Délais de traitement à IRCC : le manque de ressources n’est pas en cause
OTTAWA – Immigration Canada a « amplement » d’employés et de ressources pour résoudre des problèmes de retards de traitements des demandes dans son système d’immigration, conclut le directeur parlementaire du budget dans un rapport.
Yves Giroux, le directeur parlementaire du budget (DPB), estime que Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) possède 65 % (en 2022-2023) plus d’employés que le minimum requis pour atteindre son objectif de traitement de demandes avec Entrée Express.
Le système d’Entrée Express est l’un des programmes clés pour l’immigration francophone hors du Québec, mais aussi pour l’immigration économique. Ce système a pour objectif de traiter des demandes à l’intérieur de six mois dans 80 % des cas. Entrée Express est basé sur un système de pointage. Si vous êtes francophone ou bilingue et que vous possédez une expérience de travail qualifiée, plus votre pointage sera élevé.
Mais, actuellement, les délais dans Entrée Express varient entre de 12 à 30 mois, selon les données disponibles sur le site internet d’IRCC. Comment dès lors expliquer ces délais, bien loin des six mois envisagés?
« On ne peut pas dire que c’est le manque d’employés (…). Les employés, c’est souvent de la ressource critique pour traiter des demandes dans un programme aussi délicat et intensif en ressources humaines que les programmes d’immigration. S’il ne manque pas d’employés, je me demande bien de quoi il manque au juste », s’interroge M. Giroux en entrevue.
Malgré l’augmentation des seuils d’immigration à 500 000 en 2025, le nombre d’employés sera toujours au-dessus du minimum requis, évalue le DPB. Il estime aussi que, vu que les nouveaux arrivants sélectionnés par Entrée Express coûtent moins cher, car ils s’intègrent facilement au Canada, « on peut s’attendre à ce qu’ils utilisent moins intensément que d’autres immigrants les services avant l’arrivée et les services d’établissement ».
Les coûts de programmes d’avant et après l’arrivée au pays représentent moins de la moitié de ceux des traitements de demandes (241 millions de dollars contre 550 millions de 2022 à 2027), selon le DPB.
« C’est le traitement des demandes qui semble vraiment être la pierre d’achoppement. C’est ça qui est vraiment critique », illustre Yves Giroux.
De plus, le DPB estime les frais chargés aux demandeurs et résidents permanents dont la demande est acceptée, couvre les coûts des ressources alors qu’il en coûtera seulement entre 7 à 13 millions de dollars par année de 2022 à 2027.
Un programme de plus en plus utile pour les francophones
Le ministre Sean Fraser a, à de multiples reprises, affirmé dans le passé qu’il souhaitait augmenter la flexibilité d’Entrée Express pour sélectionner davantage d’immigrants francophones, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, où de graves pénuries frappent les communautés francophones en milieu minoritaire. Il pointait vers cet ajout de flexibilité pour atteindre et augmenter la cible en immigration francophone.
« Si je détermine qu’Entrée Express, avec la nouvelle flexibilité, a l’habileté d’accélérer l’arrivée d’un plus grand nombre de francophones, je vais utiliser cet outil », disait-il en décembre dernier en comité parlementaire.
Dans un rapport visant à expliquer sa stratégie d’immigration paru en septembre dernier, IRCC expliquait vouloir inviter plus de candidats et d’augmenter le nombre de catégories d’emplois éligibles à Entrée express.
« Cette mesure contribuerait à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, à promouvoir la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire hors Québec », pouvait-on lire.
En 2015, 1,2 % des immigrants francophones hors Québec passaient par Entrée Express. En 2022, ce nombre a bondi de 7,7 %, mais le directeur parlementaire affirme qu’IRCC n’a pas puisé dans son bassin d’Entrée Express de septembre 2021 à juillet 2022. À titre d’exemple, Entrée Express représentait 12,5 % de l’immigration francophone au quatrième trimestre de 2022, ce qui représente le plus haut taux jamais enregistré pour un trimestre.