Budget, poursuite et scandale à Queen’s Park

Le ministre Charles Sousa a dévoilé la date du dépôt de son prochain budget lors d’un bref point de presse dans un incubateur de haute technologie à l’Université Ryerson, à Toronto, le mardi 14 avril.

TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario a arrêté son choix sur le jeudi 1er mai pour le dépôt de son prochain budget.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le choix de la date n’a étonné à peu près personne, après des semaines de rumeurs et la fuite d’un document confidentiel.

Mais le moment choisi pour l’annonce, lui, a beaucoup fait jaser à Queen’s Park, le mardi 15 avril.

C’est qu’au même instant, Peter Wallace, secrétaire du conseil des ministres et témoin clé dans l’affaire des centrales électriques au gaz de Mississauga et d’Oakville, comparaissait devant un comité parlementaire.

Et la première ministre Kathleen Wynne intentait une poursuite de 2 millions $ contre le Parti progressiste-conservateur, son chef Tim Hudak et la députée Lisa MacLeod pour diffamation, aussi en lien avec cette histoire des centrales au gaz.

« Les gens sont capables de suivre (simultanément) ce qui se passe dans d’autres corridors ou ailleurs dans l’actualité de la province », s’est défendu Charles Sousa, ministre des Finances, lors de l’annonce de la date du budget à Queen’s Park.

Le grand argentier de l’Ontario a invité les deux partis d’opposition à appuyer son prochain budget, qui, selon lui, répondra à plusieurs de leurs attentes en matière de création d’emplois et de transports, notamment. « Mais il n’en tient qu’à eux », a-t-il laissé tomber, ouvrant toute la grande la porte à des élections hâtives.

Étant minoritaire, le gouvernement libéral a besoin de l’appui d’au moins un parti d’opposition à Queen’s Park pour survivre à un vote de confiance sur le budget.

Poursuite « malveillante »

« Je trouve ça très bizarre que le ministre des Finances ait l’audace de solliciter mon appui (…) pour faire adopter son prochain budget, sachant que sa patronne vient tout juste d’intenter une poursuite de 2 millions $ contre moi », a pesté Lisa MacLeod, critique progressiste-conservatrice en matière d’Énergie.

Mme Wynne avait sommé M. Hudak et Mme MacLeod de se rétracter à plus d’une occasion, après que les deux élus de l’opposition eurent allégué sa participation dans la suppression de courriels potentiellement incriminants au sujet de l’annulation de deux projets de centrales électriques au gaz à des fins électoralistes, peu avant le scrutin de 2011.

De l’avis de Mme MacLeod, il s’agit d’une poursuite « malveillante » dont l’unique but est d’étouffer le scandale évalué à plus de 1 milliard $ et, plus encore, une tentative de camouflage du gouvernement libéral.

Le clan Hudak a déjà fait savoir qu’il votera contre le prochain budget, comme il l’a fait en 2012 et 2013.

De son côté, le Nouveau Parti démocratique (NPD) continue de souffler le chaud et le froid. D’une part, la deuxième opposition condamne les agissements du gouvernement dans l’affaire des centrales au gaz. Mais de l’autre, la formation d’Andrea Horwath n’exclut pas la possibilité d’appuyer le prochain budget libéral.

« Il faut toujours regarder un document avant de se prononcer. Ça n’a pas de bon sens de dire oui ou non quand on n’a même pas vu le contenu d’un budget », a nuancé Gilles Bisson, député néo-démocrate de Timmins–Baie-James, dans le nord-est de la province.