Le bureau de CBC/Radio-Canada à Ottawa. Crédit image: iStock AWSeebaran/Anthony Seebaran

OTTAWA – Le radiodiffuseur CBC/Radio-Canada a annoncé ce lundi qu’il suspendait ses activités sur la plateforme Twitter, au lendemain de son étiquetage comme « média financé par le gouvernement ».

« Notre journalisme est impartial et indépendant. Prétendre le contraire est faux. C’est pourquoi nous suspendons nos activités sur Twitter », a déclaré sur Twitter CBC/Radio-Canada.

Ce n’est pas ce compte qui a été étiqueté, mais celui de CBC, après une demande du chef conservateur Pierre Poilievre. Ce dernier avait demandé, dans une lettre adressée au patron de Twitter, Elon Musk, quelques jours avant le geste du réseau social, d’étiqueter CBC, mais n’avait pas formulé la même demande pour Radio-Canada. Dimanche, le compte anglophone du radiodiffuseur canadien comportait la mention « média financé par le gouvernement ».

« Maintenant, les gens savent que c’est de la propagande Trudeau, pas des nouvelles », avait commenté Pierre Poilievre sur Twitter dimanche soir, après la nouvelle.

Appelé à commenter ces propos, Justin Trudeau a affirmé ce lundi que c’était « désolant de voir un parti politique s’attaquer aux médias indépendants » et que les attaques « en disent long » sur le Parti conservateur. Le premier ministre déplore aussi le fait de « demander à des milliardaires américains de venir nous aider à attaquer nos institutions », en référence à la demande du chef conservateur au président de Twitter.

« Pour moi, ça souligne un désalignement de valeur et un manque de compréhension à quel point les Canadiens sont fiers de nos institutions », a-t-il dénoncé en conférence de presse.

Le chef conservateur a affirmé dans les derniers mois qu’il couperait le financement à CBC s’il accédait au pouvoir, mais pas à Radio-Canada.

« Le marché ne fournit pas toutes les nouvelles, toutes les informations et toute cette culture en français parce que nous vivons dans un océan de l’anglais en Amérique du Nord (…) Je comprends qu’il y a un besoin dans la langue française qui n’existe pas dans la langue anglaise en termes de médias », affirmait-il en entrevue avec Radio-Canada en mars dernier, lors de la course à la chefferie conservatrice.

Le nouveau chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Crédit image: Stéphane Bédard
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre. Crédit image : Stéphane Bédard

Pour ce faire, il devrait toutefois modifier la Loi sur la radiodiffusion du pays en créant notamment deux entités distinctes, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a qualifié de « dangereux » le comportement de M. Poilievre de vouloir cesser le financement du diffuseur public, ajoutant qu’il s’agissait d’une « attaque envers la culture québécoise et francophone ».

« Un impact sur un réseau comme ça, ça va impacter et ça va frapper la communauté francophone à travers le pays qui dépend de Radio-Canada. Il ne peut pas avoir une attaque contre une seule partie de quelque chose qui est complètement lié », a dénoncé Jagmeet Singh.

Tous les députés conservateurs, incluant les francophones qui se dirigeaient à la période des questions lundi après-midi, ont refusé de s’arrêter pour répondre aux questions des journalistes sur la CBC.