Bernadette Clement, une Franco-Ontarienne à la conquête de Cornwall
CORNWALL – La Franco-Ontarienne Bernadette Clement sera candidate au poste de mairesse dans la municipalité de Cornwall, dans l’Est de l’Ontario, le 22 octobre prochain. Si elle est élue, elle sera la première femme à occuper ce poste.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
La conseillère municipale devra batailler face au maire sortant, Leslie O’Shaughnessy, au conseiller municipal, David Murphy, et à Nicole Spahich, candidate défaite en 2010.
« J’ai beaucoup de respect pour le maire O’Shaughnessy et je ne fais pas campagne contre quelqu’un, mais pour un nouveau leadership. Après trois mandats comme conseillère municipale, je pense qu’il est temps de me lancer! Je veux développer davantage le travail de collaboration avec les autres municipalités de la région pour attirer plus d’investissements », explique Mme Clement à #ONfr.
Pour elle, le conseil municipal ne doit pas uniquement penser à gérer, il doit aussi travailler sur une stratégie de développement, notamment pour le bord de l’eau de la ville. Elle cite également parmi ses priorités le dossier du nouveau centre des arts et de la culture dans le centre-ville pour lequel elle espère obtenir de l’aide de la province et du gouvernement fédéral.
L’atout francophone
Avocate de formation et diplômée de l’Université d’Ottawa, la directrice générale de la Clinique juridique de Stormont, Dundas et Glengarry revendique haut et fort son appartenance à la communauté franco-ontarienne. Une communauté qui, selon elle, se porte plutôt bien à Cornwall.
« Nous avons une communauté francophone active, avec un centre culturel, une ACFO dynamique, qui a notamment lancé le premier concours d’humour pour les jeunes LOL… Et même si la communauté est un peu vieillissante, il y a de la relève dans nos écoles! »
Si elle n’a pas encore de propositions de campagne précises pour les Franco-Ontariens, Mme Clement dit qu’elle consultera la communauté. Et même si elle reconnaît que le maire actuel s’est toujours montré sensible aux francophones, elle souligne que d’avoir une mairesse franco-ontarienne donnerait une bonne visibilité, notamment quant à l’importance d’avoir des services en français.
Malgré la controverse qui a entouré la politique d’embauche bilingue à l’hôpital communautaire de Cornwall en 2012 [la municipalité de Stormont-Sud avait refusé de payer sa subvention annuelle à l’hôpital pour protester contre la désignation bilingue de l’institution, provoquant une crise linguistique dans la région] et les manifestations anti-bilinguismes qui s’en étaient suivies, la candidate assure que la crise a été bien gérée par la communauté.
L’ACFO-SDG enthousiaste
La candidature de Mme Clement est vue d’un très bon œil par la présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG), Diane Poirier.
« C’est très positif! Mme Clement est une candidate avec qui on parle souvent et qui a beaucoup d’expérience, qui est très compétente et qui étudie bien ses dossiers. »
« Ça crée un engouement supplémentaire chez les francophones » – Diane Poirier, présidente ACFO-SDG
L’ACFO-SDG n’a pas encore décidé si elle appuierait officiellement ou non la candidature de Mme Clement, mais Mme Poirier dit savoir que plusieurs membres de la communauté ont déjà fait leur choix en sa faveur.
« Le maire O’Shaughnessy a toujours été très accueillant avec nous, notamment quand nous l’avons approché pour la campagne Bonjour/Welcome ou pour que Cornwall fasse partie du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique. Les candidats qui sont là ont à cœur la francophonie, mais c’est vrai que ça donnerait une visibilité supplémentaire d’avoir une personne parfaitement bilingue au poste de maire. »
Pendant la campagne, l’ACFO-SDG surveillera de près le dossier de l’immigration francophone, dans lequel l’organisme espère une implication de la municipalité, ainsi que la question des services en français.
Une première dans l’histoire
Des maires francophones, il y en a eu quelques-uns dans l’histoire de Cornwall. Le premier d’entre eux, Angus Lalonde, fut élu en 1904. Mais si elle est élue, Mme Clément sera la première femme et la première noire à prendre la tête de la ville.
« Je suis une femme, noire, francophone, et pour moi, c’est une richesse qui me permet de bien comprendre ce que c’est que d’être minoritaire », explique celle qui, originaire de Montréal, a décidé il y a 27 ans, « par choix » insiste-t-elle, de venir s’installer à Cornwall.
Par le passé, elle a tenté sans succès, lors des deux dernières élections, de se lancer en politique fédérale comme candidate pour le Parti libéral du Canada (PLC). Mais finalement, elle assure que la politique municipale l’attire davantage.
« Quand je faisais campagne au niveau fédéral, les gens me parlaient principalement d’enjeux locaux, car c’est le plus proche d’eux. C’est ça qui m’intéresse! »
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