COVID-19 : les stocks de masques source de tensions entre le Canada et les États-Unis
Alors que les États-Unis menacent de stopper leurs exportations de masques N95 vers le Canada, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé, en conférence de presse, être en discussion régulière avec le président Trump et les différents paliers de l’administration américaine, se refusant à limiter les exportations canadiennes.
« Les travailleurs et les biens essentiels circulent dans les deux directions. Ça ferait du mal à nos deux pays de bloquer la chaîne d’approvisionnement », a lancé le premier ministre Trudeau.
Du personnel soignant et le papier qui sert à fabriquer ces masques proviennent notamment du Canada, a-t-il rappelé.
« On ne veut pas commencer à limiter nos exportations. Je suis confiant que l’on trouve une solution », a-t-il assuré, ajoutant avoir une rencontre « dans les plus brefs délais » avec son homologue américain.
La firme 3M a divulgué, hier, dans un communiqué, que l’administration Trump lui demandait de stopper ses exportations de masques fabriqués sur le sol américain vers le Canada.
Reconnaissant « une compétition globale féroce » pour s’accaparer les stocks de masques de protection, M. Trudeau a affirmé collaborer aussi avec la Chine d’où des équipements sont attendus dans les prochains jours.
« On s’assure que la chaîne d’approvisionnement continue de fonctionner. »
« C’est totalement inacceptable, je suis très déçu » – Doug Ford, premier ministre de l’Ontario
« C’est totalement inacceptable. Je suis très déçu », a renchéri le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, à son tour, en point presse, à propos de l’attitude américaine.
« Ce n’est pas un business comme les autres. On a besoin de ces équipements jour après jour, heure après heure. Des vies sont en jeu. On a de bonnes relations avec les États-Unis mais, là, je suis très déçu de ce qui est en train de se passer maintenant. On est membre de la même famille. Les Canadiens vous regardent. »
Près d’une centaine de morts en Ontario
▶️ 375 nouveaux cas positifs en Ontario
▶️ 3 630 cas au total (12 924 au Canada)
▶️ 94 décès (214 au Canada), 1 219 guéris
▶️ 506 hospitalisés, dont 196 en soins intensifs
▶️ 71 738 tests réalisés, dont 1 336 en attente de résultats
Le nombre de décès liés au coronavirus en Ontario est passé de 67 à 94 dans les dernières 24 heures. Au total, 3 630 personnes ont été diagnostiquées positives depuis le début de la pandémie.
Sur les 506 patients pris en charge dans les hôpitaux, 196 sont en soins intensifs, dont 152 sous respirateur artificiel, alors que la province s’est lancé dans une course-contre-la-montre pour produire ses propres équipements grâce à ses industries.
À l’échelle du pays, on dénombre 12 924 cas pour 214 décès. Le premier ministre dit attendre les projections des autres provinces que celle de l’Ontario pour les « aligner » et dégager un portrait canadien de la situation. Le Canada doit en effet lui aussi émettre des prévisions globales à partir des données de chaque province.
« Les projections ne sont pas une boule de cristal, mais elles nous préparent au pire scénario et nous aident à planifier et adapter nos actions à court et long terme », a prévenu la médecin en chef du Canada, Theresa Tam, au côté de son adjoint Howard Njoo.
Vigilance accrue dans les maisons de retraite et soutien aux refuges
Le gouvernement ontarien a également rehaussé la vigilance dans les maisons de retraite, tenues dorénavant de déclarer toute éclosion de COVID-19 au médecin hygiéniste de leur région.
Un décret d’urgence semblable à ceux émis pour les hôpitaux et les foyers de soins de longue durée a été pris pour les maisons de retraite afin de leur donner plus de souplesse dans le recrutement et la réaffectation des employés.
Le gouvernement a également lancé deux autres initiatives, aujourd’hui. La première est un nouveau portail web reliant les travailleurs avec les employeurs qui cherchent à combler des postes dans le secteur agroalimentaire. Ce nouvel outil en ligne sera plus facile pour relier les gens aux emplois essentiels et à des ressources de formation tout au long de la chaîne provinciale d’approvisionnement alimentaire.
La deuxième est un fonds de secours aux prestataires de service à domicile qui soutiennent les populations vulnérables. La province promet jusqu’à 40 millions de dollars pour soutenir les organisations qui fournissent des services résidentiels aux enfants, aux personnes souffrant de troubles du développement et aux refuges d’urgence pour les femmes et les familles fuyant la violence domestique.
Ce fonds d’urgence vise, de plus, à faire face à l’augmentation des coûts d’hébergement auxquels sont actuellement confrontés les centres d’hébergement d’urgence pour les femmes fuyant la violence domestique et les survivantes de la traite des êtres humains.
Une clinique de soin prête à ouvrir dans l’Est d’Ottawa
Face à la hausse constante de nouveaux cas, une première clinique de soins COVID-19, dirigée par l’Hôpital Queensway-Carleton, ouvrira ses portes dès lundi, à Ottawa.
« Nous sommes prêts à ouvrir une autre clinique de soins pour la COVID-19 dans l’Est d’Ottawa, dirigée par l’Hôpital Montfort, aussitôt que le volume de patients et Santé Ontario en indiquent le besoin », a déclaré hier, par voie de communiqué, le médecin chef adjoint de la santé publique à la Ville d’Ottawa.
« Cette seconde clinique de soins peut ouvrir en tout temps si elle est activée par Santé Ontario. »