Ces métiers à pourvoir désespérément dans le Nord de l’Ontario

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Année après année, les annonces d’emplois se multiplient dans le Nord de l’Ontario. Pour certaines, sans preneur. Tour d’horizon des secteurs d’activité en forte demande de travailleurs, avec trois experts, Christian Howald, coordonnateur de projet du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, Jean-Charles Cachon de l’Université Laurentienne, et l’Institut des politiques du Nord par la voix de sa porte-parole Christine St-Pierre. 

Vendeurs au détail

Deux méthodes de calculs sont mises en évidence pour calculer le nombre d’employeurs. D’une, les données de l’Institut des politiques du Nord et celles d’études régulières de l’Université Laurentienne. Les deux résultats sont sans appel : le secteur de la vente au détail est en première ligne de la pénurie de main d’œuvre.

À Sudbury, le malaise serait même encore plus grand pour M. Cachon. « On note 3 000 postes affichés dans les ventes et les services que ce soient pour des emplois de serveurs, de caissiers, des représentants de commerce… Cela comprend aussi le domaine de la restauration avec 200 postes. Quelque 1 500 de ces postes des services sont aussi au comptoir dans les banques et les compagnies d’assurance », précise M. Cachon.

Les enseignants

Au cœur de la pénurie de main d’œuvre dans le Nord : le recrutement des enseignants. Plus de 4 000 d’entre eux de l’école primaire et maternelle seraient même recherchés, pour l’Institut des politiques du Nord.

« Les conseils scolaires – principalement des professeurs de mathématiques et de français et des professeurs de français plus généralement du côté francophone – sont difficiles à trouver depuis un certain temps », constate l’organisme.

Christian Howald, coordonnateur de projet du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario. Archives #ONfr

Ces besoins touchent effectivement les conseils scolaires francophones où les élèves sont estimés à environ 20 000. En cause pour M. Howald aussi : le manque d’attrait de la profession. « Il y a des étudiants prêts à travailler mais comme suppléants. Les jeunes doivent sauter des cerceaux enflammés pour trouver des postes à temps plein. La raison pour laquelle on va chercher des enseignants à l’étranger, c’est qu’aucune stratégie n’est mise en place pour que les étudiants ou diplômés trouvent un stage ou un emploi. »

Soins de santé pour les personnes âgées

Autre profession à risque : le soutien aux soins de santé pour les personnes âgées qui serait même « proche de la crise » pour l’Institut des politiques du Nord. « Le groupe St Josephs Care suggère qu’il y a actuellement 300 postes vacants et que la demande annuelle sera probablement due aux départs à la retraite. »

Le constat serait même tout aussi embarrassant du côté francophone. « C’est le groupe démographique franco-ontarien le plus âgé », souligne M. Howald. « À Sudbury, on peut embaucher tout de suite. Trop peu de gens s’inscrivent aux programmes de formation, et on ne peut pas aller chercher à l’étranger, car ce n’est pas une profession reconnue officiellement. »

Les camionneurs

D’après les experts, le problème perdure dans le Nord de l’Ontario. Mais Thunder Bay serait particulièrement plus touchée que les autres villes.

« Le Community Economic Development Commission (CEDC) a toujours dit qu’il manquait au moins 300 chauffeurs de camion, ce qui a une incidence sur la capacité d’acheminer des marchandises vers le marché, des intrants vers les usines ou des matériaux de construction vers les mines ou même vers les communautés », évalue-t-on du côté de l’Institut des politiques du Nord, qui parle d’environ 7 500 de postes vacants de conducteurs de camion de transports.

« Dans la région de Thunder Bay, on fait venir des camionneurs de Toronto. La semaine et le week-end, ils retournent à Toronto », illustre M. Howald. « L’inflation exponentielle reste une difficulté pour obtenir une formation », ajoute le responsable, eu égard au fait que l’Ontario reste la seule province où les chauffeurs de semi-remorques sont tenus de suivre une formation.

Les travailleurs de la construction

Chez les travailleurs de la construction, le nombre d’actifs ne cesse de décroître. « La demande pour les plombiers, électriciens, tuyauteurs, etc, est forte et susceptible de croître à mesure que de nouveaux projets de ressources démarrent comme les nouvelles mines qui s’ouvrent et le « raccord » électrique Est-Ouest », soutient l’Institut des politiques du Nord.

Les conséquences de ces manques sont mêmes très tangibles pour l’économie du Nord : moins de projets, augmentation du prix pour refaire les routes et bien souvent, possible hausse des impôts fonciers au niveau municipal.

Les autres…

M. Cachon de l’Université Laurentienne évalue les employés de la gestion administrative comme l’un des trois gros secteurs en perte de vitesse pour le recrutement. Ce serait surtout le cas du côté de Sudbury.

« On parle ici de postes de gérants d’administration, des finances, de gestion, de direction de commerce… En général, ce sont des postes de cadre, dans le secteur privé et public. Il y a beaucoup de départs en retraite. »

Par ailleurs, l’Institut des métiers du Nord estime au nombre de 9 552 les emplois à pourvoir comme assembleurs, finisseurs et contrôleurs de produits divers, ainsi que 7 321 technicien/mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, de camions et d’autobus.