Cette fin de semaine à Portes Ouvertes Ottawa : patrimoine franco-ontarien et ambassades
[CHRONIQUE]
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste en patrimoine Diego Elizondo.
C’est aujourd’hui et demain qu’on lieu les traditionnelles Portes Ouvertes à Ottawa. L’événement, dont la première édition a eu lieu un an après la fusion municipale de 2001, en est à sa 22e édition. C’est le moment idéal pour les amateurs d’histoire, de patrimoine, d’architecture ou pour les simples curieux de partir à la découverte des coulisses de plusieurs bâtiments de la capitale fédérale, normalement peu ou pas accessibles au grand public. Et c’est gratuit! Dans cette chronique, je mets en lumière les bâtiments du patrimoine franco-ontarien et les ambassades qui participent cette année.
Patrimoine franco-ontarien
Quelques bâtiments liés au patrimoine franco-ontarien participent cette année aux Portes Ouvertes Ottawa.
C’est le cas de l’église St-François d’Assise, dans le centre-ouest de la ville. Cette église, probablement le meilleur exemple de style architectural éclectique des églises franco-ontariennes, a été construit entre 1914 et 1915, selon les plans du prolifique architecte de l’institutionnel franco-ontarien et hullois, Charles Brodeur. Très imposante, avec son nombre impressionnant de marches à gravir pour parvenir au parvis de l’église, vaut le détour.
L’église se distingue aussi par ses deux clochers différents et inégaux. Le plus grand est d’une influence normande tandis que le plus petit est plutôt d’inspiration orthodoxe. Les cloches de l’église proviennent de la France et furent installées en 1925. Je vous invite à lire attentivement la petite exposition permanente de l’église, qui relate en dix bannières l’histoire de la paroisse et celle de ses fondateurs, les Frères Capucins, arrivés à Ottawa en 1891.
Le Muséoparc Vanier sera ouvert toute cette fin de semaine pour les Portes Ouvertes Ottawa. Ce musée franco-ontarien, situé dans le site patrimonial et enchanteur de l’ancien domaine des Pères Blancs d’Afrique, raconte depuis 2006 l’histoire de la francophonie de Vanier et d’Ottawa. Inauguré il y a un an, la nouvelle exposition permanente regorge de détails sur l’histoire de la francophonie d’ici et même de l’Ontario. Une place de choix a été accordé à Gisèle Lalonde et à Bernard Grandmaître, entre autres. À ses côtés, l’exposition temporaire consacrée aux Sœurs de l’Institut Jeanne-d’Arc (seule congrégation religieuse francophone féminine fondée en Ontario) est aussi un incontournable. L’exposition a été préparée par l’auteur et chercheur franco-ontarien Jean Yves Pelletier.
Autre lieu à souligner, l’ancienne École Routhier. Cette ancienne école élémentaire franco-ontarienne pour filles a ouvert ses portes en 1932 dans la Basse-Ville Ouest d’Ottawa. Ses plans ont été dessiné par un autre prolifique architecte franco-ontarien de l’institutionnel, Lucien Leblanc, et construite par l’entrepreneur Édouard Monette. L’école est devenue un centre communautaire municipal au moment de sa fermeture en 1992. Son sous-sol sert aujourd’hui d’entrepôt et on y trouve une grande quantité d’artéfacts appartenant au réseau des musées municipaux de la ville d’Ottawa. Le site web des Portes Ouvertes Ottawa indique même que « le Centre communautaire Routhier est le secret le mieux gardé du secteur du marché By ».
Enfin, mentionnons que dans l’extrémité est de la ville, le Musée-village du patrimoine de Cumberland participe aussi aux Portes Ouvertes cette année.
