Éducation : Simard exhorte le gouvernement à trouver un accord
TORONTO – A trois jours d’un débrayage total des enseignants ontariens, le débat a pris une tournure hautement politique aujourd’hui, à l’Assemblée législative de l’Ontario. Lors de la rentrée parlementaire, la députée libérale Amanda Simard est montée aux barricades.
« Allez-vous enfin annuler ces coupes irresponsables et dévastatrices pour qu’on puisse enfin conclure une entente et assurer le maintien de la qualité de notre système d’éducation? »
Les mots sont d’Amanda Simard et s’adressaient au ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, et au premier ministre Doug Ford.
Applaudi par le premier ministre et la majorité, Stephen Lecce a répété son intention de maintenir les élèves en classe, appelant les syndicats à négocier de bonne foi. Il s’est érigé en défenseur de la maternelle à quatre ans, des résultats scolaires et de l’éducation francophone.
Nouvelle passe d’armes prévue demain en chambre
Pas suffisant pour l’élue, désormais libérale, de Glengarry-Prescott-Russell qui reviendra à la charge demain, en fin d’après-midi, sur cette même question.
« Je n’ai pas eu satisfaction quant à cette réponse », affirme-t-elle. « Le ministre devra expliquer, demain, pourquoi il ne peut pas répondre ou pourquoi il évite la question. »
Pour l’heure, syndicats, gouvernement et conseils scolaires n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente sur le renouvellement des contrats de travail des enseignants. Le conflit dure depuis six mois et rien n’indique que la reprise des négociations, prévue cette semaine, trouve un dénouement rapide et évite le blocage historique – une première depuis 1998 – à la grève générale de vendredi.
« Un effet disproportionné sur les francophones »
Amanda Simard a entre autres dénoncé « l’effet dévastateur » de l’augmentation de la taille des classes et des cours en ligne obligatoires.
« Obliger les élèves à suivre des cours en ligne ne fait aucun sens au moment où on essaie justement de les décrocher des écrans de téléphone et d’ordinateur. Si on va dans cette direction, on va arracher les élèves à leur environnement francophone, les détourner de leurs interactions sociales si importantes pour conserver et cultiver leur langue. Cela va avoir un effet disproportionné sur les francophones », avertit-elle au micro d’ONFR+.
Et de surenchérir : « Ça vaut aussi pour les zones rurales. Qu’est-ce qu’on fait avec ceux qui n’ont pas l’internet à haute vitesse? Comme toutes les mesures du gouvernement, c’est irréfléchi et c’est fait avec la hache dans les mains, les yeux fermés. »
L’argument budgétaire battu en brèche
« On ne peut pas compromettre l’éducation de nos jeunes pour des économies ici ou là », signifie la députée. « Il faut réaliser que l’éducation est un investissement à long terme. Nous, on le reconnaît. Il serait temps que le gouvernement commence à le reconnaître. »
À Queen’s Park comme à la table des négociations, les jours qui précèdent le mouvement de grève provincial de vendredi s’annoncent donc tendus et décisifs. Gouvernement, syndicats et conseils scolaires ont trois jours pour s’entendre. Trois jours avant que la grogne des enseignants prenne une toute autre dimension et s’installe dans la durée.
« C’est le temps d’avoir des réponses car on veut une entente le plus tôt possible pour les enseignants et les élèves », estime la députée de Glengarry-Prescott-Russell. « J’ai encore espoir, mais il va falloir que le gouvernement négocie de bonne foi. »
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, n’a pas donné suite à nos sollicitations médiatiques à l’heure où nous écrivons ces lignes.