Congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario : le français absent… ou presque

Archives ONFR+

OTTAWA – Présence insuffisante du français? Une chose est certaine : les activités du congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), qui s’est achevé ce mercredi, ne se sont déroulées, sans surprise, qu’en anglais. Mais plusieurs soulignent des progrès quant à l’utilisation de la langue de Molière.

À commencer par Roger Sigouin, le maire de Hearst et président de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO). « En comparaison avec les années précédentes, beaucoup plus de monde a fait des messages en français. Beaucoup d’anglophones, lors des présentations, et de tous les partis politiques, ont fait un effort de s’exprimer en français. »

Un constat que tous ne partagent pas. Sur les trois étages du Centre Shaw à Ottawa, le lieu de la conférence, Gisèle Pageau espérait beaucoup mieux. Mais les différents kiosques présents et les sessions de travail organisées, demeurent, selon la mairesse de Rivière des Français, totalement unilingues.

La mairesse de Rivière des Français, Gisèle Pageau. Archives ONFR+

« Ma critique de l’AMO reste la même que les années précédentes : il n’y a pas d’activités en français. Il faudrait au moins une ou deux activités en français. »

Un constat corroboré par ONFR+. La documentation distribuée durant les quatre jours de congrès était uniquement unilingue. Pas de trace non plus du français sur le site web de l’AMO.

Responsabilité de l’AFMO?

« Pour la place du français, c’est à peu près la même chose que l’an passé », tranche le maire de Clarence-Rockland, Guy Desjardins. « L’AFMO devrait être ici à pousser pour que l’AMO nous donne un peu plus. Nous n’avons pas assez d’informations de l’AFMO. Qu’ils prennent leur liste de clientèle, et nous envoient l’information dont on a besoin. »

Fondée en 1989 par Gisèle Lalonde, l’AFMO a pour mission de fournir aux villes un soutien technique pour la traduction de documents municipaux, offrent des tarifs préférentiels pour des services de traduction ou encore propose des formations en français pour les élus.

Gary McNamara, un ancien président de l’AMO toujours très engagé sur le terrain. Source : Facebook

L’organisme représentant les municipalités francophones est pourtant bel et bien un membre associé de l’AMO. Gary McNamara, un ancien président de l’AMO toujours très actif, et maire de Tecumseh, veut clarifier les choses : « L’AFMO n’a pas fait de demandes pour obtenir plus de services en français ou de communications en français. Ils auraient pu. »

M. McNamara défend la place du français lors du congrès. « On a toujours des maires francophones présents, nous sommes toujours disponibles pour donner des entrevues en français. Encore une fois, si les maires ont besoin de traduction, on peut certainement en produire pour eux. »

Roger Sigouin, président de l’AFMO, minimise une quelconque bisbille entre les deux associations. « Je n’ai rien contre l’AMO et je siège sur leur comité en tant que membre. Je n’ai jamais reçu une plainte d’un des membres de l’AFMO sur un kiosque ou des documents unilingues. Si les membres de l’AFMO désirent de la documentation en français durant le congrès, nous pouvons faire une demande. »

Site web unilingue

Toujours est-il que le site web de l’AMO, unilingue anglais, continue de faire grincer des dents. Interrogé sur le sujet, Gary McNamara se montre plutôt ouvert à une traduction en français. « Un site web bilingue dans le long terme fait du bon sens. Il serait bien pour les maires, et pas seulement les maires, d’être capables d’accueillir de l’information en français. »

Interrogé l’an passé par ONFR+ sur le même sujet, à savoir l’unilinguisme du site web de l’AMO, M. McNamara avait alors donné une réponse similaire. « On peut vraiment faire une meilleure job. »

Selon les recherches d’ONFR+, l’AMO n’est pas assujettie à la Loi sur les services en français. En ce sens, un regroupement de municipalités a la droit de communiquer de l’information uniquement en anglais.