Crise linguistique : l’ACFO de Toronto en mode combat

Le conseil d'administration de l'ACFO de Toronto peut compter sur l'ajout de plusieurs nouveaux membres Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier, #ONfr

TORONTO – La crise linguistique dans laquelle Doug Ford a plongé l’Ontario a grandement teinté les discussions à l’assemblée générale de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto). L’organisme franco-torontois est habité par un esprit de combat, malgré des ressources financières faméliques.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Là où les intérêts des francophones sont bafoués, l’ACFO de Toronto a le mandat d’agir! Nous avons vécu des moments difficiles. Dans notre diversité, il faut être unis et agir ensemble », a lancé Constant Ouapo, président sortant de l’organisme. « En francophonie minoritaire, les défis sont nombreux et imprévisibles. Avec des droits constamment bafoués, il faut s’engager et dire non », a-t-il poursuivi dans son dernier discours à la tête de l’organisme.

Constant Ouapo a insisté sur la nécessité de mobiliser davantage les Torontois anglophones. « Il y a une force à laquelle nous n’avons pas touché, ce sont les programmes d’immersion. Toutes ces personnes qui croient dans les deux langues officielles du Canada. Il faut les intégrer, en faire les ambassadeurs de notre cause », a-t-il lancé.

L’organisme dépend d’un budget minime. Ses revenus au cours de la dernière année s’élevaient à 1 300 $. L’ACFO de Toronto a dû se résoudre à jouer un rôle d’appui lors de l’organisation des manifestations du 1er décembre. « Nous n’avions pas les ressources humaines nécessaires pour mener l’action. Mais nous avons écrit des lettres de protestation », a affirmé M. Ouapo.

Nathalie Nadon, autre membre du conseil d’administration, a renchéri. « Nous avons distribué des triangles vert et blanc lors de la manifestation, nous avons agi en suivant les directives de l’AFO [Assemblée de la francophonie de l’Ontario]. Pour la suite, on a besoin de gens pour proposer des idées, des actions », a-t-elle lancé.

Constant Ouapo et quatre autres membres du conseil d’administration ont décidé de quitter l’organisme, mais la crise linguistique actuelle a provoqué un regain d’intérêt pour le militantisme franco-ontarien. Les cinq postes vacants ont été comblés en moins de deux.

« Avec ce qui se passe dans l’actualité en ce-moment, ça m’a donné le goût de venir militer, de m’impliquer », a lancé Tom Galaty, originaire de la Côte d’Ivoire.

Ce désir de lutter anime aussi Stéphane Hamade. « Pour se battre pour les droits des francophones, je veux m’engager. J’ai étudié à l’Université de Waterloo, je me battais alors pour les droits des étudiants, je veux maintenant le faire pour les francophones », a soutenu l’ancien élève de l’école Étienne-Brûlé.

« L’ACFO de Toronto est un organisme qui se bat pour les minorités. Je me joins pour me battre pour les francophones, mais aussi les femmes francophones. Les immigrantes francophones ont des droits encore plus fragiles, je veux contribuer à trouver des solutions à leurs problèmes », a pour sa part affirmé Albertine Chkote.

Fait rare, une députée a pris part à l’événement. Suze Morrison de la circonscription de Toronto-Centre ne s’est pas gênée pour torpiller le gouvernement de Doug Ford.

« Le NPD est solidaire avec la communauté francophone. J’ai l’école Gabrielle-Roy et le Collège français dans ma circonscription. Nous nous sommes opposés aux coupes de l’Université de l’Ontario français et du commissaire aux services en français. Nous avons proposé une motion pour renverser les coupes. Évidemment, le gouvernement Ford s’y est opposé », a-t-elle affirmé.

« J’ai promis aux élèves que j’allais continuer d’être la voix des francophones à législature. Votre langue, votre culture, votre histoire sont importantes. Ça me brise le cœur que le gouvernement ne protège pas la communauté francophone », a-t-elle poursuivi.

Au cours des prochains mois, l’ACFO de Toronto compte travailler de pair avec l’AFO pour dénicher des sources de revenus. « Sans argent, on ne peut pas aller très loin », a conclu le président sortant, Constant Ouapo.