Le village d’antan compte une douzaine de bâtiments patrimoniaux originaux de la fin du XIXe et du début XXe siècles de cet ancien canton, dont plusieurs localités étaient et sont encore à majorité francophone. Sur le terrain du musée, on y retrouve les maisons pionnières franco-ontariennes Dupuis et Duford, sauvées de la démolition à Orléans dans les années 1970-1980, et transportés à Cumberland sur le site du musée. Les maisons Foubert et Lévesque sont aussi d’autres maisons franco-ontariennes que l’on retrouve au musée.
Lieux diplomatiques à visiter
Toujours appréciées du grand public, des ambassades ouvrent encore leurs portes cette année. En effet, il est possible de visiter l’ambassade de France, des États-Unis, de la Croatie, de Hongrie et le Haut-Commissariat du Royaume-Uni.
Située sur la promenade Sussex, à côté du 24 Sussex, l’Ambassade de France est un bel exemple du mouvement Art déco des années 1930, construit principalement de matériaux provenant du Québec et de la France. On peut y voir, entre autres, le Salon de l’honorable George W. Vari (anciennement le Salon des Bouleaux), une réplique du Mémorial de Vimy, des bronzes d’André Bizette-Lindet, une murale d’Alfred Courmes ainsi que des gravures murales historiques.
L’ambassade des États-Unis à Ottawa, par sa conception et sa fonction, se veut un pont entre lieux, personnes et idées. Symbolisant un bateau, l’édifice représente le partenariat et l’alliance entre les États-Unis et le Canada.
Les États-Unis ont une présence diplomatique officielle au Canada depuis 1827, mais la première ambassade a d’abord été construite en 1932 au 100, rue Wellington. L’ambassade actuelle date de 1999 et a été inauguré par le président américain de l’époque, Bill Clinton. C’est l’architecte David M. Childs, de la firme Skidmore, Owings & Merrill, qui en a conçu les plans.
Du côté du Haut-Commissariat du Royaume-Uni, c’est le tout nouvel édifice de la mission diplomatique, avec son architecture contemporaine dernier cri, qui accueillera les visiteurs cette année. Ce bâtiment remplace l’édifice au style architectural international datant de 1964 et qui avait pignon sur la rue Elgin.
L’édifice flambant neuf de neuf étages vient d’ouvrir ses portes cet hiver, après que les travaux commencés en 2019 aient étés ralentis en raison de la pandémie de COVID-19. Ce bâtiment en forme de cube blanc, surélevé sur une plateforme grise, se veut le plus vert de tout le réseau diplomatique britannique.
Un souci de développement durable a inspiré sa conception. À preuve, 98 % des déchets de construction ont été recyclés. Le bois qui se trouve dans le bâtiment provient directement de la rivière des Outaouais. De la pierre de l’ancien bâtiment qui était sur le site a également été réutilisée, tandis que les autres pierres proviennent de carrières qui se trouvent à proximité, réduisant le coût environnemental en transport.
Grâce à ce travail de durabilité, le haut-commissariat britannique espère obtenir la certification LEED Or. Selon le niveau de certification visé, les travaux réalisés durablement permettent jusqu’à 70 % d’économie d’énergie comparativement à un bâtiment ordinaire.
Normalement accessible, la résidence du haut-commissaire britannique au Canada ne le sera pas cette année en raison de travaux de rénovations. En espérant qu’elle rouvre ses portes lors d’une prochaine édition des Portes Ouvertes, étant donné que ce manoir de style gothique victorien, dernière résidence de Sir John A. Macdonald, est un Lieu historique national du Canada.
Mentionnons cependant que visiter les ambassades française, américaine et le haut-commissariat britannique requérait l’inscription au préalable.
Enfin, l’Ambassade de la République de la Croatie, également ouverte au public cette fin de semaine, permet de jumeler les deux thèmes de cette chronique. En effet, cette ambassade de la Côte-de-Sable (à l’origine une maison néogothique conçue en 1875) a abrité une école élémentaire catholique privée pour filles de la congrégation des Sœurs Blanches d’Afrique de 1929 à 1968.
Bonnes visites!
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