Décès de Rolande Faucher, bâtisseuse franco-ontarienne
OTTAWA – Rolande Faucher, ancienne présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) et figure incontournable de la défense des droits linguistiques, est décédée samedi à l’âge de 84 ans. Militante, consultante et auteure, elle laisse derrière elle plus de cinq décennies d’engagement pour la vitalité des francophones de l’Ontario.
Née à Ottawa en 1941, Rolande Faucher s’est rapidement imposée comme l’une des voix les plus constantes de la francophonie ontarienne.
Après avoir longtemps vécu à Kapuskasing, dans le nord ontarien, Mme Faucher s’installe à Orléans et assume la direction de l’ACFO de 1988 à 1990, période pendant laquelle elle contribue à consolider le rôle politique et communautaire de l’organisme, à un moment charnière pour les droits linguistiques en Ontario.
Elle a ensuite présidé plusieurs institutions culturelles et éducatives, notamment le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), avec lequel son parcours restera indissociable.
C’est sous sa direction que le centre a amorcé sa professionnalisation, lancé sa première planification stratégique et posé les bases de la construction du bâtiment qui deviendra l’un des piliers francophones d’Orléans.
Elle s’est aussi impliquée au sein du Studio des jeunes d’Orléans et La Nouvelle Scène, renforçant l’ancrage des arts et de la culture françaises dans la région de la capitale nationale.
Réactions et témoignages
Les premières réactions ont rapidement afflué. « Elle a défendu le MIFO avec une conviction inébranlable et a toujours cru en son importance pour la vitalité francophone. Grâce à son leadership et à sa détermination, le MIFO est devenu un lieu incontournable qui continue, encore aujourd’hui, à servir des générations entières des tout-petits aux aîné.e.s », écrit l’organisme dans une publication sur les réseaux sociaux.
« C’était une inspiration pour moi lorsque je me suis présentée comme députée : je me suis inspirée de ses actions pour défendre et protéger la langue française », a réagi la députée libérale d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier en entrevue avec ONFR.
« J’ai eu le privilège de la connaître depuis ma jeunesse et tout au long de ma vie adulte. C’était une femme très impliquée, une chercheuse et une activiste, qui savait exactement comment défendre la francophonie et aider notre communauté à prendre sa place. »
« Madame Faucher nous a offert, tout au long de sa vie, un modèle d’engagement public qui force l’admiration », peut-on lire dans une publication Facebook sur la page du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes.
Langues officielles et santé en français
Son passage à la présidence du Conseil de l’éducation et de la formation franco-ontarienne, de 1993 à 1996, a aussi marqué les discussions sur la gouvernance scolaire en français, à une époque où les revendications pour des conseils scolaires homogènes prenaient de l’ampleur. Mme Faucher a aussi été membre du Comité consultatif sur les affaires francophones de l’Ontario de 2004 à 2009.
En parallèle de son rôle de militante, Rolande Faucher a offert son expertise comme recherchiste au Parlement canadien et comme consultante sur les langues officielles, la santé, la justice et la formation professionnelle.
Elle a également siégé au conseil d’administration de l’Hôpital Montfort, durant les années turbulentes de la contestation judiciaire.
Plusieurs rapports qu’elle a dirigés, notamment sur le manque de professionnels de la santé francophones et les obstacles à l’accès aux services en français, demeurent des références dans le secteur.
« Le départ de Rolande Faucher m’attriste beaucoup (…) Mes premières interactions avec elle remontent à l’époque où l’on siégeait ensemble au conseil d’administration de Montfort, pendant la crise de SOS Montfort à la fin des années 90. Comme jeune leader franco-ontarien, j’étais inspiré par sa rigueur intellectuelle. Rolande était d’ailleurs membre honoraire de l’Association de l’Hôpital Montfort », a déclaré Dominic Giroux, président-directeur général de Montfort, dans une déclaration écrite à ONFR.
Et d’ajouter : « J’ai hâte de lire le dernier legs auquel elle a contribué avant son départ, l’ouvrage sur l’histoire d’Orléans lancé il n’y a que quelques semaines. »

Auteure et gardienne de la mémoire franco-ontarienne
Rolande Faucher est aussi connue pour avoir signé la biographie Jean-Robert Gauthier : « Convaincre… sans révolution et sans haine », publiée en 2008. Cet ouvrage, qui lui a valu le prix Champlain en 2009, retrace le parcours de l’un des plus ardents défenseurs des droits linguistiques au Parlement canadien.
Elle est également l’auteure du texte Pour une culture universitaire française pleine et entière en Ontario, qui plaidait pour une université autonome en français bien avant la création de l’Université de l’Ontario français.
Au fil de sa carrière, elle a obtenu de nombreux prix, dont l’Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) en 1999, le prix Albert-Régimbald des centres culturels de l’Ontario (ACCO) ou encore le Prix du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa en 2012.
En 2014, elle a été nommée membre honoraire du Réseau des services de santé en français de l’Ontario pour son rôle majeur dans l’évolution du secteur.
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