Élections en Colombie-Britannique : les francophones ignorés

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VANCOUVER – Les Britanno-Colombiens sont appelés aux urnes, le mardi 9 mai. Mais pour les francophones de la province, les espoirs sont faibles de voir une différence, peu importe le résultat des élections provinciales.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Pendant la campagne électorale, toutes les tentatives de la Fédération des francophones de Colombie-Britannique (FFCB) pour rejoindre les partis politiques sont restées lettre morte.

« Nous les avons sollicités, nous leur avons demandé de les rencontrer, mais le Parti libéral a décliné notre invitation et les autres partis n’ont même pas répondu », explique, dépitée, la présidente de la FFCB, Padminee Chundunsing.

Si les partis politiques britanno-colombiens n’ont pas semblé intéressés par les enjeux linguistiques, il en a été de même pour les candidats.

L’idée de la FFCB et du Bureau des affaires francophones et francophiles de l’Université Simon Fraser d’organiser un débat bilingue public sur les enjeux francophones avec les trois principaux candidats de la circonscription « Vancouver-Fairview », où se trouve la Maison de la francophonie, n’a pas eu plus de succès. L’activité a finalement dû être annulée puisqu’aucun des candidats n’était disponible et que seulement l’un d’entre eux a proposé d’envoyer un candidat de substitution.

« Il est regrettable qu’encore une fois les enjeux d’ordre linguistiques soient passés sous silence lors d’une campagne électorale provinciale malgré nos efforts de dialogue », regrette Mme Chundunsing.

L’enjeu de l’éducation

La crise du logement, l’économie et dans une moindre mesure, l’environnement ont davantage occupé le devant de la scène.

« Tous ces dossiers nous intéressent et nous concernent aussi bien sûr, mais on aurait également aimé parler d’enjeux spécifiques, comme celui des services de santé ou de l’éducation », souligne la présidente de la FFCB.

Il faut dire que l’éducation est un dossier particulièrement sensible pour les francophones de Colombie-Britannique. La victoire de la communauté dans le dossier de l’école Rose-des-Vents de Vancouver, puis la décision mitigée de la Cour suprême de Colombie-Britannique en septembre dernier, prouvent que les relations avec le gouvernement ne sont pas toujours faciles.

Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) et la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique (FPFCB) ont d’ailleurs décidé de poursuivre la bataille juridique dans cette dernière cause en portant une partie du jugement de plus de 1 600 pages de la juge Russell en appel.

« Le sujet de l’éducation, aussi bien de langue anglais que française, a occupé très peu de place ce qui n’est pas surprenant mais qui est très décevant pour notre communauté francophone qui a été très touchée par le peu d’investissements de la province dans les écoles. Seule la petite enfance a été un peu abordée, notamment avec l’idée du le Nouveau Parti démocratique (NPD) de mettre en place des garderies à 10 $ par jour, ce qui peut être intéressant pour nous aussi », remarque la directrice générale de la FPFCB, Marie-Andrée Asselin.

Quel que soit le parti qui remportera les élections, elle s’attend à ce qu’il faille encore travailler fort pour que la communauté francophone obtienne de la province l’aide nécessaire pour répondre à ses besoins, aussi bien en éducation, qu’en santé.

« C’est difficile de savoir quels partis politiques est sensible à nos enjeux puisqu’aucun ne nous a répondu… », concède-t-elle.

En Colombie-Britannique, les francophones représentent 1,6 % de la population, soit 70 760 personnes, selon les chiffres du recensement de Statistique Canada de 2011.

La Colombie-Britannique est gouvernée par le Parti libéral de Colombie-Britannique depuis 2001, après trois mandats de règne néo-démocrate. La première ministre, Christy Clark, tente d’obtenir à nouveau la confiance des électeurs contre le chef du Parti vert de Colombie-Britannique, Andrew Weaver (à gauche de la photo), et le néo-démocrate, John Horgan (à droite de la photo).

À la dissolution de l’assemblée législative, le 11 avril dernier, les libéraux occupaient 47 sièges, le NPD de Colombie-Britannique comptait 35 députés, alors que trois élus siégeaient comme indépendants.