Congrès de l’AFO : le thème de l’inclusivité gagne en importance

Les participants au au congrès de l'AFO de l'AFO à Richmond Hill, en 2018. Source: Facebook AFO

RICHMOND HILL – Plus que les autres années, le thème de l’inclusivité s’impose pour l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Les références à l’idée se sont multipliées ce samedi pour la troisième journée du congrès de l’organisme à Richmond Hill dans la banlieue de Toronto.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La veille des élections sur le conseil d’administration y est sans doute pour beaucoup. D’autant que ce sera la première fois où le président de l’AFO sera élu par un vote depuis 2010. « L’inclusivité joue cette fois-ci un rôle plus évident », résume Jean-Marie Vianney, l’un des leaders de la communauté franco-africaine en Ontario.

« Cette année, on voit qu’il y a une nouvelle énergie, des nouveaux besoins, et une volonté de plusieurs leaders de vouloir s’affirmer et d’apporter leur vision des choses. »

Ce congrès 2018 s’inscrit quelques semaines après la naissance de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario qui remplace l’Union Provinciale des Minorités Raciales Ethnoculturelles Francophone de l’Ontario (UP-MREF).

Sur les 11 postes du conseil d’administration de l’AFO, deux sont directement offerts à ces minorités raciales. Mais ces deux sièges occupés par Julie Mbengi Lutete et Marcel Mukuta Kalala ne sont pas concernés par une élection cette année.

Plus de minorités visibles, plus de jeunes aussi sur le conseil de l’administration de l’AFO, c’est évidemment le souhait du candidat à la présidence, Pablo Mhanna-Sandoval, 18 ans. « Vous voulez la relève, la voici », a-t-il conclu les cinq minutes, montre en main, de son allocution devant les membres de l’organisme.

Quelques minutes plus tard au micro d’#ONfr, M. Mhanna-Sandoval a enfoncé le clou. « J’espère que ma candidature à la présidence de l’AFO, peu importe le résultat de demain matin, parte d’une culture de contestation politique et permette à des jeunes mais aussi des jeunes des minorités visibles de plus s’identifier avec leur organisme porte-parole. »

La solution pour lui? « L’écoute constante, et le dialogue constant », plaide-t-il. « Il n’y a pas de solution magique, mais s’il y en avait une, on aurait déjà atteint nos objectifs. »

Jolin défend son bilan en la matière

Candidat à sa propre succession à la tête de l’organisme porte-parole des francophones en Ontario, Carol Jolin défend son bilan sur l’inclusivité. « On attend toujours le rapport de Léonie Tchatat sur les tables rondes menées avec les minorités ethnoculturelles francophones au cours de l’été. C’est sûr que l’on va mettre les recommandations de l’avant. »

Et de poursuivre : « Je ne suis pas d’accord pour dire qu’il n’y a pas de représentation. Sur les 11 représentants du CA, deux viennent des minorités raciales, en plus des deux postes qui leurs sont résevés. Nous avons un poste de représentant de la jeunesse, mais avant l’élection de demain, trois jeunes siègent encore sur le CA. Quand on parle d’inclusivité, il faut faire attention! »

M. Vianney nuance toutefois l’efficacité des communications avec ces représentants des minorités. « On avait effectivement des représentants mais ils ne nous rendaient pas toujours des comptes. » Il table sur la crédibilité nouvelle de la Coalition des Noirs pour faciliter les messages entre le nouveau conseil d’administration et les minorités ethnoculturelles et raciales.

L’AFO dit suivre les directives d’inclusivité demandées par le gouvernement de l’Ontario. « On a commencé à le mettre en vigueur, en mentionnant les terres sur lesquelles nous sommes avant de commencer le congrès, c’était une première », précise M. Jolin. « L’été dernier, nous avons embauché une personne binaire (le terme exact est en réalité « non-binaire »). Elle connaissait très bien quelle sorte d’inclusivité ces gens-là recherchent et a fait un travail exceptionnel. »

Petite polémique sur le prix de participation

Une meilleure diversité sur le conseil d’administration, mais aussi donc une inclusivité économique. Contre toute-attente, cette dernière thématique s’est glissée samedi matin dans les débats. Lors d’une conférence sur la diversité culturelle, l’animatrice Najat Ghannou – également candidate pour représenter la région Est sur le CA – a déclaré regretter le prix de 700 $ que doivent s’acquitter les membres les plus jeunes pour s’inscrire au congrès.

Une information démentie dans l’heure suivante par le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, micro en main devant l’assistance. « Les frais pour les inscriptions jeunesse s’élèvent à 150 $ par personne. Pour les autres, il existe un rabais de 100 $ si l’on inscrit à l’avance et de 200 $ pour les membres associatifs. »

« Le tir a été corrigé par Peter Hominuk. C’est vrai que les jeunes au sein de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ont des prix réduits, ce qui est excellent », admet M. Mhanna-Sandoval. « Mais la plupart des individus ont du mal à payer ces prix pour participer au congrès. »

Gerardo Castro du Centre D´Alphabetisation et Documentation de London refuse pour autant de jeter la pierre à l’AFO sur le prix. « Beaucoup de personnes n’ont pas les moyens de venir ici. Mais le plus important dans ces questions d’argent, c’est d’avoir le soutien financier pour inciter les personnes à participer. La responsabilté vient de la structure gouvernementale, pas de l’AFO. »

Immigrant colombien, installé au Canada depuis 2002, M. Castro voit un mieux de la part de l’AFO depuis quelques années. « On commence à voir de l’ouverture pour la participation des immigrants, que ce soit pour les organismes et les personnes. »


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