L'Université de Windsor, considérée unilingue, n'offre pour l'heure que deux programmes en langue française. Source : Canva

WINDSOR – Une quarantaine de professeurs francophones de l’Université de Windsor se mobilisent pour la désignation bilingue de l’université du Sud-ouest ontarien. La première pierre angulaire en est la publication d’un mémoire ce jeudi. Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor développe des recommandations, soumises à la haute direction, dont la création de programmes universitaires francophones répondant aux besoins identifiés par le rapport Harrison « Blue-ribbon », ou du recrutement de main-d’œuvre bilingue de la région de Windsor-Essex.

Une des instigatrices, Emmanuelle Richez, professeure agrégée du département des Sciences politiques de l’Université de Windsor, évoque la genèse du projet, reposant sur plusieurs constats.

« Cela faisait plusieurs années que nous avons une masse critique de professeurs francophones et francophiles à l’université, une quarantaine parlant français. D’autre part, la région comprend neuf écoles secondaires de langue française et d’immersion française dans le comté d’Essex, mais nos jeunes n’ont que peu d’options. Ils doivent soit déménager, soit poursuivre leurs études postsecondaires en anglais et nous avons décidé d’agir », explique-t-elle.

« Nous voulons également devenir un pôle d’attractivité pour les étudiants francophones et francophiles de la région de Détroit, notamment. Cela fait deux années de suite que nous recevons des élèves du Michigan à la compétition régionale de langue française Épelle-moi Canada de Windsor », raconte l’universitaire franco-ontarienne.

Le corps professoral à l’origine du mémoire l’a soumis ce jeudi à la haute administration de l’Université de Windsor, incluant le recteur, Robert Gordon, le principal Robert Aguirre et le vice-président diversité et inclusion M. Quinton Bedford.

Une rencontre avec ceux-ci est prévue dès la semaine prochaine pour faire valoir les arguments clés en faveur du bilinguisme. En l’occurrence, l’un des points forts pour l’administration dans le fait de capitaliser sur la francophonie, selon Mme Richez, serait de bénéficier d’enveloppes budgétaires fédérales pour l’éducation postsecondaire en français en milieu minoritaire, en plus d’attirer de nombreux étudiants étrangers à la recherche d’une éducation bilingue.

Emmanuelle Richez, au centre, avec quelques-uns des professeurs de l’Université de Windsor impliqués dans la réalisation du mémoire. Source : Mémoire Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor

Des recommandations vers des programmes bilingues

L’Université n’offre pour l’instant que deux cursus francophones, le programme d’études françaises, département de langues, littérature et cultures, et la Spécialisation française en sciences politiques, pour lequel le tiers des cours est en langue française.

L’une des recommandations phares du rapport est de s’attacher aux besoins réels de la région de Windsor, désignée en vertu de la Loi sur les services en français (LSF).

« La prochaine étape serait de créer des programmes francophones ciblés sur les besoins de main-d’œuvre locale. Le rapport Harrison « Blue Ribbon » a identifié un besoin criant de main-d’œuvre bilingue dans le domaine de la santé et de juristes francophones à Windsor spécifiquement. »

Nous aimerions que l’université obtienne la désignation en vertu de la LSF et devienne ainsi bilingue.
— Emmanuelle Richez

« On pourrait ainsi très bien imaginer un nouveau programme qui donnerait l’occasion aux étudiants d’acquérir des compétences de soins infirmiers en français, donc on pourrait imaginer un programme se développer au sein de la faculté de droit », développe celle-ci.

Le mémoire recommande, entre autres, de rendre la francophonie visible sur le campus par diverses mesures, comme hisser le drapeau franco-ontarien, ainsi que procéder à un recensement des élèves qui parlent français.

« Nous aimerions que l’université obtienne la désignation en vertu de la LSF et devienne ainsi bilingue », conclut Mme Richez.

« Nous avons l’appui de tous les organismes francophones de la région, qui par ailleurs reçoit depuis quelques années énormément d’immigration francophone. Un renouvellement de la population francophone encouragée par la communauté. »