Cinq têtes d’affiche nous parlent de la FrancoFEST à venir
HAMILTON – La FrancoFEST de Hamilton se déroulera cette fin de semaine, du 21 au 23 juin. La population francophone et francophile est invitée gratuitement dans le parc Gage afin de participer aux activités et d’assister à plusieurs spectacles. ONFR s’est entretenu avec cinq des têtes d’affiche en prévision du festival.
Samian, la symbolique du 21 juin
La performance principale du vendredi a été confiée à Samian. Un mandat que le rappeur originaire de Pikogan, au Québec, accepte avec enthousiasme. Pour être à Hamilton, il a notamment annulé un voyage à Dakar, au Sénégal, où il devait initialement jouer lors de cette journée.
« J’ai toujours défendu le français à travers le monde. Mais le 21 juin reste la Journée nationale des Premières Nations. C’est aussi l’anniversaire de mon fils aîné. Il y a quelque chose qui m’attache beaucoup à vouloir rester à la maison. »
L’artiste qui fête ses 20 ans de carrière en profitera pour lancer un tout nouvel extrait.
Celui qui chante en français et en anishinaabemowin estime que le 21 juin est la « porte d’entrée aux grandes festivités », citant la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Canada.
Samian croit que des événements comme la FrancoFEST, un festival gratuit où l’on retrouve des curieux et des francophiles, peuvent donner un bon exemple de rapprochement entre les communautés.
« Je trouve ça drôle, parce qu’on nous parle de réconciliation, alors qu’il y a tellement de chicane entre Français et Anglais dans notre pays (…) Je représente la minorité dans la minorité. Je suis là pour m’amuser, pour passer un message qui est quand même très clair et direct depuis longtemps. Au-delà de ça, je ne veux pas entrer dans des trucs qui nous divisent à chaque fois. »
Mélissa Ouimet, la francophonie dans les tripes
Mélissa Ouimet mêlera les chansons de son répertoire et des reprises de grands succès des années 1990.
« J’aime ça quand c’est un party sur scène et quand les gens chantent avec nous, qu’on a l’impression qu’on est autour d’un feu de camp. »
Celle qui est reconnue comme une digne représentante de la culture franco-ontarienne accepte cette étiquette avec fierté. En 2018, la nouvelle version de sa chanson Personne ne pourra m’arrêter (la résistance) est devenue un hymne réunissant non seulement de nombreux artistes, mais également toute une population.
« Ça venait directement de mes tripes, de mon cœur. Qu’on dise ça de moi, je trouve ça touchant. »
Mélissa Ouimet avait participé à une édition virtuelle de la FrancoFEST en 2020, mais c’est la première fois qu’elle y sera en personne.
Son prochain album devrait être lancé en automne 2025. Pas de primeurs pour Hamilton, par contre, il faudra patienter jusqu’en début d’année pour entendre un premier extrait.
LeFLOFRANCO et DJ UNPIER, la plateau double des inséparables
Même si DJ UNPIER et LeFLOFRANCO collaborent constamment, ce sera la première fois qu’ils exploiteront la formule du plateau double, un spectacle unique pour la FrancoFEST.
Ils nous promettent d’interpréter leurs nouveautés, mais d’aussi piger dans leur répertoire plus ancien, s’appropriant tour à tour le devant de la scène.
LeFLOFRANCO promet « quelques surprises qu’on veut garder pour le public. On veut vraiment amener nos deux univers ensemble. »
Ce spectacle est une suite logique aux deux précédentes éditions de la FrancoFEST. En 2022, DJ UNPIER était la tête d’affiche, et il avait invité son ami sur scène. Cette présence a convaincu les organisateurs de confier une soirée complète au FLOFRANCO en 2023. Et cette année, les deux amis remontent sur scène pour ce plateau double.
« C’est l’année qui va clôturer la trilogie. On est super reconnaissants de la FrancoFEST Hamilton qui nous donne cette occasion, qui croit en nous et qui veut mettre des artistes de chez nous comme têtes d’affiche. »
Le Diable à cinq, la tradition actuelle
Si les membres du Diable à cinq sont bien québécois (de Ripon, en Outaouais), leur musique résonne facilement dans le cœur des Franco-Ontariens.
Samuel Sabourin raconte que la francophonie canadienne « est comme une grande famille », ce qui rejoint l’essence même du groupe, qu’il forme avec ses frères Félix et Éloi, leur grand-cousin André-Michel « Brun » Dambremont et l’ami de la famille, Rémi Pagé.
« On a une complicité différente. Ça fait en sorte qu’on est capable, peut-être, de se parler des choses plus directement, exprime Samuel Sabourin. On a tous un peu les mêmes valeurs, les mêmes mentalités. »
Il promet « beaucoup d’énergie. On est proches de la Saint-Jean-Baptiste. Il y a quelque chose dans l’air de patriotique pour les francophones. »
Le Diable à cinq souhaite que le public participe au maximum. « On ne laisse personne s’asseoir, texter et regarder ailleurs. C’est comme un gros train, on embarque tous ensemble. »
Le thème de la FrancoFEST est Célébrons la Franco Diversité. Le Diable à cinq apporte le côté plus traditionnellement canadien-français, qui a aussi sa place.
« C’est en chacun de nous, peu importe où tu es né dans la francophonie. C’est quelque chose qui nous unit, cette musique participative. Pas besoin de connaître les paroles, tu écoutes, tu chantes, tu répètes. C’est très accessible. »
La formation québécoise a même réalisé une tournée en anglais (avec les chansons en français) l’an dernier, s’arrêtant en Angleterre, en Espagne et en Estonie. Avis aux anglophones de Hamilton, Samuel Sabourin affirme que « l’énergie, c’est contagieux » et qu’il n’y a « aucune barrière de langue. »
Adama Daou, au-delà du thème
Adama Daou est un habitué de la FrancoFEST. Il peut témoigner de l’habitude de diversité dans la programmation, au-delà du thème affirmé dans le slogan.
« Nous ne sommes pas beaucoup représentés et je vois que la FrancoFEST fait beaucoup d’efforts. Il faut vraiment le souligner (dans votre article) », nous intime le musicien en entrevue.
L’artiste originaire du Mali revient avec ses ateliers de balafon, un instrument traditionnel de l’Afrique de l’Ouest s’apparentant au xylophone. « Les pianos ont été inspirés des balafons », explique le Montréalais, qui s’est donné la mission de faire connaître son instrument à travers le Canada.
Les ateliers s’adressent à n’importe quel public. Les participants, souvent curieux et un peu intimidés au départ, terminent l’activité le sourire aux lèvres. « Une fois qu’ils ont touché (au balafon), c’est fini, ils se laissent aller. C’est un instrument qui parle. Il n’y a pas de fausses notes. »
Adama Daou a même été témoin de petits miracles, comme l’histoire de cette dame qui a suivi un de ses ateliers en prison, deux semaines avant la fin de sa peine. « Aujourd’hui, elle est animatrice auprès des immigrants. Ça l’a poussée à faire de la médiation culturelle. »
Celui qui a appris à jouer de son instrument dans sa famille de griots affirme que l’apprentissage est bien différent, plus pédagogique, dans ses ateliers destinés au grand public.
Cette année, Adama Daou montera également sur scène avec son groupe Siraba, un quatuor mêlant les influences de trois continents : l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Sud. Les autres musiciens sont originaires du Brésil, de la France et de la Côte d’Ivoire.
Cette musique métissée s’appuie quand même sur le balafon d’Adama Daou. Siraba veut dire « la grande route » en bamanan, la plus importante langue du Mali.