Élections : le milieu LGBT veut se faire entendre

Des candidats du Parti libértal, du NPD et du Parti vert ont pris part à un débat spécifique aux enjeux du milieu LGBT à Toronto.

TORONTO – Les francophones qui vivent en milieu minoritaire ne sont pas les seuls à se sentir ignorés par les chefs des grands partis à l’occasion de cette campagne électorale. Des intervenants du milieu Lesbien, gay, bisexuel et transgenre (LGBT) ont organisé leur propre débat, le jeudi 24 septembre, afin d’avoir des réponses aux questions qui les préoccupent.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Même si la présente campagne électorale est l’une des plus longues de l’histoire moderne canadienne, des enjeux qui touchent pourtant des millions de citoyens ne trouvent pas de place dans le discours public. C’est le cas des questions propres à la communauté gaie.

Une douzaine d’organismes de la communauté LGBT ont mitraillé de questions pendant près de deux heures trois candidats qui représentent autant de partis nationaux. Le Parti conservateur n’ayant pas donné suite à l’invitation des organisateurs, la formation politique était représentée par une chaise vide lors du débat.

Les représentants des partis ont d’abord été interpellés sur le problème de l’itinérance chez les jeunes membres de la communauté gaie. Plusieurs adolescents sont chassés de leur logis après avoir révélé leur orientation sexuelle, a rappelé un représentant d’un organisme communautaire.

Les candidats Bill Morneau, du Parti libéral, et Craig Scott, du NPD, ont tous deux affirmé qu’il était nécessaire d’investir davantage dans les logements sociaux. « Le Parti libéral est prêt à faire des déficits pour investir dans ce type de projets », a rappelé le candidat libéral. Lui et son adversaire semblaient par moment prisonnier des plateformes électorales de leur parti respectif qui n’abordent pourtant aucunement les questions propres à la communauté LGBT.

Le même phénomène s’est produit lors d’une question sur le problème de la pauvreté chez certains membres de la communauté homosexuelle. Le candidat néo-démocrate a soutenu qu’il était nécessaire de réinstaurer le recensement détaillé, une promesse de longue date du NPD, pour pouvoir mieux comprendre à cette problématique.

M. Morneau a quant à lui avancé que la croissance de l’économie pouvait constituer une réponse à la pauvreté, tout comme les programmes d’emplois dédiés aux jeunes. Le représentant du Parti vert, Chris Tolley, a vanté la promesse de sa formation politique d’instaurer le « Revenu de subsistance garanti », afin de s’attaquer par l’écart des revenus dans la population.

 

Don de sang

Les citoyens présents au débat ont pu questionner les candidats. Un citoyen les a interpellé sur l’interdiction pour les homosexuels de donner du sang. D’une seule voix, les candidats ont condamné cette situation.

Bill Morneau a qualifié cette décision de « discriminatoire » ajoutant que le Canada était en retard sur les autres pays du monde en cette matière. Il a soutenu qu’il serait à titre personnel un « champion » dans la lutte contre cette interdiction. Du même avis, Craig Scott a ajouté que le Canada devait aussi mettre fin à l’interdiction du don d’organes par les gais. Pour sa part, le candidat du Parti vert a qualifié de « tout simplement homophobe l’interdiction » imposée par les organismes qui gèrent le don de sang au Canada.

Les positions les plus tranchées des trois candidats ont été prises sur des enjeux de nature internationale. Ainsi sur la question des réfugiés, Bill Morneau a soutenu qu’il était primordial d’accueillir plus de réfugiés au Canada avant la fin de l’année, notamment des réfugiés issus de la communauté LGBT.

Craig Scott, seul député fédéral ontarien ouvertement gay, a ajouté que la protection des réfugiés homosexuels était d’une importance capitale. « Les réfugiés qui sont dans des camps de réfugiés peuvent être victimes de discrimination et craindre pour leur sécurité », a-t-il affirmé.

Le Canada doit-il agir de manière plus agressive face aux pays qui ne respectent pas les droits des gays?, a-t-on demandé aux candidats. Le candidat du Parti vert a soutenu que des sanctions devraient plus souvent être mises de l’avant par le gouvernement.

Bill Morneau a quant à lui affirmé qu’il croyait toujours en la diplomatie internationale pour ce type de problématique. « Avec combien de pays avons nous une meilleure relation depuis l’arrivée de Harper? Le Canada n’a plus de voix. Nos diplomates sont muselés », a-t-il cependant dit.