-ontariens.

Les récents changements à l’UOF sont-ils de bons signaux, à vos yeux?

Il y a du progrès. Le nouveau recteur est un Franco-Ontarien, ce qui donne la bonne représentation pour une université « par et pour ». Je pense qu’avec ce recteur-là, on va être capable de faire un peu plus entendre notre voix. Avec l’ancien recteur, la communication n’a pas été très présente. On avait l’impression que l’UOF n’écoutait pas la jeunesse, surtout avec la création des microprogrammes pour les adultes, alors que c’est une université censée être pour notre jeunesse. Le bac en éducation est aussi une bonne chose. Ça va élargir la brochette de programmes et attirer plus de jeunes de cette façon-là. On espère que la FESFO pourra aider l’UOF dans son développement.

Les progrès réalisés par l’Université de Sudbury pour devenir une institution 100% francophone vont-ils assez vite?

Avec la nomination du recteur Serge Miville, l’Université de Sudbury va dans une très bonne direction. On a eu la chance d’avoir cette année des rencontres avec l’université et ça a été productif. On sent qu’ils sont à l’écoute de nos besoins et qu’ils vont tenir compte de nous, dans les années à venir. J’ai hâte de voir comment ça va évoluer.

Fiona Labonté et Benjamin Dennie, symbole d’un passage de relai. Gracieuseté

Que retenez-vous de votre participation au troisième colloque Franco-Parole qui mettait cet enjeu au centre des débats?

J’ai eu la chance de discuter avec plusieurs acteurs qui influencent les progrès dans l’Université de Sudbury. J’ai rencontré des gens militants et résilients. Ça me donne de l’espoir pour la communauté de Sudbury et franco-ontarienne en général. La situation est entre de bonnes mains.

Voyez-vous d’un bon œil la constitution d’un réseau d’universités?

Avec les universités de Sudbury, Ottawa, Heast et l’UOF, on a vraiment des institutions francophones à tous les coins de la province qui donnent une bonne accessibilité pour les jeunes dans le postsecondaire. Avoir cette alliance-là garantirait un peu plus cette accessibilité.

La pandémie et l’apprentissage à distance ont-ils affectés votre réussite scolaire?

Comme tous les autres élèves de la province, ça a été difficile de se préparer tous les matins pour une journée d’école et de rester chez moi. Mais j’ai essayé de voir le positif de la situation. Ça m’a enseigné à savoir utiliser ce que j’ai au plein potentiel. J’ai tiré le maximum de ce que je pouvais. Je n’ai pas appris plus ni moins mais de façon différente, en faisant preuve de plus d’indépendance car je n’avais pas le soutien de mes enseignants, ni de mes camarades. Ça a été une bonne leçon de vie, surtout pour l’autonomie. Je pense que je suis prêt pour aborder la 12e année.

Que voudriez-vous faire plus tard?

Je voudrais enseigner au secondaire. Je vise des études en sciences politiques, en droit ou en lettres françaises.

Faudrait-il revenir à des cours en classe exactement comme avant, ou en profiter pour mieux tirer avantage des outils technologiques?

La technologie peut être très utile en salle de classe car ça fait partie de notre vie et de notre avenir, mais je pense que c’est important de garder l’aspect présentiel. Être en classe, c’est beaucoup plus efficace qu’un appel sur Zoom ou Microsoft Teams. Incorporer les nouvelle technologies dans les salles oui, mais le présentiel reste vital au bien être des étudiants et des enseignants.

Benjamin Dennie pense que rien ne remplace l’efficacité des cours en présentiel. Gracieuseté

Comment imaginez-vous la prochaine rentrée scolaire?

Avec la réouverture progressive de la province et la vaccination, on a de grandes chances de revenir dans la salle de classe en septembre. Sinon, on fera notre possible pour rester motivé et éduqué.

Comment comptez-vous imposer la FESFO comme un interlocuteur incontournable auprès des décideurs scolaires, communautaires et politiques?

Il faudra continuer de rester à l’affût des nouvelles de l’Ontario français et consulter les jeunes dès qu’une opportunité se présentera. On le fera pour le bien de la communauté. C’est comme ça qu’on peut faire bouger les lignes et faire avancer les enjeux.

Quel conseil la présidente sortante, Fiona Labonté, vous a-t-elle donné au moment des résultats de l’élection?

Elle m’a dit de surtout bien gérer mon temps et de ne pas me mettre trop de pression. Je suis choyé d’être entouré de Fiona et d’un réseaux de jeunes prêt à m’aider, me donner des conseils et m’encourager dans cette aventure.

Et quel conseil donneriez-vous à tous les jeunes qui ont traversé une année difficile à cause de la pandémie?

Je leur dirais de ne jamais lâché, de toujours être dans l’action, malgré les changements qui les entourent, et de continuer à travailler car cela fini toujours par aboutir sur des résultats positifs. »

Benjamin Dennie au 14e Parlement jeunesse francophone de l’Ontario. Source : FESFO

LES DATES-CLÉS DE BENJAMIN DENNIE :

2004 : Naissance à Blind River

2018 : Remporte le Prix de la francophonie annuelle du Club Rotary de Blind River

2019 : Présentateur/orateur à la Journée Unis d’Ottawa (WE day)

2021 : Élu président de la FESFO

Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.