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élection Ontario

OTTAWA — La ministre des Affaires francophones sortante Caroline Mulroney a dû se défendre mercredi soir face aux oppositions dans le débat de l’élection provinciale ontarienne en français : élections hâtives, pénuries en francophonie, crise du système de santé et plusieurs autres thématiques clés vis à vis du bilan du gouvernement Ford l’ont mise sous le feu des attaques.

Ce débat francophone de 60 minutes à Radio-Canada et TFO, dans le cadre des élections ontariennes de 2025, a opposé la ministre sortante du gouvernement Ford pour les progressistes-conservateurs aux candidates Lucille Collard (Parti libéral), France Gélinas (NPD) et Michelle Petersen (Parti vert).

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Des élections hâtives ont été déclenchées par Doug Ford le mois dernier, qu’il raisonne par le besoin d’un mandat fort face à la menace américaine de tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens à destination des États-Unis. Sa décision a forcé sa ministre à défendre cette décision d’entrée de jeu dans le premier thème portant sur la menace tarifaire.

« On devrait être à Queen’s Park », ont lancé à plus d’une reprise les députées sortantes France Gélinas et Lucille Collard, qui argumentent chacune que Doug Ford avait déjà un « mandat fort », lui qui détenait la majorité avec 79 sièges sur 124 au moment de la dissolution.

« On est en élection parce qu’on a un plan à proposer pour faire des dépenses imprévues (…) C’est démocratique de mettre ce plan devant les électeurs », a défendu Mme Mulroney, dépeignant Doug Ford comme « l’ami des travailleurs » et « un leader fort prêt à protéger l’Ontario ».

« Comment voulez-vous que les francophones fassent confiance à M. Ford », a rétorqué la candidate des Verts d’Orléans, citant les coupures du Jeudi noir de l’Ontario français en 2018.

Contrairement au débat des chefs des partis lundi, les échanges entre les quatre candidates se sont déroulés de façon moins chaotique et moins houleuse, ce qui n’a donné lieu qu’à peu d’interruptions de la part des animateurs Sébastien St-François et Sandra Padovani.

Santé en français

Avec 2,5 millions d’Ontariens sans médecin de famille, le thème de la santé a aussi retenu l’attention dans ce débat, « une crise comme on n’a jamais vu faite par le gouvernement conservateur parce qu’ils veulent tout privatiser », accuse France Gélinas.

Caroline Mulroney a défendu le bilan en santé de son gouvernement mentionnant l’ouverture de trois nouvelles écoles de médecine depuis 2018, mais « pour former des médecins, ça prend du temps ».

Caroline Mulroney est ministre des Affaires francophones depuis 2018 sous le gouvernement Ford. Crédit image : Radio-Canada / Olivier Plante

Les médecins formés à l’étranger ici en Ontario ne sont pas pris au sérieux comme une solution, dénonce Lucille Collard alors que Michelle Petersen estime qu’une plus grosse place devrait être accordée à la santé communautaire.

L’enjeu d’avoir accès à des soins de santé primaire dans sa langue vient d’ailleurs en haut de liste des enjeux de cette élection pour les Franco-Ontariens. Pour France Gélinas, les centres de santé communautaires, sous-financés sous les conservateurs, jugent-elles, sont la solution et « les néo-démocrates vont s’assurer que tous les francophones » en aient accès à un.

France Gélinas est députée de Nickel-Belt à Queen’s Park depuis 2007. Crédit image : Radio-Canada / Olivier Plante

Caroline Mulroney vante le fait que l’agence Santé Ontario soit assujettie à la Loi sur les services en français depuis sa modernisation en 2022. Mais « la réalité dans les hôpitaux est que le service n’est pas là », soumet Michelle Petersen alors que ce changement législatif n’a rien changé, car « Santé Ontario offre zéro service, ce sont les hôpitaux et cliniques », réplique France Gélinas.

D’autres enjeux francophones en rafales :

Loi sur les services en français :

« Cette loi-là, elle n’a pas de dents (…) On a des exemples tous les jours dans le domaine de la santé, de la justice où les gens n’ont pas accès à des services en français. Il n’y a rien qui est fait et ils n’ont pas de recours », Lucille Collard.

« Je suis certain que chacun de vous (les téléspectateurs) avez vécu l’expérience d’aller chercher des services en français dans une région désignée et vous arrivez là et est-ce que la personne est réellement capable de vous servir en français? Non. C’est une réalité trop commune partout en province… On est dédié à remettre le Bureau du commissaire aux services en français, on a besoin de mesures de redevabilité » — Michelle Petersen.

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Michelle petersen est la candidate des Verts dans Orléans. Crédit image : Radio-Canada / Olivier Plante

L’Ontario bilingue?

« Ce n’est pas toujours facile de recevoir des services en français dans les régions désignées. Nous avons entendu la demande de la communauté d’avoir une province complètement bilingue, mais sans une main-d’œuvre bilingue et qualifiée, on n’est pas en mesure de donner des services aux francophones » — Caroline Mulroney.

« Avec le gouvernement conservateur, les francophones, on est ni valorisé, ni apprécié, on est toléré point à la ligne! Pourquoi la Loi sur les services en français s’applique juste dans quelques régions et non pas à tous les francophones de l’Ontario, peu importe où? » — France Gélinas.

Éducation en français :

« Je sais que le gouvernement s’est dépêché avant les élections d’aller mettre des pancartes bleues devant les écoles pour se vanter qu’ils ont investi 16 milliards de dollars. Je peux vous dire que si vous visitez les écoles, vous vous demandez où est cet argent-là. On a des écoles qui tombent en ruine. » — Lucille Collard.

« L’éducation, c’est la survie des Franco-Ontariens (…) Les néo-démocrates vont s’assurer que tous les francophones qui veulent une place en garderies à 10 $ par jour vont en avoir une » — France Gélinas.

« On sait tous que nous avons une pénurie d’enseignants dans la province qui a commencé sous les libéraux (…) Nous avons mis sur pied la première université par et pour les francophones, l’Université de l’Ontario français, on a doublé le nombre de sièges en éducation à l’Université d’Ottawa pour former de plus en plus d’enseignants », Caroline Mulroney.

Coût de la vie

L’autre thème qui a occupé les quatre politiciennes dans cette joute télévisée était l’enjeu de l’abordabilité.

En plus des chèques de 200 $ envoyés aux Ontariens dès janvier, les progressistes-conservateurs promettent des milliards en nouvelles dépenses, car la capacité du gouvernement « à investir dans des services gouvernementaux de qualité et de fournir une bonne qualité de vie aux Ontariens » est menacée par le président américain, justifie Caroline Mulroney.

Pour les libéraux, « la vulnérabilité économique » des Ontariens doit être une priorité face à la situation actuelle, clame Lucille Collard, citant les propositions de son parti en matière du coût de la vie « pour aider les Ontariens à passer à travers cette crise » : couper la TVH sur les factures de chauffages ou encore réduire l’impôt sur le revenu, entre autres.

Lucille Collard est la représentante libérale d’Ottawa-Vanier depuis 2020. Crédit image : Radio-Canada / Olivier Plante

Le NPD propose notamment de son côté une remise sur l’épicerie de près de 122 $ par mois pour les personnes gagnant moins de 65 000 $ par année alors que les Verts proposent de baisser les taxes pour les personnes à faibles revenus et de taxer les plus riches.