Deux millions qui ne font pas que des heureux

Le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+

SUDBURY – Quelque 57 organismes communautaires francophones et francophiles se partageront l’enveloppe budgétaire de 2 millions du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO). L’annonce de Marie-France Lalonde et Carol Jolin fait bien des heureux, mais soulève aussi la frustration de certains.

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

Cette première édition du PAFO, lancé en septembre 2017, aura su susciter l’attention d’organismes de partout en province. Selon la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, les conseillers régionaux du ministère des Affaires civiques et de l’Immigration auraient reçu et évalué 157 propositions de projets.

Parmi ceux qui ont été retenus, l’Association canadienne-française de l’Ontario de Stormont, Dundas et Glengarry, le Conseil des organismes francophones de la région de Durham, l’Ontario Library Association et La Maison – une maison d’hébergement pour femmes francophones à Scarborough – tirent la plus grande part du gâteau, recevant chacun la subvention maximale de 100 000 $ sur deux ans.

Les groupes ciblés et négligés

Les subventions cherchent entre autres à appuyer divers groupes vulnérables des collectivités francophones de l’Ontario. Plusieurs des projets retenus appuieront ainsi les jeunes, les femmes, les aînés ainsi que les francophones issus de divers groupes ethnoculturels minoritaires.

Alors que les francophones vivant dans des collectivités autochtones étaient identifiés comme un groupe ciblé, seul le projet du Centre communautaire régional de London en fait mention. Cependant, ce dernier ne précise pas comment sa fête des Canadiens français de 2018 et sa Semaine de la francophonie de 2019 offriront un appui particulier à cette communauté.

Deux des projets traiteront également des enjeux de la communauté LGBTQ, mais aucun de ceux qui ont été retenus n’offre un soutien particulier aux francophones vivant avec un handicap.

Le Phénix « exige des réponses »

« C’est absolument déplorable! », commente Judith Parisien, directrice générale du Phénix. Le Phénix, un organisme qui promeut l’inclusion et la pleine participation des personnes francophones en situation de handicap, s’est fait refuser les fonds pour son Forum sur la diversité, l’accessibilité et l’inclusion.

« Tout le comité d’organisation est surpris », élabore Mme Parisien. « Notre projet répondait à tous les critères, dans tous les sens. Il y avait une question précise sur l’accessibilité et nous sommes le seul organisme francophone en Ontario qui fait de l’accessibilité son mandat. »

Le Phénix entreprend des démarches pour mieux comprendre la décision du ministère. Toutefois, le formulaire de demande indique qu’il « n’existe aucune procédure d’appel pour les demandeurs non retenus dans le cadre du PAFO ».

« Ils peuvent bien écrire ce qu’ils veulent, mais en bout de ligne, ils sont redevables à la communauté », riposte Mme Parisien.  « Il y a un coût administratif important à faire ces demandes. Il faut donc comprendre ce qui n’allait pas avant de commencer les prochaines demandes. »


« C’est 15 % de la population qui vit en situation de handicap, et qui encore une fois restera invisible. » – Judith Parisien, directrice générale du Phénix


Autre organisme déçu : l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa). L’organisme avait soumis un projet « Identités intersectionnelles » lequel aurait compris une série de 12 panels de discussion présentés en format « 5 à 7 » mensuellement, avec pour but d’augmenter l’inclusivité et l’accueil au sein de la communauté franco-ontarienne.

« Nous sommes très déçus », a fait part la présidente, Soukaina Boutiyeb. « Nous attendons des explications provinciales. » Un total de 32 000 $ sur deux ans était demandé pour la réalisation du projet.

En entrevue avec #ONfr, Mme Lalonde préfère ne pas aborder les demandes individuelles.

« Je comprends que les organismes qui n’ont pas été retenus soient déçus », sympathise-t-elle. « C’est un nouveau programme, un nouveau fonds qui a été créé de rien. On va faire un suivi et améliorer le processus. Pour la troisième année, on verra si l’on peut avoir plus de financement. Les 157 demandes démontrent que la francophonie est créative et engagée, et que les organismes ont des besoins de financement. L’important, c’est que le programme continue pour une quatrième, cinquième et sixième année. »

Article écrit avec la collaboration de Sébastien Pierroz