Bilan 2018 : une année pas comme les autres à Queen’s Park

Découvrez la vidéo du résumé de la semaine à Queen's Park par Jean-François Morissette.
Queen's Park. Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – Il y a eu la crise linguistique, mais l’année politique ontarienne a aussi été marquée par de nombreux autres événements. Les scandales se sont multipliés, les déclarations incendiaires sont devenues chose commune et la province a connu l’élection d’un nouveau gouvernement, mettant fin à quinze ans de règne libéral.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

UNE CITATION

« Désolée, mais pas désolée »

Kathleen Wynne a décidé de mener les troupes libérales en campagne électorale, en juin, malgré plusieurs années de scandales entourant les prix de l’électricité et la privatisation partielle d’Hydro One, notamment. Le 27 mai, dans une tentative ultime de convaincre les Ontariens de lui faire à nouveau confiance, la première ministre sortante fait son mea culpa.

« Je suis désolée que les gens ne m’aiment pas, mais je ne suis pas désolée que nous ayons un plan qui aide les Ontariens et pas seulement quelques individus », dira-t-elle, insistant sur les avancées sociales de son gouvernement.

Le 7 juin, la population décidera cependant d’évincer son gouvernement, offrant une majorité claire aux progressistes-conservateurs de Doug Ford.

UN LIEU

Mushkegowuk—Baie James

L’année 2018 a marqué la naissance d’une nouvelle circonscription électorale à majorité francophone. Née du redécoupage de la carte électorale de 2017, l’immense circonscription de Mushkegowuk-Baie James compte 30 037 citoyens sur un territoire gigantesque de 254 000 kilomètres carrés. La majorité réside dans ces villes et villages longeant la route 11 que sont Smooth Rock Falls, Fauquier-Strickland, Moonbeam, Val-Rita, Opasatika, Mattice-Val Côté et Hearst. Mais la circonscription compte aussi plusieurs communautés autochtones, dont celles d’Attawapiskat et Peawanuck.

60 % des citoyens de la circonscription sont francophones. Lors de l’élection de juin, André Robichaud (Parti PC), Gaëtan Baillargeon (Parti libéral) et Guy Bourgouin (NPD) se sont livrés une chaude lutte. Ce dernier a remporté la victoire, profitant probablement des forts appuis néo-démocrates de l’ancien député du coin, Gilles Bisson. Guy Bourgouin a hérité du poste de critique aux Affaires francophones, ce qui lui a donné une importante visibilité dans le contexte de la crise linguistique de l’automne.

UN CHIFFRE

15 milliards

C’est probablement le chiffre qui a été le plus répété depuis six mois en Ontario. À peine élu, le gouvernement progressiste-conservateur avait annoncé la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante sur les finances de l’Ontario, dirigée par l’ancien premier ministre de Colombie-Britannique, Gordon Campbell.

Au terme de l’exercice, le gouvernement indique que le déficit de l’Ontario atteindrait 15 milliards de dollars et non 6,7 milliards, comme le prétendait l’ancien gouvernement libéral. Mais bon nombre d’observateurs critiquent le manque de transparence de la démarche et mettent en doute le calcul du gouvernement Ford.

Il demeure que c’est en se basant sur ce déficit important que le gouvernement justifie ses coupes de l’automne et celles à venir, affirmant qu’il compte mettre tout en place pour atteindre l’équilibre zéro dans un avenir rapproché.

UNE PERSONNALITÉ

Doug Ford

Doug Ford est sans contredit la personnalité politique de 2018, en Ontario. Celui qui avait annoncé son intention de se présenter à la mairie de Toronto a changé de cap, après les déboires de Patrick Brown. Surnommé par plusieurs le « Donald Trump canadien », il a mené une course à la chefferie prudente, devançant au fil d’arrivée Christine Elliott, Caroline Mulroney et Tanya Granic Allen. Il remportera ensuite une solide victoire lors des élections provinciales.

Une fois au pouvoir, Doug Ford multipliera les annonces à un rythme effréné. Abolition de la taxe carbone, renvoi du président d’HydroOne, annulation de l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure, diminution des prix de l’essence, abolition du poste de protecteur des enfants et du commissaire à l’environnement, coupes en éducation et en culture… Rarement, un gouvernement aura mené autant d’actions en aussi peu de temps.

Mais la crise linguistique a donné mauvaise presse à Doug Ford, d’un océan à l’autre. Et les allégations d’ingérence politique dans le choix du futur chef de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) plongent le gouvernement Ford en pleine crise politique. Selon les informations diffusées, l’entourage de Doug Ford aurait tenté d’influencer le choix du candidat en tentant de favoriser un ami du premier ministre, Ron Taverner.

UNE DATE

24 janvier

L’année politique a débuté sur les chapeaux de roues : le chef progressiste-conservateur d’alors, Patrick Brown, est éclaboussé, en janvier, par des allégations d’inconduites sexuelles. CTV diffuse un reportage choc où l’on rapporte que deux femmes accusent Patrick Brown de gestes sexuels déplacés à leur endroit.

Rapidement, les choses évoluent. « Ces allégations sont fausses. Chacune d’entre elles. Je vais me défendre par tous les moyens », lance M. Brown, le 25 janvier, dans un point de presse en fin de soirée à Queen’s Park. Au même moment, son équipe rapprochée démissionne en bloc.

L’ancien chef progressiste-conservateur, Patrick Brown. Archives #ONfr

La démission de Patrick Brown sera annoncée pendant la nuit. Il dira plus tard n’avoir jamais approuvé l’envoi de cette lettre.

Dans son livre « Takedown : The Attempted Political Assassination », il parlera de ses ennemis au sein du parti et dans l’opposition, sans en dévoiler beaucoup plus sur ce qui a mené à sa perte. En octobre, Patrick Brown est devenu maire de la Ville de Brampton.