Catherine McKenney à Queen’s Park, une lueur d’espoir dans un climat de régression, selon FrancoQueer

L’élection de Catherine McKenney, en tant que « député·e non binaire » à l’Assemblée législative de l’Ontario, marque un moment historique dans un contexte d’incertitude croissante aux États-Unis, affirme la communauté LGBTQ+ francophone en Ontario.
FrancoQueer, organisme de défense des droits des personnes LGBTQ+ francophones en Ontario, a qualifié « d’historique » l’élection de Catherine McKenney qui a remporté pour le NPD le siège de député d’Ottawa-Centre avec 55,7 % des voix.
Selon FrancoQueer, McKenney incarne un symbole d’espoir, dans un contexte où les droits des personnes trans et non binaires sont de plus en plus attaqués, notamment aux États-Unis.
« Ce climat politique et social des États-Unis est une grande source de confusion et de peur pour notre communauté », confie Karine Fleury, coordinatrice principale des communications chez FrancoQueer, soulignant que les États-Unis connaissent une recrudescence des attaques législatives contre les personnes trans et non-binaires, notamment à travers des lois restreignant l’accès aux soins affirmant le genre ou censurant l’éducation sur la diversité de genre, la présence de McKenney à Queen’s Park envoie un message fort.

« Ce climat de régression ne peut que renforcer l’importance d’avoir des représentants et des voix politiques qui défendent nos droits et notre dignité », ajoute-t-elle.
Au cours d’une entrevue avec ONFR, McKenney a insisté sur l’importance de la représentation politique des communautés marginalisées.
« Lorsqu’une personne en position de leadership démontre la diversité et offre une visibilité aux personnes trans et non-binaires, cela envoie un message fort de soutien de la part de la communauté », a déclaré McKenney qui a obtenu une large victoire de 18 892 votes devant le candidat libéral arrivé en deuxième position, Thomas Simpson, selon les résultats finaux du dépouillement des bureaux de vote publiés le 3 mars.
Selon McKenney, cette visibilité est essentielle non seulement pour affirmer l’existence et la légitimité des identités non binaires, mais aussi pour inspirer les générations futures. « Il a toujours été important pour moi d’être visible. Je le suis depuis longtemps, mais aussi pour, je l’espère, être un bon modèle », a ajouté McKenney.
Son élection intervient dans un contexte où la montée des mouvements conservateurs tente de remettre en question les acquis en matière de droits LGBTQ+.
« Nous assistons à un retour en arrière contre la diversité et l’inclusion, et le résultat est l’exclusion des personnes », a expliqué McKenney.
Face à cette menace, McKenney rappelle l’importance de rester mobilisés : « Nous devons transmettre ce message aux personnes trans et non binaires : nous existons, nous continuerons d’exister, mais nous continuerons d’exister dans une communauté, dans un pays et dans un monde où nous pourrons nous épanouir. »
« Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’alliés pour défendre ces valeurs », revendique McKenney.
De son côté, Karine Fleury voit dans cette élection un modèle positif, non seulement pour l’Ontario, mais aussi pour les autres provinces et nations voisines, notamment aux États-Unis, en montrant qu’il est possible de garantir une plus grande représentation des communautés marginalisées. « Loin de se limiter à un simple acte symbolique, l’élection de Catherine McKenney est un message clair : les identités de genre diverses font partie intégrante de notre société et doivent être reflétées dans nos structures de pouvoir. »
Un mandat pour « la justice sociale »
Tout au long de sa campagne, McKenney a défendu des enjeux comme le retour du contrôle des loyers, l’accès à des logements abordables et l’amélioration des services de transport en commun. McKenney a également mis un point d’honneur à défendre les populations les plus vulnérables : « Sachez que si vous dormez ce soir dans un refuge, demain matin, vous serez ma priorité », a affirmé Catherine Mckenney le soir de son élection.
Ce qui a joué en sa faveur, selon Catherine McKenney qui a également été candidate à la mairie d’Ottawa en 2022, est son expérience en tant que conseillère municipale pendant huit ans, source d’une visibilité importante dans la communauté.
« Nous avons travaillé dur sur des enjeux comme le logement, la santé et le transport en commun. Nous avons aussi affronté l’occupation du centre-ville. Tout cela m’a donné un réel avantage dans cette élection ».
En effet, McKenney, qui utilise le pronom « iel », était sur le devant de la scène publique lors de la campagne municipale de 2022, menée dans le climat tendu qui a suivi l’occupation du centre-ville d’Ottawa par les camionneurs.
Pendant cette crise, le profil de McKenney a gagné en popularité grâce à sa mobilisation pour défendre les résidents du centre-ville, pris en otage par la situation.
En tant que conseillère du quartier Somerset, épicentre de la manifestation, McKenney était souvent présente dans les rues de Centretown.
Aujourd’hui, McKenney entend continuer à militer pour les causes qui lui tiennent à cœur : « Nous voulons que les jeunes et les générations futures aient plus que nous, qu’ils aient toujours plus et que les choses s’améliorent constamment ».