Doug Ford est le nouveau chef du Parti PC
TORONTO – Doug Ford a réussi à déjouer tous les pronostics : le candidat populiste devient le nouveau chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario. Celui que plusieurs surnomment le « Donald Trump canadien » a remporté la victoire, devançant au fil d’arrivée Christine Elliott.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
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JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
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Doug Ford a réussi à amasser plus de 50 % des votes au troisième tour. Il a alors battu par quelques dizaines de votes Christine Elliott (6202 votes comparativement à 6049 votes). Le seul homme de la campagne à la chefferie a coiffé ses adversaires, Caroline Mulroney, Christine Elliott et Tanya Granic Allen.
« Je sais que plusieurs se sont sentis ignorés dans ce processus. Nous avons beaucoup à faire pour le parti. Nous allons le mettre sur les rails. Nous allons ramener notre province là où elle doit être », a lancé Doug Ford.
« Les gens de l’Ontario veulent du changement », a-t-il poursuivi. Alors qu’il a souvent eu des relations difficiles avec les médias, il les a remerciés pendant sa conférence de presse. « Vous avez été très patients, merci. Oui, vous m’avez bien entendu, je remercie les médias! », a-t-il lancé.
Au terme d’une course marquée par de nombreux rebondissements, il devra maintenant prouver qu’il peut incarner le changement qui semble tant réclamé par une majorité d’Ontariens à deux mois d’une élection générale.
Journée rocambolesque
Incroyable, mais vrai. Les résultats de la course à la chefferie du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario ne permettaient pas d’annoncer, en journée pendant le rassemblement des militants, un gagnant. L’annonce de ce retard s’est faite sous les huées de nombreux militants, qui n’ont obtenu aucune réponse sur les raisons à l’origine de cette décision inattendue.
« Une révision des résultats doit être menée », les quelques mots prononcés par Hartley Lefton, président du comité organisateur de la course à la chefferie, ont provoqué une vague de colère chez bon nombre de militants progressistes-conservateurs réunis dans un hôtel de Markham pour entendre en personne le résultat de cette course.
Le lutrin où un discours de victoire de l’un des candidats devait être prononcé est resté vide. Et les ballons pour célébrer le nouveau chef sont restés bien accrochés au plafond. Pendant ce temps, des militants criaient des insultes aux organisateurs de la course, l’ancien député Frank Klees exigeant même leur démission.
L’annonce a fait suite à une journée marquée par l’opacité entourant le dévoilement des résultats. Quatre heures après l’heure prévue du dévoilement, rien n’avait encore filtré. Pendant tout l’après-midi, de nombreux journalistes étaient massés dans un couloir où certains candidats à la chefferie et leurs avocats étaient à tenter de trouver une sortie de crise.
Selon certaines informations, certains candidats contestaient le résultat du vote dans certaines circonscriptions. Un proche de Doug Ford, Jeff Silverstein, est venu à la rencontre des médias vers 20 heures. Il a soutenu que les résultats étaient très serrés et pouvaient avantager un clan plutôt que l’autre dans l’éventualité d’une erreur.
En journée, les rumeurs ont fusé de toutes parts : certains évoquant un problème informatique, d’autres un délai provoqué par la nécessité d’appeler des avocats qui n’étaient pas sur les lieux de l’annonce du vote. En soirée, le Parti n’avait toujours pas indiqué les raisons de ce retard dans l’annonce des résultats.
Pendant ce temps, la ministre libérale Deb Matthews allait à la rencontre des médias tout en jubilant sur les difficultés de ses adversaires.
L’importance de l’unité
Plus tôt en journée, le chef par intérim, Vic Fedeli, a partagé un message d’unité aux troupes progressistes-conservateurs. Selon lui, la course n’a pas divisé, elle a au contraire permis d’unir le parti PC. « Le Parti PC de l’Ontario est uni et il est prêt à remporter la victoire », a-t-il lancé. « Ne laissez pas les petites différences vous diviser dans l’avenir », a-t-il ajouté au sujet des lendemains parfois difficiles suivant le choix d’un chef de parti.
Pour lui, la victoire est sûre, a-t-il dit. « On dirait que les médias comprennent que nous sommes en train d’élire le futur premier ministre de l’Ontario », a-t-il dit. « Pour Kathleen Wynne et les libéraux, il est minuit moins quart », a-t-il poursuivi.
Cette course à la chefferie a été nécessaire, à quelques mois d’une élection générale en Ontario, après la démission-choc de Patrick Brown éclaboussé par des allégations de scandale sexuel. Ce dernier a décidé en fin de course de se présenter à sa propre succession, avant de lancer la serviette deux semaines plus tard, rattrapé par une multitude d’allégations.